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Djibril Sidibé, le cheval de Troyes
Satisfaction lilloise de la première partie de saison, Djibril Sidibé fait ses matchs, qu'on le place à droite ou à gauche de la défense du LOSC. Une réussite traduite par plusieurs buts et un vrai statut de titulaire dans le Nord. Une montée en puissance qui ne surprend personne à Troyes, sa ville de naissance et le club où il a tout appris.
« Sur un match de championnat en U19 Nationaux à Sochaux, on perdait 2-0 à la pause et on était en difficulté au classement. Dans le vestiaire, Claude Robin lui est rentré dedans, l’a mis face à ses responsabilités. Il n’était pas mauvais, mais un peu dilettante. En seconde période, il a réagi et emmené toute l’équipe. On a gagné 3-2, une victoire qui nous a permis de nous en sortir. À la fin de ce match, avec Claude Robin, on s’est regardés et il m’a dit : « Djibril a clairement le potentiel pour le haut niveau, il sait se transcender dans les moments difficiles. » Il avait prouvé qu’il savait se remettre en question et retourner une situation. »
Pour Farès Bouzid, directeur intérimaire du centre de formation de Troyes, la réussite actuelle de Djibril Sidibé à Lille est tout sauf une surprise. Comme son supérieur qui dirige l’équipe première troyenne jusqu’à juin, il a rapidement décelé chez le latéral des qualités mentales propices à une carrière professionnelle. « Dès la pré-formation, il bossait beaucoup, répétait ses gammes. Il avait un bagage technique simple, mais complet et une culture de l’entraînement. » Un état d’esprit qui, selon le formateur, explique l’aisance du joueur à évoluer à gauche de la défense du LOSC alors qu’il est droitier. Car les changements de poste, il en faut plus pour perturber celui qui a grandi dans le quartier Jules Guesde et intégré l’école de foot troyenne à 8 ans.
« Les autres l’écoutaient les rares fois où il prenait la parole »
Chez les jeunes, il a ainsi connu la défense centrale, le rôle de milieu défensif ou encore un positionnement plus axial. « C’est Jean-Marc Furlan qui a vu en lui un latéral, la trouvaille est tout à son honneur » , concède Claude Robin, pour qui Sidibé exprime peut-être mieux son potentiel au plus haut niveau dans ce rôle. « De la défense centrale, il savait faire la différence en interceptant, mais aussi en relançant » , affirme le directeur du centre de formation troyen. « Avec des passes simples, rapides et appuyées qui éliminaient des adversaires » , se souvient Emmanuel Beauchet, qui a encadré le Lillois en U17. Il se souvient d’un gamin « facile à entraîner, car déterminé et doté d’un potentiel athlétique au-dessus de la moyenne ainsi que d’un charisme vis-à-vis de ses partenaires en raison de son engagement sur le terrain. » Même si le garçon est discret en dehors des rectangles verts : « On ne l’entendait pas fanfaronner, mais on sentait que les autres l’écoutaient les rares fois où il prenait la parole » , se souvient Bouzid.
École, valorisation et épaules
Quasiment tous les éducateurs encore présents à Troyes ont eu Djibril Sidibé entre leurs mains, lui le pur Troyen qui a fait ses gammes depuis ses 8 ans dans l’école de foot locale. Si bien qu’à leurs yeux, le Dogue « est un vrai porte-drapeau de notre formation, on est fiers de lui » , assure Robin. Ce rôle de vitrine, celui que le Mali convoite pour l’aligner en équipe nationale pourrait le valoriser en montant encore plus haut, ce qui, à 23 ans, n’a rien d’une utopie. Farès Bouzid : « Il a déjà connu la Ligue des champions, ce qui est le plus haut niveau. Pour franchir un palier, il faut qu’il y regoûte et la dispute régulièrement. » Et peut-être qu’alors, l’équipe de France se penchera elle aussi sur son cas, alors que le poste de latéral droit – même s’il dépanne actuellement Lille à gauche – se cherchera bientôt un nouveau taulier. S’il continue de monter en puissance, il aura les épaules pour postuler.
Par Nicolas Jucha