- En partenariat avec Netflix
Dix joueurs qui auraient préféré vivre dans un monde parallèle
Certains joueurs de foot auraient parfois souhaité être partout sauf sur un terrain de foot. Petit florilège de ces héros foudroyés par le ridicule, qui auraient sans doute préféré disparaître dans l’Upside Down, la dimension alternative, sombre et obscure, de la série de Netflix, Stranger Things.
#10 - René Higuita
René Higuita face à Roger Milla en 1990
Si le fantasque gardien colombien René Higuita est resté célèbre pour son fameux « coup du scorpion » réalisé lors d’un match amical contre l’Angleterre en 1995, il s’était déjà distingué quelques années plus tôt, et de façon moins glorieuse, lors d’une rencontre entre la Colombie et le Cameroun. Le contexte n’a alors rien d’amical : on joue la prolongation d’un huitième de finale de Coupe du monde. Autrement dit, c’est du sérieux. Le score est alors de 1-0 : Roger Milla vient tout juste d’ouvrir le score au terme d’une superbe action individuelle. Il reste donc une grosse dizaine de minutes à la Colombie pour revenir à la marque. Les Camerounais sont retranchés en défense et se dégagent comme ils peuvent. Comme à son habitude, Higuita est incapable de rester sur sa ligne de but et participe à l’effort collectif : le voilà à 30 mètres de ses cages, en position de libéro, qui fait circuler le ballon. À la suite d’un contrôle un peu hasardeux, il tente même d’éliminer Roger Milla d’un petit râteau. Mauvaise idée : la légende du foot camerounais ne se laisse pas prendre par le dribble, et s’enfuit avec le ballon avant de marquer dans le but vide. Allez hop, 2-0, jeu, set et match, les Colombiens ne pourront que réduire la marque. On n’oublie pas de dire merci à René, qui s’en est allé se cacher dans l’Upside Down.
#9 - Marc Bartra
Marc Bartra laissé sur place par Gareth Bale
« Lâche la caravane. » Cette maxime bien connue des footballeurs du dimanche, Marc Bartra semble ne l’avoir pas tout à fait assimilée… C’est dommage, parce qu’on jouait pourtant les cinq dernières minutes d’une finale de Coupe du Roi entre le Real et le Barça, et que le score était encore de 1-1, avec un Cristiano Ronaldo en tribune ce jour-là. À la réception d’une jolie sortie de balle de Coentrão (porté disparu depuis), Gareth Bale hérite de la gonfle au niveau de la ligne médiane et décide de défier Bartra aux 100 mètres. L’attaquant gallois pousse son ballon loin devant lui et entreprend un dépassement – sans mettre son clignotant – par la gauche. Offusqué par cette infraction caractérisée au code de la route, le défenseur catalan s’élance à sa poursuite… et comprend qu’il n’a pas tout à fait la même pointe de vitesse ni le même aérodynamisme que la fusée madrilène, et essaie donc de l’envoyer dans le décor d’un bien peu charitable coup d’épaule. Sauf que Gareth Bale va vite, très vite, beaucoup trop vite… Après un détour par les stands, il repique vers les cages gardées par Pinto, pendant que Bartra souffle comme un bœuf plusieurs mètres derrière lui. Bale glisse le ballon sous le gardien barcelonais du bout du pied, offre le titre au Real et réinterprète à sa sauce la fable du lièvre et de la tortue.
#8 - Theyab Awana
Theyab Awana, qui ne connaît pas le respect face au Liban
On joue la 79e minute d’un match amical pour le moins déséquilibré entre les Émirats arabes unis et le Liban. Les Émiratis sont en promenade et mènent déjà au score 5-2, lorsqu’ils obtiennent un penalty, histoire d’alourdir un peu plus le score. C’est le jeune Theyab Awana, 21 ans seulement et étoile montante des EAU, qui pose le ballon à 11 mètres et qui s’élance face au portier libanais. Au bout de sa course d’élan, Awana se retourne, et exécute une sublime talonnade qui vient se loger dans les filets. Le manque de respect est total. Le gardien est resté figé sur ses appuis, et ne sait pas encore que sa plongée dans l’Upside Down fera le tour du monde et deviendra un carton sur YouTube. Les joueurs libanais ne goûtent que modérément la pirouette, tout comme le sélectionneur émirati, qui rappelle Theyab sur le banc dix minutes seulement après son entrée en jeu, scandalisé par son comportement. La Fédération des EAU envisage même de plus lourdes sanctions, avant de se raviser. Deux mois plus tard, Theyab Awana est donc convoqué au mois de septembre pour un nouveau rassemblement de l’équipe des Émirats arabes unis, et trouve la mort dans un accident de la route au retour de l’entraînement.
