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Dis, Arsène, dessine-moi une défense à trois
Habitué à faire jouer son équipe d'Arsenal à quatre en défense, Arsène Wenger a tenté un pari en proposant une défense à trois. Une tactique qui semblait être payante avant de très vite montrer ses limites lors de la défaite face à Tottenham (2-0).
17 avril 2017. En voyage dans le Yorkshire pour y affronter Middlesbrough, Arsène Wenger a emmené une petite surprise dans ses valises : une défense à trois. Présents aux Riverside Stadium, les journalistes s’y reprennent à trois fois avant d’annoncer la composition officielle des Gunners. Non, pas besoin d’aller prendre rendez-vous chez l’ophtalmo, Arsenal se présente bien avec une arrière-garde composée de Laurent Koscielny, Gabriel et Rob Holding. Une tactique que Tonton Arsène n’avait plus ressortie de son anorak depuis le 11 mai 1997. En déplacement sur le pré de Derby County pour la dernière journée de Premier League, Arsenal s’était avancé avec Martin Keown, Tony Adams et Steve Bould en défense centrale.
Une défense renforcée
Malgré la victoire 3-1 en East Midlands, Wenger ne touchera plus jamais à sa défense à quatre. Mais, alors pourquoi, diable, une telle tactique sur la pelouse de Middlesbrough vingt ans après ? Sixième au classement avant cette rencontre contre Boro, Arsenal restait sur quatre déplacements difficiles en championnat. Une première défaite trois buts à un à Stamford Bridge, suivies par deux autres roustes similaires à Liverpool et West Bromwich Albion, avant de valider un vilain quatre à la suite chez le voisin de Crystal Palace (3-0). En partant sur une défense à trois, Arsène Wenger espérait ainsi stopper l’hémorragie des douze buts encaissés en quatre visites à l’extérieur. Une compo étonnante qui fonctionnera, puisque les Gunners repartiront de Middlesbrough avec les trois points dans leur besace (2-1).
Un score trompeur qui doit surtout au manque de réalisme offensif de Boro, qui n’avait alors plus remporté une rencontre de Premier League depuis quatre mois. Peu importe, Arsène le pragmatique est convaincu que sa nouvelle formule est la bonne. Et ce n’est pas la victoire contre Manchester City (2-1 ap) en demi-finale de FA Cup quelques jours plus tard qui va faire changer les plans de l’Alsacien. Problème : après deux succès, la défense à trois des Gunners va faire pschitt. Une première fois contre Leicester, où Arsenal fera la différence lorsque l’équipe repassera à quatre derrière (1-0). Puis dans le North London Derby (2-0), face aux Spurs, les coéquipiers d’Olivier Giroud sont dépassés, déboussolés, détroussés, dépités.
Un milieu abandonné
Pourtant, sur le papier, la défense à trois semblait être une solution efficace pour des Gunners en manque de confiance. Koscielny en patron de la défense qui dirige et rattrape les erreurs de ses deux compères plus jeunes, Gabriel et Holding. Sur les côtés, les fusées Monreal et Oxlade-Chamberlain (ou Bellerín selon les envies d’Arsène) qui enquillent les kilomètres. Une tactique empruntée au leader Chelsea, qui roule sur la Premier League avec ce dispositif. Problème : Antonio Conte maîtrise, lui, parfaitement ce schéma qui est sa marque de fabrique depuis ses débuts sur un banc. Idem, ses joueurs se sont préparés tout l’été pour assimiler cette défense à trois, contrairement à ceux d’Arsenal, qui n’ont eu que quelques jours pour apprendre.
En troquant son habituel 4-2-3-1 pour un 3-4-2-1 sauce Blues, Arsène Wenger a réussi son premier pari : consolider sa défense. Plus costaud derrière, Arsenal est, en revanche, incapable de produire du jeu pour mettre en danger la défense adverse comme lors du choc face à Tottenham. En voulant imiter le schéma tactique de Chelsea, le technicien français a omis un élément : il ne dispose pas d’un N’Golo Kanté pour faire le lien entre le milieu et l’attaque. Résultat, son équipe est coupée en deux, et le génial Allemand, Mesut Özil, est perdu sur la pelouse loin de son poste de meneur de jeu. Face à ce constat d’échec, Arsène Wenger pourrait bien revenir aux fondamentaux face à Manchester United et sa meilleure défense à l’extérieur de Premier League. Avant de ressortir cette défense à trois dans vingt ans ?
Par Steven Oliveira