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Dionysos : « Cavani pourrait incarner le rôle du conquistador »

- Par Maxime Delcourt
Dionysos : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Cavani pourrait incarner le rôle du conquistador<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

D’abord roman, puis disque, La Mécanique du Cœur est désormais un film, un conte qui dépasse largement les simples gimmicks féériques, qui va au-delà des stéréotypes. Côté football, Mathias Malzieu et Eric Serra-Tosio (dit « Rico ») de Dionysos sont pareils : ce qui prévaut, c’est la mythologie, ces « instants qui vont au-delà du foot».

Mathias, lors d’une précédence interview accordée à SoFoot.com, tu parlais de la « beauferie » des supporters. Tu te sens de moins en moins à l’aise dans un stade ?

Mathias : Non, je ne m’y sens pas moins à l’aise. J’adore voir du foot, c’est le plus beau sport du monde. Il y a tout là-dedans : de la transe, de la tactique, du suspense, c’est un scénario de malade. En revanche, je suis catastrophé par les attitudes que je vois au stade. Tous ces gens en train de crier et d’insulter l’adversaire, je trouve ça malsain. C’est sûr que ça génère de l’intensité, mais voir des supporters de l’équipe de France siffler Valbuena parce que le match se déroule à Paris, je trouve ça débile. Ce serait bien de faire comprendre à ces gens qu’il y a plein de belles valeurs dans ce sport, des valeurs ludiques et poétiques.

Vous êtes quel genre de supporters ?

M : Moi, je suis un supporter du jeu. Même si je vibre pour l’OM et l’équipe de France en priorité, ça ne m’empêche pas de m’enthousiasmer pour d’autres équipes. C’était le cas pour Lyon dans les années 2000. Cette équipe me faisait frissonner, même si je n’étais pas partisan. Le côté « je défends mon équipe comme si je défendais ma patrie » m’a toujours effrayé. En revanche, j’adore les mouvements de foule, les instants qui vont au-delà du foot. Pour te donner des exemples, le but de Trezeguet en finale de l’Euro 2000, que l’on regardait avec le groupe dans ma cuisine, est de ceux-là. Pareil pour le France- Allemagne de 1982, c’était ma première insomnie.
Rico : Moi, j’ai toujours aimé l’OM. Il faut dire que je suis de cette génération qui a été fascinée par Waddle et Papin. Du coup, je suis un adepte des grosses ambiances. Mais ce n’est pas pour autant que je vais insulter l’adversaire. J’aime le second degré, le côté « on chambre l’adversaire pour lui rendre le match difficile. » Malheureusement, beaucoup de supporters ne s’arrêtent pas à ça, mettent leur cerveau de côté et s’énervent contre les supporters adverses. Ça fait peur. Moi, par exemple, je ne vais pas cacher que le PSG me fait actuellement rêver, même si je supporte l’OM. Il faut avouer que des mecs comme Zlatan sont incroyables, à la fois intelligents et drôles.
M : Moi aussi j’aime beaucoup ces grosses ambiances où l’on se chambre mais sans agressivité. Le côté familial n’empêche pas d’avoir des ambiances de dingue. Le rugby le prouve. Il y a parfois des moments comme ça dans le foot, comme Gignac et Gomis lors du dernier Lyon-Marseille. Tu sens qu’il y a eu des duels, qu’ils se sont battus, mais ça ne les empêche pas de se serrer la main à la fin. Le documentaire sur le France-Allemagne de 82 montrait un peu la même chose : on voyait Giresse, Tigana et Platini se remémorer chaque instant dans le vestiaire. C’est super fort à voir ce genre de scènes. Ça prouve que tout ça dépasse le sport.
Je ne vais pas cacher que le PSG me fait actuellement rêver, même si je supporte l’OM.

Vous pensez qu’il y a trop d’idolâtrie dans le football aujourd’hui ?

M : Non, si ça permet aux gens de rêver, de vouloir s’améliorer dans un domaine pour ressembler à leurs idoles, c’est bénéfique. C’est comme si une personne était fascinée par un chanteur et qu’elle possédait tous ses albums, il n’y a rien de mal à ça. Le problème, c’est si cette personne se met à arracher les vêtements ou à harceler le chanteur.R : Le football est aujourd’hui le plus grand spectacle du monde. On voit du foot tous les jours, c’est donc logique que les gens idolâtrent les joueurs. Ça reflète également notre société actuelle, où tout est basé sur l’image. Notre génération, celle des jeunes quadragénaires, a d’ailleurs beaucoup de mal à s’identifier à des joueurs comme Ribéry ou Valbuena. Ils sont talentueux, on les admire pour ça, mais ça en reste là.M : On est loin de l’époque Cantona, ce genre de joueurs à la fois talentueux et hors-norme. J’ai parfois l’impression que ce sont les années 80 et 90 qui permettaient ce genre de joueurs à la personnalité très forte. C’était pareil dans le tennis avec McEnroe et Lendl. Ils ont presque créé une mini-mythologie.

