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DNCG : ton univers impitoyable
Un mois après la fin des championnats français, la Direction nationale du contrôle de gestion distribue les sanctions et prolonge le suspense des clubs français, déjà prêts à se remettre en route.
Comme à chaque fin de saison, l’organisme chargé de la surveillance des comptes des clubs et associations professionnelles de football français fait son grand nettoyage à coups de rétrogradations et d’amendes. Et c’est la Direction nationale du contrôle de gestion qui s’en charge, son but étant d’« assurer l’équité des compétitions, en vérifiant notamment que les investissements sportifs de chaque club n’excèdent pas ses ressources financières ». Depuis son lancement en 1984, ce sont les murs qui tremblent et l’attente des verdicts prononcés qui se poursuivent à chaque intersaison. De quoi piquer d’une bonne dose de suspense les rangs des clubs français – quels que soient leur taille ou leur prestige – qui ont créé surprises et rebondissements tout au long de cette saison sans fin. Un final après le final qui raconte aussi les difficultés du foot hexagonal.
La chute des clubs historiques
Au beau milieu des décisions favorables qui permettent à certains de chanter et de profiter de quelques jours paisibles de vacances, des constats plus cruels tombent et arrachent la gorge à des clubs qui ont marqué l’histoire des championnats tricolores. D’abord, l’AS Nancy lorraine, qui paie ses déboires financiers et sportifs accumulés depuis l’arrivée des nouveaux investisseurs sino-américains en tombant en National 3 sous la lame tranchante de l’organisme. Des galères qui ont débuté en 2021, alors que la saison annonçait un vent frais avec la prise de fonction des actionnaires : le club au chardon a enchaîné trois entraîneurs – Daniel Stendel, Benoît Pedretti et Albert Cartier – et a subi sa première descente en National 1, puis en National 2 la saison dernière. Ces pauvres résultats reflètent la gestion catastrophique de la maison nancéienne qui peine à retrouver son identité, perdue par les investisseurs étrangers. D’ailleurs, les deux Américains Paul Conway et Randy Frankel ont sauté sur l’occasion pour quitter le navire et laisser gérer Chien Lee et Krishen Sud. Ce dernier reflète le chaos qui plane sur les troupes lorraines. Le jour de l’audition du club – déplacée pour honorer sa venue –, le financier a décidé de ne pas se pointer. Il avait pourtant promis d’injecter de l’argent et de tout donner pour rester en National dans les colonnes de L’Est républicain : « Si c’est le cas, nous serons en position d’être repêchés, à la suite de notre 13e place, à condition de passer avec succès la DNCG. Et c’est ce que nous allons faire, en mettant l’argent nécessaire pour présenter un budget de National qui tient la route pour l’ASNL. »
L’ASNL était auditionnée ce jour par la DNCG
L’AS Nancy-Lorraine était auditionnée aujourd'hui par la DNCG pour présenter son budget prévisionnel pour la saison 2023/2024, qui a été discuté et accepté en l’état. Toutefois, après examen du dossier et constatation de certains… pic.twitter.com/64JKeUmR1R
— AS Nancy-Lorraine (@asnlofficiel) June 27, 2023
À près de 200 kilomètres de là et une petite division d’écart, c’est le FC Sochaux-Montbéliard qui s’est fait taper sur les doigts par le gendarme financier. Bloqués en Ligue 2 depuis 2014, les Doubistes ont tout donné ces dernières années pour retrouver l’élite grâce à l’argent insufflé par le nouvel investisseur chinois arrivé en 2019, Nenking. À commencer par une forte augmentation des salaires qui a permis aux Lionceaux de participer deux années de suite à la course pour la montée, en vain – un barrage perdu face à Auxerre et une chute de la 4e à la 9e place en fin de saison. Ensuite, un investissement de 10 millions d’euros la saison passée permettant de combler le déficit déjà ressenti et de passer entre les mailles du filet de la DNCG. Une feinte qui n’a pas été mise à l’œuvre cette année, puisque le club a admis un retard dans le paiement, lui coûtant une relégation en National 1. En sauveur, le propriétaire Nenking doit reboucher un trou de 22 millions d’euros pour valider le budget de la saison prochaine, permettant potentiellement aux Lionceaux de sauver leur peau en Ligue 2.
Le plaisir d’attendre
Une saison à rallonge, des compétitions interminables, une Coupe du monde en décembre et des fins de championnats surréalistes avec des places européennes toujours vides à une journée de la fin et des descentes pas encore actées. C’était un peu un film à la 24 heures chrono, et la DNCG, oui toujours elle, ne souhaite pas lancer le générique de fin. L’Olympique lyonnais et le RC Strasbourg sont les principaux protagonistes de ce petit spoiler qui survient après le générique des Marvel, seule différence : tous les spectateurs sont encore là, voire las. Les contrôleurs de l’économie des clubs ont averti l’OL de Textor qu’ils n’étaient pas, pour l’heure, satisfaits par la durabilité du système économique de son entreprise. Une enquête reste donc sur la table, comme l’a précisé le gendarme financier : « Sursis à statuer, dans l’attente d’éléments complémentaires. » Et c’est cette même remarque qui est signalée sur le dossier de Strasbourg qui vient tout juste d’être racheté par le propriétaire de Chelsea, Todd Boehly, directeur de la société BlueCo. Les Alsaciens devront donc prouver à la DNCG dans les prochains jours la crédibilité de leurs finances et notamment des nouveaux projets du propriétaire américain qui a assuré sa volonté d’apporter « des capitaux qui permettront d’investir dans les équipes premières masculine et féminine, dans l’Académie et dans l’ensemble du club. Elle prévoit également de donner au Racing l’accès à de larges ressources et à des possibilités de collaboration », d’après un communiqué du club.
Il n’y a plus qu’à (encore) attendre que le verdict final et que tous les appels aboutissent pour suivre les directives et les calendriers de la saison prochaine dévoilés par les deux premières ligues françaises ce jeudi. Pour le moment, les Gones et Strasbourgeois devraient évoluer en Ligue 1. Quant à Sochaux, le club a pointé le bout de son nez dans le calendrier de Ligue 2, laissant Annecy encore un peu plus dans l’expectative. Qui sait : cette histoire sera peut-être réglée à la trêve internationale de septembre…
Par Arthur Charlier