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Does : « Le graff me soulageait de la routine du foot »
Il n'a ni le quota de buts de Van Persie, ni la célébrité de Banksy, mais le Hollandais Does n'en reste pas moins atypique. Avant de consacrer sa vie au graffiti, Joos van Barneveld (à l'état civil) était en effet joueur de foot professionel, côtoyant en sélection espoir la jeunesse dorée des Pays-Bas : Van der Vaart, Robben ou Huntelaar. Et comme dans toute interview digne de ce nom sur TF1, aujourd'hui, il témoigne.
Peu de gens te connaissent, peux-tu te présenter brièvement ?Je m’appelle Does, né en 1982 et élevé aux Pays-Bas dans une famille de trois enfants dont je suis le plus jeune. J’ai longtemps été joueur de foot professionel dans mon pays avant d’arrêter ma carrière pour me consacrer au graffiti.
Pourquoi te cacher sous le pseudo « Does » ?Parce que c’est la conjugaison du verbe « faire » et que je trouve que c’est un terme assez fort qui incite à l’action.
Quel genre de joueur étais-tu ?J’étais numéro 10, donc j’étais chargé de l’animation offensive.
Tu te souviens de ton premier match en tant que professionel ?Oui, je m’en souviens très bien. Comment l’oublier ? J’ai fait mes débuts professionnels au Fortuna Sittard, sous les ordres de Bert van Marwijk. Nous jouions contre le FC Utrecht. À cette époque, Fortuna Sittard avait une très bonne équipe de jeunes, il y avait notamment Kevin Hofland et Mark van Bommel, juste avant qu’il ne signe au PSV.
Van Bommel était-il déjà aussi énergique dans ses interventions ?Je ne saurais plus dire s’il faisait déjà preuve de la même énergie, mais il était déjà le meilleur joueur de l’équipe. Incontestablement.
Tu faisais déjà des graffs à cette époque ?J’ai commencé à faire des graffs à l’âge de 15 ans, juste avant de signer mon premier contrat. Signer un tel contrat à cet âge pour entrer dans le monde du football professionnel, c’était vraiment quelque chose de gros. Je pense que ça m’a fait grandir trop vite. En y réfléchissant aujourd’hui, ce n’est certainement pas un hasard si j’ai commencé le graffiti durant cette période. Je devais certainement avoir besoin de penser à autre chose, de me soulager de la routine et de la discipline inhérente au foot.
La Hollande éprouve souvent de grosses difficultés à gagner les compétitions majeures. Comment l’expliques-tu ?Je ne sais pas trop. Je pense que les joueurs hollandais sont vraiment talentueux, voire créatifs. Ce sont véritablement nos points forts. Je pense malgré tout que nous ne sommes pas assez habiles pour gagner ce genre de compétitions. Petits, on ne nous apprend pas à jouer de manière rusée, on nous apprend simplement à pratiquer du beau football.
Tu es resté longtemps en sélection espoir, non ?En effet, j’ai joué 40 matchs officiels avec l’équipe des Pays-Bas espoirs. J’ai été sélectionné dès l’âge de 14 ans, et ce, jusqu’à 19 ans. Par la suite, j’ai été sélectionné pour passer dans la tranche d’âge suivante, mais je ne pouvais plus jouer. J’avais une déchirure des ligaments croisés. À l’époque, je jouais avec des joueurs qui sont aujourd’hui titulaires en équipe nationale , comme Van der Vaart, Van Persie, Robben, Huntelaar ou Heitinga.
Un match t’a particulièrement marqué ?Oui, celui que nous avons joué à Wembley contre les espoirs anglais. Nous les avons battus ce jour-là. C’était magique.
Comment vis-tu aujourd’hui ton statut d’artiste par rapport à celui de footballeur ?Pour tout dire, je préfère nettement ma vie à l’heure actuelle. Lorsque j’étais footballeur, j’étais en permanence contraint à des horaires stricts. Aujourd’hui, je peux aller où je veux et quand je veux. J’ai d’ailleurs la chance de découvrir de nombreuses parties du monde d’une manière tout à fait unique. D’autant que j’apprécie vraiment l’anonymat de ce mode de vie.
Peux-tu revenir un instant sur l’arrêt de ta carrière ? Comment on se sent à ce moment-là ?J’ai consacré une grande partie de ma vie au football, cette décision a donc été extrêmement pénible et difficile à prendre. Paradoxalement, ça m’a tout de même soulagé, car ça faisait un moment que j’enchaînais les interventions chirurgicales et ça m’empêchait de jouer à mon niveau. C’était frustrant. D’ailleurs, au moment de prendre ma décision, je venais de subir cinq interventions sur mon genou droit. C’en était trop. J’ai donc décidé d’arrêter ma carrière et de me consacrer à une activité qui me passionnait secrètement depuis des années.
Étant donné que tu as joué avec des joueurs comme Van Persie, Robben ou Huntelaar, tu n’as aucun regret aujourd’hui en voyant leur niveau actuel ?Non, je n’ai aucun regret. La vie est comme ça, il faut l’accepter. Parfois vous gagnez, parfois vous perdez. Je suis satisfait de la carrière de footballeur que j’ai eue.
Tu dois obligatoirement avoir quelques anecdotes sur le monde du football ou sur les joueurs…Sur les joueurs ? Bizarrement, je n’en ai pas. Tout ce que je peux dire, c’est que le football peut être très glamour quand le succès est au rendez-vous. Mais lorsque vous faites l’objet de critiques dans la presse ou quand l’équipe ne fournit pas les résultats escomptés, la notoriété disparaît très rapidement.
Je suppose que tu fais attention à l’actualité de tes anciens partenaires. Quel joueur t’impressionne le plus aujourd’hui ? Van Persie ou Robben ?Van Persie a tout simplement été exceptionnel cette année.
Et si tu devais choisir entre Messi et Banksy aujourd’hui. Qui choisirais-tu ?Ah, c’est impossible de choisir, ou même de comparer. Les deux mondes sont véritablement à l’opposé.
Propos recueillis par Maxime Delcourt
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