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Dites-lui oui, Henrichs
De milieu offensif prometteur, mais encore fébrile à membre de l'équipe nationale, il n'y a qu'une année pour Benjamin Henrichs. Le temps d'être mis sur la bonne voie par Roger Schmidt à Leverkusen, et l'espoir allemand est devenu une valeur sûre qui envisage de passer son été 2018 en Russie.
C’est un jeudi soir comme un autre, début novembre, pour Benjamin Henrichs. Le joueur du Bayer Leverkusen mange avec des amis, lorsque son téléphone sonne. Au bout du fil, pas de Roger Schmidt ou de Rudi Völler inquiet du contenu de l’assiette, mais un Bundestrainer : Joachim Löw. De la voix même du sélectionneur, Henrichs apprend du haut de ses 19 ans qu’il va rejoindre l’équipe nationale pour les deux prochains matchs de qualification. « Je ne m’attendais pas à recevoir cet appel aussi tôt au cours de ma carrière » , susurre le joueur en interview avec le Kölner Stadt Anzeiger. Henrichs a les dents longues et les idées bien en place. Il sait qu’il est encore jeune. En ne jouant que depuis quelques semaines régulièrement en Bundesliga, il vient pourtant de taper dans l’œil d’un sélectionneur en mal de latéral droit et se place sérieusement dans la hiérarchie. Sa position est confirmée huit mois plus tard pour la Coupe des confédérations. Ce n’est que la suite logique d’une progression surprenante, pour un joueur devenu l’un des grands espoirs de sa génération. Là où on ne l’attendait pas.
Changement de place
Le point de départ de la carrière de Benjamin Henrichs ne remonte pas tout à fait à son transfert précoce vers le Bayer Leverkusen, en 2004. Certes, les banlieusards de Cologne pensent avoir une pépite sous la main, mais ils ne savent pas encore comment la polir. Le déclic vient d’un stage hivernal en Floride, sur une idée de son entraîneur. Henrichs loue le choix fait a posteriori : « Mon placement en latéral a été un pas de géant. » De treize minutes de temps effectif en Bundesliga, l’ancien milieu offensif devient un latéral titulaire et indéfectible à la faveur de quelques blessures. Il ne cédera plus sa place sous Roger Schmidt. En novembre dernier, l’entraîneur défend son idée par un constat simple : la principale qualité de Benjamin Henrichs est défensive. Il vante avant tout sa qualité dans les duels, qui le rend très difficile à dribbler pour les ailiers, même Dembélé ou … Mehmedi ou Bellarabi. Car dès l’entraînement, Henrichs ne laisse pas la tâche facile. « Pour nos ailiers, il est difficile de le dépasser » , ajoute Schmidt. « Ces dernières années, il a fait des progrès énormes tactiquement et footballistiquement,[…]qui l’ont rendu très compliqué à jouer. » Le joueur de 2004 est bien loin déjà.
Changement de statut
Celui de 2014 aussi. Désormais, Henrichs est reniflé par de grands clubs européens. S’il a préféré prolonger chez lui, le Bayern est venu sérieusement sonder cette saison en vue d’un transfert, avant de se rétracter à cause des demandes trop élevées du Werkself. Son nom circule ainsi chez les fins limiers d’Allemagne. Même en équipe nationale, le rôle d’Henrichs a évolué en quelques mois à peine. Présent en sélection depuis les U15, sélectionné pour l’Euro U19 il y a un an à peine, son statut n’est plus le même aujourd’hui. La Fritz-Walter-Medaille en or (titre honorifique pour les espoirs allemands les plus prometteurs) reçue l’a confirmé : l’avenir est pour lui. Toutefois, Henrichs garde la tête froide. Il sait que cela tient aussi à un manque sur son nouveau poste. « Si j’avais joué 18 matchs de la même qualité comme milieu défensif, je n’aurais probablement pas eu ma place, parce que la concurrence est très élevée. » Côté latéraux, Löw poursuit ses expérimentations sans fin depuis quatre ans. Seul Hector semble assez solide pour régner sur le flanc gauche sans partage. À droite, tout semble possible et entre Kimmich et Henrichs, cela se joue déjà lors de cette pré-Coupe du monde en Russie. Pour se défendre, celui de Leverkusen compte donc sur la demi-finale contre le Mexique, avec une nouvelle idée derrière la tête. « J’espère que je vais jouer et que je vais l’empêcher de marquer. » Qui ça ? Chicharito. Car alors, il pourra faire comme à l’entraînement et être indépassable, sur le terrain et en dehors.
Par Côme Tessier