#7 - Paul Musselwhite
Paul Musselwhite, qui n’aurait jamais dû tourner le dos à Dean Saunders
Il y a des gens à qui il ne faut jamais tourner le dos, Paul Musselwhite aurait dû le savoir. Et quand on est confronté à Dean Saunders, véritable légende du football gallois, notamment passé par Derby County, Liverpool et Aston Villa, auteur de 22 buts en 75 sélections internationales, on ne lui tourne surtout pas le dos. La scène se déroule en mars 1998 : Sheffield United reçoit Port Vale sur sa pelouse, en D2 anglaise. Alors que Saunders est lancé en profondeur le long de la ligne de touche, Musselwhite, gardien de Port Vale, réussit une sortie pleine d’autorité très loin de son but : il tacle le ballon en dehors du terrain et pense avoir écarté le danger. Sauf que Saunders s’est déjà saisi du ballon et s’apprête à effectuer la touche, alors que Musselwhite est encore à 25 mètres de ses cages. Comprenant le danger, ce dernier décide de prendre ses jambes à son cou et de rejoindre sa base, mais c’est déjà trop tard. Dean Saunders est malin. Très malin. En voyant le dos de Musselwhite qui se carapate, il a aussitôt la bonne idée d’y faire rebondir le ballon, avant d’ajuster le but vide d’un plat du pied. Musselwhite est sidéré : il vient d’être ridiculisé, en devenant la principale victime du but le plus intelligent jamais inscrit sur un terrain de foot. Un chef-d’œuvre de malice. « Je dois admettre que je me suis dit « Mais qu’est-ce qu’il fait ? » jusqu’au moment où j’ai vu le ballon au fond des filets, se remémore Steve Thompson, entraîneur de Sheffield à l’époque. Certains arbitres auraient pu considérer que ce n’était pas une attitude très fair-play, mais tout le monde sait que Dean est un gentleman ! »
#6 - Martin Palermo
Les trois penaltys ratés de Martin Palermo
Parfois, on n’a besoin de personne pour se rendre ridicule. Le 4 juillet 1999, Martin Palermo s’est débrouillé tout seul, comme un grand, pour se taper la plus grande honte jamais connue par un attaquant sur un terrain de football. La Colombie et l’Argentine s’affrontent lors de la 2e journée de la Copa América, après s’être toutes les deux imposées lors de la 1re journée. À la 5e minute, l’Albiceleste obtient un penalty, et c’est l’attaquant de Boca Juniors qui se charge de la sentence. Pan, sur la barre. À la 76e minute, nouveau penalty pour l’Argentine, alors que la Colombie a ouvert le score – également sur penalty. Martin Palermo décide de tenter de nouveau sa chance… et tire à côté. Dans les arrêts de jeu, alors que la Colombie s’est détachée et mène désormais 3-0, troisième penalty sifflé en faveur des coéquipiers de Riquelme. Martin Palermo étant quelqu’un de têtu (ou très courageux, ou complètement fêlé, à vous de juger), il décide d’y retourner et balance une mine. Hop, c’est dans les mains de Miguel Calero. Palermo entre dans le Guinness Book et se fait éjecter de la sélection argentine pendant dix piges. Sans doute le temps qu’il lui aura fallu pour s’extirper de l’Upside Down où il est tombé ce soir-là…
#5 - Nicolai Müller
Nicolai Müller et la blessure la plus stupide de tous les temps
Du paradis à l’enfer en une fraction de seconde… Le 20 août dernier, lors de la 1re journée de Bundesliga, Nicolai Müller ouvre le score dès la huitième minute de jeu en faveur d’Hambourg face à Augsbourg. Une très jolie reprise du plat du pied qui vient se loger au ras du montant. Euphorie. L’international allemand décide de célébrer son but de façon originale, en faisant la toupie. Pourquoi pas ? Après trois tours sur lui-même, le voilà qui ponctue son acrobatie d’un petit saut de biche et qui se prend les pieds dans le poteau de corner. Les coéquipiers de Nicolai se précipitent autour de lui, mais ne remarquent pas tout de suite que le buteur hurle, non pas de joie, mais de douleur. Bilan des courses : rupture des ligaments croisés du genou droit, sept mois d’indisponibilité soit la quasi-totalité de la saison, le tout après moins de dix minutes passées sur le terrain. Müller se consolera en se disant que son but aura suffi à Hambourg pour s’imposer ce jour-là (1-0). Pas sûr que ça suffise à lui rendre le sourire…
#4 - Gilardino
Gilardino fauché par un défenseur fantôme
Nous sommes le 20 février 2007, et Alberto Gilardino est sur le point de subir la faute la plus extraordinaire de sa vie. On joue un 8e de finale aller de la Ligue des champions, au Celtic Park, entre le Celtic et l’AC Milan. À la pointe de l’attaque des Rossoneri, Gilardino ne ménage pas ses efforts pour faire sauter le verrou écossais. À la 71e minute, il croit enfin avoir trouvé la faille : parti dans le dos de la défense, il parvient à éviter la sortie de Boruc et à s’enfoncer dans la surface de réparation… lorsqu’il est victime d’un tacle absolument odieux. Seulement, quand on repasse l’action au ralenti et qu’on observe très attentivement l’agression dont est victime Gilardino, il s’avère qu’il n’y a aucun défenseur à environ dix mètres à la ronde. Quel est donc ce mystère ? D’où est venue l’attaque ? L’attaquant italien, stupéfait, exprime toute sa bonne foi à monsieur l’arbitre, M. Hauge, qui ne se montre pas très compréhensif et le sanctionne d’un carton jaune pour simulation. C’est bien mal connaître Alberto Gilardino que de l’imaginer capable d’une telle roublardise. Et pourtant, jamais le mystère du fameux défenseur fantôme ne sera percé. Aujourd’hui encore, le coupable court toujours, et Gilardino se traîne la douloureuse réputation de l’auteur de la pire simulation de tous les temps. Mais un jour, la vérité éclatera… Un jour, le monde saura.
