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Docteur Dani et Mister Alves
Avec son lot d’excentricités, Dani Alves est la caution brésilienne du Barça. Avant de retrouver ses amis madrilènes, le latéral supersonique a alterné le chaud et le froid ces derniers douze mois. Un paradoxe tout à son image.
« Je suis déçu parce que le club ne s’est pas manifesté après les rumeurs qui m’ont annoncé sur le départ. J’aurais pu partir et je regrette que le club ne m’ait pas défendu à ce moment-là. Je ne me suis jamais senti partant du Barça, mais je ne me suis jamais senti vraiment faisant partie du club. On m’a mis sur le marché et je sens que l’on n’a plus confiance en moi, mais je travaillerai pour la regagner. » Visiblement, Dani Alves était ronchon après que son nom a circulé du côté du PSG ou encore de l’Anzhi Makhachkala. Dans ce coup de gueule du 23 juillet, il se la joue même Calimero. Mais Dani a la mémoire courte : en mars 2011, il se voit offrir un nouveau bail jusqu’en 2015 avec une belle revalorisation salariale. Bref, un joli paradoxe qui n’est pas sans rappeler le joueur qu’il est. Bah oui, le natif de Juazeiro est ainsi. Il ne laisse personne indifférent. Et c’est bien pour cela qu’on le chérit. Ou qu’on le déteste.
La fausse fracture du 27 avril 2011
Débarqué dans la capitale catalane il y a de ça quatre étés, Daniel Alves da Silva doit illico prouver les quelque 38 millions d’euros versés au FC Séville. En quelques centres et un petit florilège de lucarnes nettoyées, il s’impose rapidement sur un côté droit laissé vacant par Gianluca Zambrotta. Surtout, son entente avec Lionel Messi s’avère du tonnerre. Dès sa première saison, il étoffe un peu plus un CV déjà bien rempli. Une Ligue des champions, une Liga et une Copa del Rey plus tard, il se permet le luxe de squatter l’équipe-type de la FIFA et d’être désigné meilleur défenseur de pays de Cervantès. Des débuts réussis avec des louanges qui commencent à pleuvoir et des trophées qui vont continuer à tomber. Sa tête, elle, va voir grandir autre chose que ses grandes oreilles. Car truster les trophées ne suffit plus. Dani se la joue désormais rock-star. Ou plutôt acteur.
Cette image de pleureuse de bac à sable, le latéral auriverde l’a entretenue toute sa carrière durant. Mais force est de constater que son envol a été pris lors de la série infernale des clasicos de 2011. Le 27 avril, les deux ennemis ibériques se disputent une finale pour la coupe aux grandes oreilles. Avec la tension qui va de pair. En bon animateur de soirée, Pepe pète une pile et une jambe. Celle de Daniel, justement. Enfin c’est, à vitesse réelle, ce que l’on croit. Au vu de multiples ralentis, il s’avère que le rugueux Portugais n’effleure pas même les os du Blaugrana. L’homme en noir sort le rouge. « L’expulsion était juste, l’arbitre a eu raison. Heureusement que je portais des protège-tibias » , justifie-t-il. Alors, certes, difficile de blâmer une telle sanction pour ce vilain geste, il n’en reste pas moins que les roulés-boulés du Brésilien paraissaient bien ridicules.
Tito compte sur lui
Pour l’ultime temporada de sa seigneurie Pep, Dani Alves fait une nouvelle fois figure d’incontournable. Dans l’expérimental 3-4-3 catalan, sa place devient primordiale. Ses dix poumons carburent à plein régime pour assurer un apport offensif de tous les instants – son dada – tout en garantissant un semblant de repli défensif – son péché mignon. Physiquement, le garçon tient la corde les trois-quarts de la saison durant. Mais lors de la semaine de dingo des Catalans en avril – Chelsea, Real et re-Chelsea – le Brésilien n’a plus le coffre. C’est donc son estime qui en prend un coup lorsque Guardiola décide de ne pas l’aligner lors du retour face aux Blues. Le meilleur arrière-ailier droit du monde n’est plus. Ou n’est plus vraiment ce qu’il était. La semaine suivant la fin du règne blaugrana sur le Vieux Continent et le royaume de Carlos, sa vingtaine de tatouages danse la samba après le set catalan face au Rayo. « Une telle célébration n’est pas digne des joueurs du FC Barcelone. Je le leur ai dit dans le vestiaire, il y a des choses que l’on ne fait pas » , dézingue le divin chauve.
L’idylle finit donc en queue de boudin entre les deux hommes. D’où les quelques rumeurs de départ du BF de Lionel. Tito Vilanova, en nouveau maître des lieux, balaie ces bruits de couloir de quelques mots : « Il n’y a jamais eu, que ce soit de mon côté ou de la part du club, une volonté de vendre Dani Alves. Il est le meilleur latéral droit au monde. Si j’avais su que Alves se sentait mal, j’aurais pris le téléphone et je l’aurais appelé. » Le meilleur remède contre ces maux arrive dès la pretemporada. Apôtre du 4-3-3 made in la Masia, Tito s’offre, avec l’arrivé de Speedy Jordi Alba, deux ailiers supersoniques. Pour son baptême du feu, Dani Alves lui offre un récital face à Hambourg. Tous les matchs amicaux durant, le Brésilien se voit allouer le plus gros temps de jeu. Avec ses 303 minutes sur le pré, il paraît plus qu’affûté et promet « de rendre sur le terrain » la confiance placée en lui. Avant de s’en aller affronter son meilleur ennemi madrilène, le numéro 2 azulgrana assure que « c’est un beau défi, une grande motivation, voilà tout » .
Robin Delorme