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Dja Djédjé, mobylette de caractère
Ce dimanche, l'OM clôturera le bal de la 17e journée avec une rencontre plus qu'abordable face au FC Metz. Et pourra compter sur l'un des hommes devenus cadres de Marcelo Bielsa, Brice Dja Djédjé, latéral en pleine progression dans le jeu, et jeune homme au caractère d'acier.
Au rayon des expressions surgelées, on dit souvent que pierre qui roule n’amasse pas mousse. C’est mal connaître Brice Dja Djédjé, 1m70 de haut, 70kg de muscles, dont la carcasse circulaire a décidé depuis maintenant deux saisons de se faire plus imposante dans le couloir du Vélodrome. Lors de son arrivée en 2013, le latéral de l’OM n’était pas le nom le plus ronflant de l’effectif olympien. L’échange entre Kassim Abdallah et le triple D ne pouvait d’ailleurs pas rassurer les plus sceptiques sur sa valeur. Pourtant, déloger l’Ivoirien du 11 marseillais relèverait aujourd’hui de l’hérésie. À droite, en haut et en bas comme le disait presque Yannick, Brice s’est arrogé le statut de titulaire indéboulonnable auprès de l’exigeant Bielsa, au point de ne manquer qu’une seule rencontre cette saison, face à Lens (2-1). Un aboutissement pour ce besogneux qui, sous ses airs de gendre respectueux, ne manque pas de caractère.
L’ascension du Parisien
Rien ne prédestinait Brice Dja Djédjé à évoluer un jour à Marseille. Formé pendant près de 8 saisons au PSG, le cousin de Franck y côtoie Mamadou Sakho, sans connaître la même joie d’une intégration à l’équipe première. L’exil se fera alors plus lointain. En 2010, du côté de la Haute-Savoie, à Évian Thonon Gaillard, plus précisément, Dja Djédjé découvre le monde professionnel dans une équipe qui, armée de son latéral, va immédiatement connaître une montée en Ligue 1. Si dans l’élite, le combat pour le maintien est de tous les instants, Dja Djédjé n’en demeure pas moins un pilier de Pascal Dupraz, qui pardonne les quelques errements défensifs du jeune loup sur l’autel de son apport permanent. En 2012, dans L’Équipe, Christian Poulsen pointait aussi la marge de progression de son coéquipier : « En août-septembre, nous laissions trop l’initiative à nos adversaires, mais nous avons atteint un niveau correct. Un joueur comme Brice symbolise cette progression : en début de saison, il balançait pas mal, aujourd’hui c’est un autre joueur, techniquement en confiance. » Un an et demi plus tard, c’est pourtant tout en humilité que l’Ivoirien débarque sur la Canebière. Au milieu d’une défense en chantier, Dja Djédjé joue la carte du respect des aînés : « Les dirigeants ne m’ont fait aucune promesse, donc je sais à quoi m’attendre. En venant ici, je sais qu’il faut que je travaille pour gagner ma place, donc je suis prêt, et je ferai le maximum. Le tout, c’est de ne pas avoir de regrets. J’ai des mecs comme Rod Fanni avec qui je sais que je peux progresser, donc si je suis en difficulté, j’irai chercher des conseils auprès de lui. » Mais Fanni n’aura pas résisté à l’érosion du temps, en se voyant pousser sur le banc par le débarqué. Une fois passée l’humilité des débuts, Brice s’installe et a pris cette saison une nouvelle ampleur dans l’arrière-garde remaniée par le coach argentin. Au point de témoigner de certains excès de confiance.
Dja Djédjé du caractère
Moudou Sougou, dribbleur contrarié qui a côtoyé Brice dans les deux clubs, assurait il y a quelques jours dans Le Parisien : « Cet excès d’envie est aussi une façon de se concentrer, de se mettre dans le match. Offensivement, il a des qualités techniques au-dessus de la moyenne et, défensivement, c’est une teigne. En dehors, c’est quelqu’un de discret, il mène une petite vie tranquille, casanière. Dans le vestiaire d’Évian, il était un partenaire exemplaire, en Haute-Savoie, il est même regretté. » Pourtant, dans les couloirs marseillais, Brice semble se départir de cette petite voix tremblante qui anime ses interventions au mic’. Dja Djédjé, au-delà de ses performances de choix, s’est fait un nom en étant impliqué dans deux accrochages avec des membres de l’effectif. Et pas des moindres. Fin octobre, pendant la rencontre face à Rennes, il n’hésite pas à tancer le grand frère Gignac qui, selon lui, aurait pris le parti de Paul-Georges Ntep lors l’altercation ayant conduit à l’expulsion des deux hommes. Le lendemain, en refusant de serrer la main à APG, Brice aurait même encaissé une droite de l’attaquant avant que Mandanda ne mette fin à ce duel d’égo. Un épiphonème, du moins pouvait-on le croire, jusqu’à ce que Nicolas Nkoulou ne s’en prenne également au jeune homme de 23 ans lors de la victoire face à Nantes (2-0) le 28 novembre dernier, lui reprochant son laxisme sur une offensive des Canaris : « On est des potes, ce sont des choses qui arrivent, même s’il n’a pas voulu me « checker » ! Mais bon, j’ai l’habitude, donc ça va. » Une suffisance parfois coupable du côté de l’OM, qui n’en tient toutefois pas rigueur à son latéral hyper tonique. Qui expliquait en outre dans les colonnes du Dauphiné Libéré : « Dans le championnat de France, j’ai déjà mis un coup franc de 25 mètres, je pense que c’est très rare pour un défenseur latéral ! Vous en connaissez beaucoup des latéraux qui ont marqué de cette façon en L1 ? Moi, non. » Brice Dja Djédjé, une boule qui ne se souvient donc plus avoir joué avec Daniel Wass, période pré-numéro 10.
Par Raphael Gaftarnik