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- Allemagne-Mexique (0-1)
Dis l’Allemagne, c’est quoi ce mental ?
Face à une équipe mexicaine surmotivée à l'idée de faire tomber le champion du monde en titre, la Mannschaft n'a jamais réussi à réciter ses gammes. Pire encore, elle a fait preuve d'agacement et de nervosité, ce qui ne lui était pas vraiment connu ces dernières années.
Il y a cette fausse touche de Jérôme Boateng. Il y a aussi ce dégagement plein axe de Sami Khedira qui finit dans les pieds mexicains aux abords de la surface. Ou encore ces mauvais choix et les mésententes entre les uns et les autres. Face au Mexique, l’Allemagne a affiché le visage d’une équipe en panique, incapable de remonter un ballon correctement, voire de combiner. Les vagues offensives régulières qui se sont échouées sur le rivage mexicain n’ont fait qu’augmenter la frustration des Allemands, qui n’ont cessé de multiplier les mauvais choix par la suite. En face, le Mexique n’a fait que continuer à appuyer là où ça faisait mal, avant de négocier parfaitement deux nouvelles erreurs de la Mannschaft – la perte de ballon de Sami Khedira et la défense hara-kiri de Mats Hummels – et la punir comme elle le demandait depuis le début du match. Et même si l’Allemagne aurait pu égaliser par l’intermédiaire de Kroos sur coup franc, rien ne dit que l’escouade de Joachim Löw n’aurait pas craqué de nouveau au cours de la rencontre.
Onze joueurs, mais pas une équipe
Depuis une dizaine d’années maintenant, cette équipe d’Allemagne fait partie des « gentils » : elle joue un beau football et quand il le faut, elle sait faire face à l’adversité et surmonter les difficultés qui se présente à elle. C’était du moins valable jusqu’à cette rencontre face au Mexique. Là, l’Allemagne n’a pas fait que balbutier son football : elle a carrément déjoué. Sur le côté droit, Kimmich et Müller ont répété mille fois les mêmes combinaisons, les mêmes centres, sans succès. Sur le côté gauche, Marvin Plattenhardt (aligné à la place d’Hector, grippé) a été oublié, quand il n’a pas paru trop timide et tendre pour apporter quoi que ce soit. Et dans l’axe, tout le monde s’est marché dessus, de Boateng à Timo Werner. Les onze joueurs de cette équipe d’Allemagne ont donné l’impression de n’avoir jamais joué ensemble. « On a fait le même match que face à l’Arabie saoudite, mais face à un adversaire plus fort, a déclaré Mats Hummels après la rencontre à la ZDF. Nous avons tiré l’alarme trop tard. Je ne comprends pas trop pourquoi ça n’a pas fonctionné. » Peut-être parce que dans cette équipe, personne n’a été capable de gueuler pour réveiller les autres.
Opération rachat
Cette équipe d’Allemagne n’a plus l’habitude d’être prise à la gorge. D’être menée au score, d’être sous pression, et de devoir inverser la tendance. Ces champions du monde en titre ne s’attendaient pas à se faire autant bousculer. Ils auraient dû savoir qu’ils étaient attendus. Il n’y a qu’à voir la hargne des Mexicains dans chaque duel, la conviction dans chaque passe, notamment vers l’avant. Ce n’est pas la Mannschaft qui n’était pas dans un bon jour : c’est l’attitude qui n’était pas la bonne. En Allemagne, perdre est souvent difficile à accepter. Mais perdre de cette manière, c’est carrément intolérable. Peu importe quelle tactique sera mise en place ou qui sera aligné face à la Suède : les onze joueurs qui seront sur le terrain devront avant tout se racheter du match précédent pour avoir failli mentalement.
Par Ali Farhat