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Doit-on vivre comme un moine pour bien jouer ?

Par Christophe Gleizes
6 minutes
Doit-on vivre comme un moine pour bien jouer ?

Pas de sexe, pas d'alcool, pas de clopes : l'idée que les sportifs doivent vivre en ascètes lors d'une grande compétition est largement répandue. La récente victoire des Pays-Bas face à l'Espagne indique pourtant le contraire. Vrai contre-exemple ou exception qui confirme la règle ?

À bien des égards, le début de Mondial des Pays-Bas est exceptionnel. Mais plus encore que la gifle infligée à l’Espagne, c’est la capacité des hommes de Louis van Gaal à tenir en soirée qui impressionne l’observateur averti. Selon la presse carioca, un magnifique trio composé de Sneijder, Kuyt et De Jong aurait passé la nuit de lundi à mardi dernier à fêter le Mondial du côté de Rio de Janeiro, à trois jours du choc face aux champions du monde. Vers 11h du matin, les trois noceurs ont eu besoin de l’aide de la sécurité pour regagner leur hôtel « ni vu ni connu » . Situé sur la plage d’Ipanema, dans un des quartiers les plus animés de la ville, ce dernier rend depuis longtemps sceptiques les médias néerlandais, soucieux de son emplacement avisé. Face aux critiques, la Fédération a démenti ces allégations, en priant très fort pour qu’il n’y ait pas de conséquences face à l’Espagne. Heureusement, telle un bon whisky, la sélection oranje carbure à la rancœur macérée.

« Il y a la main droite »

Aux Pays-Bas, on ne s’inquiète plus de ce genre de nouvelles. Aimer des gens assez arrogants pour se cuiter avant d’affronter Casillas et consorts, c’est toute la classe du pays. C’est ce qui faisait le charme étincelant d’un George Best, qui n’a jamais caché son goût pour l’alcool : « J’avais une maison au bord de la mer. Mais pour aller à la plage, il fallait passer devant un bar. Je n’ai jamais vu la mer. » Sexe, vodka ou chicha, les tentations varient selon les joueurs et les personnalités, le leitmotiv jamais : évacuer la tension du résultat et le stress des médias. Plus que la clope ou la boisson, le plus gros débat concerne les femmes. Certaines fédérations sont plus ouvertes que d’autres sur la question ; parmi les plus coulantes, on retrouve les États-Unis de Jürgen Klinsmann, à l’opposé des Bleus de Knysna : « Nous sommes très décontractés. Les familles seront très présentes, elles seront aux matchs, elles peuvent venir à l’hôtel et nous pouvons faire des barbecues ensemble. » Une tactique aussi partagée par Cesare Prandelli, qui peut compter sur le sérieux des joueurs transalpins : « Lors de la Coupe des confédérations, nous avons constaté que la présence des proches permettait de désamorcer les tensions et d’éviter les tentations. »

D’autres entraîneurs pensent que pour bien jouer, il faut vivre comme un moine, reclus et retiré. Au Mondial, des équipes comme la Bosnie, le Mexique ou la Belgique interdisent tout rapport intime. « Il n’y aura pas de sexe au Brésil ! Qu’ils (les joueurs) se démerdent comme ils peuvent. Il y a la main droite » , a joliment sous-entendu le sélectionneur bosnien Safet Sušić. Miguel Herrera est lui aussi partisan de la mise au vert monacale : « Si un joueur ne peut pas supporter un mois ou 20 jours sans rapports sexuels, alors il n’est pas prêt à être un professionnel. Nous jouons la Coupe du monde, nous n’allons pas à une fête. » Engagé dans un ultime combat contre l’impossible, Luiz Felipe Scolari tente lui de tempérer l’inventivité des joueurs brésiliens : « Le sexe normal, ok. L’idée est de ne pas trop s’envoyer en l’air. En général, les relations se font de façon équilibrée. Mais parfois, en fonction de la manière, de la forme, certains se retrouvent à faire des acrobaties. Et ça, je ne veux pas ! » On a hâte de voir l’ambiance du village olympique dans deux ans.

« Des conséquences sur la récupération et la réputation »

Prise entre deux feux, la France alterne cas par cas. « Je ne suis pas médecin, je suis sélectionneur ! Certaines compagnes de joueurs viendront et pourront voir leur mari. Après, tout dépend quand, comment et combien. Tout dépend où tu places le curseur » , a sagement proféré Didier Deschamps. Comprenez : tirer son coup, ça relaxe, mais pas toute la nuit. Pas de quoi choquer l’irascible public tricolore, moins tendre quand il s’agit de soirées arrosées. Imaginez deux secondes le potentiel d’une scène où Patrice Évra, Franck Ribéry et Karim Benzema rentreraient bourrés vers potron-minet, en chantant la Marseillaise de leurs voix avinées. En 2012, la folle virée des Espoirs entre deux matchs contre la Norvège avait fait des dégâts considérables dans l’opinion. Pour un Griezmann et un Ben Yedder de sauvés, combien de Niang ou de M’Vila pendus ?

Le débat est vieux comme le monde : il y a les experts scientifiques d’un côté, les jouisseurs et les épicuriens comme Laurent Luyat de l’autre. D’un point de vue purement sportif, l’abstinence généralisée est encouragée par les professionnels. Selon la FIFA, « la consommation festive d’alcool a un effet sur le système nerveux central et atteint les capacités techniques. Il entraîne un changement de comportement qui peut avoir des effets négatifs sur la performance, plusieurs heures après l’imprégnation » . En somme, « le joueur devient trop distrait pour faire les bons choix et oublie les pratiques judicieuses de récupération, à savoir comment traiter correctement les blessures, bien dormir, s’alimenter et s’hydrater de manière optimale. Ce type de consommation a des conséquences sur son bien-être et sa réputation. » Une étude récente de l’université de Massey, en Nouvelle-Zélande, vient pourtant de démontrer qu’une nuit arrosée a peu de conséquences mesurables. Les 19 rugbymen qui se sont prêtés à l’expérience ont pu boire jusqu’à 11 pintes avant de réellement voir leur performance altérée le lendemain. Des résultats qui rappellent ceux obtenus avec la cigarette ou la chicha.

« Les 20 minutes les plus dures de ma vie »

Quant au sexe, rien n’a jamais été prouvé, mais la croyance est ancienne : elle remonte aux Grecs de l’Antiquité, pour qui la frustration donnait lieu à plus d’agressivité et de combativité. Transposée aujourd’hui, la logique veut que le taux de testostérone diminue après un rapport animé, entraînant de fait de moins bonnes performances physiques. Entraîneur physiologiste, Ricardo Guerra s’inscrit en faux contre ces idées : « Des chercheurs de l’université du Nevada ont conduit une étude hors laboratoire qui conclut que les taux de testostérone augmentent de façon significative à la suite d’une activité sexuelle. » Plutôt que de le bannir, il faudrait donc encourager les parties de jambes en l’air modérées, à la manière d’un Scolari ! « Le fait de confiner les joueurs constitue une pratique aussi moyenâgeuse que la croyance qui veut qu’une activité sexuelle la veille du match diminue les performances physiques. » Soulagés et déjà motivés pour la prochaine soirée, les Hollandais s’apprêtent à sceller leur élimination future à coups de mojitos, en méditant les paroles de maître Best : « En 1969, j’ai arrêté les femmes et l’alcool, ça a été les 20 minutes les plus dures de ma vie. » Alors ressers-moi, Wesley, à la folie.

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