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- France-États-Unis (1-1)
Djibril Sidibé, la peur du bide
Auteur d'une grosse maladresse défensive avant que son concurrent, Benjamin Pavard, n'offre une passe décisive, Djibril Sidibé a passé une bien mauvaise soirée face aux États-Unis. De quoi le faire sauter du onze ?
La voilà, la dernière impression. Celle sur laquelle se forgent les opinons aussi définitives que sans lendemain. Un match de préparation médiocre contre une équipe médiocre et voilà les doigts pointés à l’unisson vers les indésirables d’une histoire qui n’en est qu’à son brouillon. Elle approche, elle là sans être là, elle nous fait tourner en rond, elle nous rend un peu fou, comme l’attente avant un premier rendez-vous, cette Coupe du monde. Il n’est pas toujours évident de la canaliser, cette intensité étouffée qui précède l’action. Alors on s’habille de doutes, on hésite à changer de tenue, on voit des signes partout.
C’est vrai, Djibril Sidibé s’est troué comme une vieille chaussette ce samedi soir sur l’ouverture du score américaine. Ce n’est pas la première fois, ni la dernière, mais beaucoup feindront d’avoir eu une révélation ou, mieux, une confirmation de ce qu’ils avaient vu avant les autres. Le contraste avec son rafraîchissant remplaçant Benjamin Pavard était une telle aubaine pour crier au changement, il eût été dommage de s’en priver.
Le temps des bêtises
Vous en trouverez bien un ou deux, des malins qui regardent Stuttgart tous les week-ends, et peut-être un peu plus qui ne se contentent pas de regarder Monaco juste le dimanche soir. Ils vous en diraient sûrement des choses. Mais a-t-on envie de les entendre ? Apparemment, Sidibé, titulaire lors de l’intégralité des qualifications, aurait usurpé sa légitimité en Bleu. Et sa saison en club aurait dû nous ouvrir les yeux. C’est le voisin qui le dit, les journalistes opportunistes aussi. Le vent appartient à tout le monde, après tout. Le même Sidibé qui bénéficiait d’une cote d’enfer la saison d’avant.
Grain de sable dans la machine à idées reçues : le latéral droit parfois un peu gauche de l’ASM a pourtant été meilleur cette saison que la précédente. Ça ne l’empêche pas d’avoir sa petite collection de défauts. Oui, il n’a pas l’instinct du vrai défenseur. Combien de fois l’a-t-on vu démarrer trop tard sur un second ballon à cause d’un attentisme particulièrement agaçant ? Ou commettre des fautes bêtes dans la surface ? Trop pour qu’il soit considéré comme un latéral du gratin mondial. Mais on l’a aussi assez vu mettre le bazar dans son couloir pour ne pas lui accorder le crédit qu’il mérite. Faut-il encore qu’il ait un appui pour combiner, qu’il puisse arriver lancé, que le collectif soit accordé.
L’heure, c’est l’heure
Certes, la difficile remise en route de l’ancien Troyen – un moment incertain pour la Coupe du monde en raison d’une blessure au ménisque qu’il n’a pas souhaité opérer – couplée à la sérénité dégagée par la surprise Pavard font vaguement vaciller une hiérarchie qui semblait claire. Paraîtrait même que le joueur de Stuttgart offre désormais plus de garanties. Vraiment ? Un défenseur central qui n’a réellement enchaîné à droite qu’en deuxième division allemande, dont les seules références au niveau international tiennent en moins de trois cents minutes amicales, offrirait des garanties ? Non, il suscite beaucoup d’espoir, un brin d’excitation, la satisfaction d’avoir une doublure prometteuse et peut-être mieux bientôt. C’est déjà énorme.
Mais on a maintes fois pu constater par le passé que les matchs de préparation à une grande compétition n’en révélaient rien. On essaie d’y lire l’avenir, puis on les balaye de nos mémoires. Parfois, les onze se construisent et se défont pendant les tournois. C’est la chance de ceux qui savent saisir l’instant. Pavard a une semaine d’avance, Sidibé encore une longueur. À qui le sens du timing ?
Par Chris Diamantaire