#3 - Lucas Digne
Lucas Digne incapable d’enchaîner trois jongles
Tous les utilisateurs de Tinder vous le diront : l’important, c’est le premier contact. La première impression détermine souvent la nature de toute relation. Et on ne peut pas dire que la rencontre entre Lucas Digne et le public barcelonais ait été une grande réussite. Déjà, l’ancien joueur du LOSC entre sur la pelouse du Camp Nou avec un énorme masque sur le visage, en raison d’une opération subie pour guérir une ancienne fracture nasale. Pas l’idéal pour un premier rendez-vous, mais passons… Comme de coutume, le joueur qui arbore ses nouvelles couleurs est invité à réaliser quelques gestes techniques balle au pied pour montrer ce qu’il a dans le ventre… Et c’est là que le malaise commence à envahir les travées : le pauvre Digne a toutes les peines du monde à enchaîner trois jongles d’affilée et se retrouve à courir après le ballon à la suite d’un contrôle raté. La gêne est palpable. Le transfuge du Paris Saint-Germain décide ensuite de faire cadeau du ballon aux socios, et envoie une grosse reprise de volée en direction des supporters. Manque de bol, son tir rebondit sur les travées de béton, et retombe tout en bas de la tribune. Et le voilà contraint de courir de nouveau derrière le ballon, pendant que les réseaux sociaux se repassent la séance en boucle… Il n’en faut pas plus à ceux qui décrétaient que l’international français était une erreur de casting pour le Barça pour se persuader qu’ils avaient raison.
#2 - Gheorghe Hagi
Hagi qui passe une soufflante à l’un de ses joueurs qui simule
La légende du foot roumain Gheorghe Hagi a toujours été réputé pour son caractère de cochon et son intransigeance, des traits de sa personnalité qui sont toujours aussi perceptibles depuis que le « Maradona des Carpates » a mis un terme à sa carrière de joueur pour devenir entraîneur, au début des années 2000. Depuis 2014, à la suite des expériences mitigées sur le banc du Steaua Bucarest puis de Galatasaray, il est le coach du Viitorul Constanța et rencontre des résultats plus probants. Il faut dire que l’ancienne star du Real Madrid et du Barça n’est pas venue pour plaisanter. Le 6 novembre 2015, le Viitorul Constanța, alors 2e du championnat, reçoit le leader, l’Astra Giurgiu. Un match décisif dans la course au titre, qui donne l’occasion à Hagi de prouver qu’il a toujours le sang chaud… À la suite d’une action litigieuse le long de la ligne de touche, le latéral droit de Viitorul, Radu Boboc, reste au sol. À ce moment-là de la rencontre, les hommes de Hagi mènent au score 1-0 et se doivent de conserver leur avance. Alors que le staff médical se précipite auprès du joueur apparemment blessé pour lui prodiguer des soins, Gheorghe Hagi accourt à son tour, bouscule les médecins de son club et invite Boboc à retourner illico presto sur le terrain pour reprendre sa place. Ce que le jeune Roumain s’empresse de faire, tête basse, prouvant ainsi qu’il allait très bien. Une belle initiative qui n’empêchera pas les joueurs de l’Austria Giurgiu de refaire leur retard et de s’imposer 1-2. Tant pis : pour Hagi, on a le droit de perdre, mais on perd la tête haute, s’il vous plaît.
#1 - Steven Gerrard
Steven Gerrard qui se prend un vent de la part d’un gamin
Qui n’a jamais rêvé de se payer une légende ? La scène se déroule dans le couloir menant à la pelouse de Stamford Bridge, avant un choc de Premier League entre Chelsea et Liverpool. Les deux équipes sont prêtes à faire leur entrée dans l’antre de jeu, à la suite de leur capitaine respectif : John Terry porte le brassard des Blues et Steven Gerrard celui des Reds. Et parmi la ribambelle de gamins censés accompagner les joueurs lors de leur entrée sur la pelouse, il y a un petit comique qui a décidé de se payer l’emblématique numéro 8 de Liverpool. Lorsque Stevie G. s’approche, le gamin l’invite à une poignée de main en signe de sportivité, avant d’esquiver la paluche de Gerrard et de lui adresser une grimace. L’enchaînement est parfait, sur le plan technique c’est irréprochable, le capitaine des Reds reste cloué au sol, humilié sur place. Beau joueur, Gerrard répond finalement par un sourire et une petite tape amicale sur la joue du sale gamin. Il sait pourtant que sa dignité vient d’être téléportée à tout jamais dans ce monde parallèle et lugubre qu’on appelle l’Upside Down.
JM