On distingue bien ce phénomène chez les gardiens…

R : Oui, il n’y a qu’à voir comment des mecs comme Olmeta pouvaient faire le show. Aujourd’hui, tous les gardiens semblent aseptisés. Lloris, par exemple, c’est le Martini des temps modernes.M : Je me souviens d’un match qui opposait Cantona à Olmeta à l’époque. Il y avait des reprises de volée et des arrêts spectaculaires dans tous les sens. C’est comme si depuis on avait perdu ce rapport au panache dans le sport.R : Oui, Olmeta voulait arriver sur le terrain en cheval par exemple. Même s’il n’avait pas pu aller au bout de son idée, ça manque, cette prise de risque.

À part Ibrahimović, il n’y a plus aujourd’hui de joueurs héroïques, presque romanesques ?

R : Cavani pourrait parfaitement incarner le rôle du conquistador. C’est incroyable ce qu’il réalise à un poste qui n’est pas le sien.M : Et puis il a un côté grande star qui s’arrache pour l’équipe et ne se contente pas de son talent. Il défend, même si ce n’est pas son rôle. C’est bénéfique. Quand des mecs de 22-23 ans voient le repli défensif et l’énergie de ce joueur, ils se disent qu’ils sont obligés de se défoncer pour y arriver.R : À part Cavani, je vois bien Cabaye également. Il n’a pas un charisme incroyable, mais ça se voit qu’il n’est pas idiot. Il a une belle finesse et je suis curieux de savoir ce qu’il va devenir.

Étant tous les deux fans de l’OM, la version 2013-2014 de l’équipe vous plaît ?

R : C’est con parce qu’ils ont très bien démarré la saison. On se disait qu’ils allaient peut-être pouvoir jouer le titre. Puis Payet et Imbula, qui avaient très bien débuté, ont commencé à être fantomatiques. Sans parler de la défense. On prend vraiment des buts de débutant.M : Cela dit, je suis plutôt confiant avec Anigo. Je le préfère nettement en tant qu’entraîneur que comme directeur sportif. On sent qu’il a le club dans la peau, que c’est vital pour lui de voir l’OM au sommet. Déjà, lors de son premier match sur le banc, il s’est pété la voix.

Que manque-t-il à l’OM actuellement ?

R : De la régularité. On sent que l’équipe pèche de ce côté-là.M : Un grand attaquant également. Gignac est bon, mais il lui faut du soutien. Il faudrait aussi recruter en défense, on n’est pas solides du tout. Même Mandanda n’est pas au niveau dernièrement. C’est dommage parce qu’on est plutôt bons au milieu avec des gars comme Cheyrou ou Thauvin.

Le pire ennemi de l’OM, c’est toujours Paris ?

R : Oui, mais de manière amusante.M : De toute façon, il y a une telle différence de niveau actuellement que c’est inutile de la ramener. Ce n’est plus comme à l’époque où l’OM de Boli rencontrait le PSG de Weah. Là, c’était serré. Mais l’écart s’est bien trop creusé à présent.

Vous avez écrit une chanson sur Platini sur le dernier album de Dionysos. Que pensez-vous de sa politique à l’UEFA ?

M : J’aime vachement bien. On sent qu’il donne la priorité au jeu et à l’amateur. Après, concernant la vidéo, je ne suis pas forcément d’accord avec lui, mais j’aime sa façon de défendre le projet. Mise à part ça, on sent qu’il n’est pas trop tourné vers le business et qu’il cherche à améliorer le jeu. Comme lorsqu’il était joueur en quelque sorte. On l’a rencontré une fois, et dans ses bureaux, tu peux voir plusieurs terrains de la fenêtre. Tu sens qu’il est toujours connecté au jeu dans sa tête.R : Il défend aussi pas mal les petites fédérations et les petits championnats. Heureusement qu’il est là pour ça. Et puis dès qu’il a du temps, il va voir des matchs dans des pays comme l’Islande ou les îles Féroé. Je ne pense pas qu’il y ait déjà eu des présidents comme ça, d’habitude ce sont plutôt de gros bureaucrates (rires).

Quel rapprochement faites-vous entre votre goût pour le football et votre pratique du rock ?

M : C’est la même chose, on forme une équipe. D’ailleurs, sur scène, c’est un peu le même procédé : chacun son poste, prêt à se transcender personnellement pour apporter à l’ensemble.R : Il y a aussi ce rapport au public, à l’épique et à l’amitié qui est semblable.M : C’est apprendre à perdre et à gagner ensemble, sans prendre le melon. La seule différence, c’est que les joueurs ont une limite d’âge, nous pas forcément. On gagne simplement du temps sur l’éternité. Bien sûr, on ne pourra pas continuer à faire cette musique et à sauter partout sur scène pendant encore 20 ans, mais on pourra jouer en acoustique. Comme disait Platini, « comme je courais moins vite à la fin de ma carrière, j’allongeais mes passes » .
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- Par Maxime Delcourt

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