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- Disparition de Djamel Menad
C’était Djamel Menad, légende du football algérien
Djamel Menad, légende du football algérien, s’est éteint à l’âge de 64 ans, des suites d’une maladie foudroyante. Hommage à un buteur complet.

Il était l’une des figures du football algérien moderne. Celui qui a placé le dribble et le beau geste au centre du jeu. Aux côtés de Rabah Madjer, Lakhdar Belloumi, Ali Fergani, Salah Assad ou Moustapha Dahleb, Djamel Menad faisait en effet office de précurseur durant la période 1980-1990. Une parenthèse enchantée pour l’Algérie, voyant alors le pays se qualifier pour ses deux premières Coupes du monde, puis enchaîner avec une victoire en Coupe d’Afrique des nations. Menad, lui, était du voyage au Mexique en 1986. Cette année-là, si les Verts font moins bien qu’en 1982 (victoire face à l’Allemagne lors du premier tour avant d’être finalement éliminés au terme du « match de la honte »), ils tombent avec les honneurs, en tenant notamment tête au Brésil (défaite 1-0).
1986 est en réalité une confirmation pour Djamel Menad. Élu sportif algérien l’an précédent, son Mondial réussi lui permet de signer au Nîmes Olympique l’année suivante. Un véritable luxe pour les joueurs évoluant sur l’autre rive de la Méditerranée, alors cantonnés au rang de « trésor nationaux » façon Pelé, par des dirigeants encore peu enclins à l’ouverture vers l’extérieur – les footballeurs ne pouvaient pas quitter l’Algérie avant l’âge de 27 ans. En rejoignant la D2 française, Menad découvre donc le professionnalisme et, en contrepartie, apporte le grain de folie qui manquait encore au ballon hexagonal. Surtout, le bonhomme débarque en ayant conquis l’Afrique avec la JS Kabylie (quatre fois champion d’Algérie, vainqueur de la Coupe d’Algérie, de la Ligue des champions africaine et de la Supercoupe d’Afrique). De quoi poser un petit CV et conforter le sélectionneur, Abdelhamid Kermali, dans ses choix, au moment de composer son onze type en vue de la CAN 90 à domicile.
La CAN 1990 : une consécration
Menad est le choix numéro un en attaque, et il ne déçoit pas. « Rater l’opportunité de jouer la Coupe du monde 1990 en Italie, au terme de la double confrontation face à l’Égypte (nul lors du barrage aller, 0-0 puis défaite au retour, 0-1) nous a stimulés et encouragés pour remporter la CAN 1990 chez nous, narrait l’intéressé. Nous avons parlé entre nous, les joueurs, de la nécessité de se racheter devant nos supporters. Tout le monde connaît la suite. » La suite pour cette bande de revanchards, c’est effectivement un tournoi maîtrisé, au terme duquel Menad termine meilleur buteur avec quatre pions en cinq matchs. Capable de la jouer renard au point de penalty ou meneur de jeu, il peut se targuer d’avoir été le premier avant-centre d’un football africain encore balbutiant tactiquement. Sa science du placement l’amènera d’ailleurs à taper quelques piges dans l’élite européenne à l’issue de cette CAN victorieuse et sur les conseils de son pote Madjer, gloire du FC Porto. C’est ainsi au Portugal, à Famalicão (1990-1992) et Belenenses (1992-1993), qu’il plantera ses ultimes pointus au plus haut niveau, avant de boucler la boucle à la JSK.
ALGERIA 🇩🇿2 vs 1 🇸🇳SENEGAL
🏆AFCON 1990 📍Semi Final 📆12 March 1990
Goals 🇩🇿 Djamel Menad 4' , 62 🇸🇳 Abdelhakim Serrar 20' og pic.twitter.com/ljnv3eDxHZ
— AfricaFootballClassics (@AfricaClassic) July 17, 2019
Moins forte, sa vie d’entraîneur aura surtout été symbolisée par un combat loin des terrains. Celui de pointer du doigt le dopage institutionnalisé par Evgeni Rogov, sélectionneur soviétique de l’Algérie au milieu des années 1980, à l’origine de nombreux problèmes de santé pour les joueurs passés sous ses ordres. Plusieurs enfants de ces mêmes joueurs – dont la fille de Menad – sont ainsi nés avec de lourds handicaps. À 64 ans, Djamel Menad n’aura donc pas eu le temps de voir sa lutte aboutir, mais il aura, au moins, su laisser une trace indélébile dans la mémoire des supporters algériens. Même ceux qui ne l’ont jamais vu jouer. C’est finalement cela, la marque des plus grands.

Par Adel Bentaha
Propos de Djamel Menad tirés d’Algérie Presse Service.