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Diony, un neuf dans le dur

Par Mathieu Rollinger
4 minutes
Diony, un neuf dans le dur

Arrivé cet été à l’AS Saint-Étienne avec pour mission de briser la malédiction qui touche les attaquants de pointe des Verts depuis plusieurs saisons, Loïs Diony n’a toujours pas fait trembler les filets. Trouver le déclic à Dijon, son ancien club, permettrait d’évacuer les interrogations qui planent autour de la recrue la plus chère de l’histoire du club. Et d'éclore comme le numéro 9 tant attendu dans le Forez.

Après seulement cinq journées de championnat, Loïs Diony marche déjà sur des braises. Celles sur lesquelles soufflent depuis plusieurs saisons les Stéphanois pour raviver ce poste de numéro 9. Et ce ne sont pas les débuts timides de leur nouvel avant-centre qui vont les rassurer. 188 minutes sous le maillot vert sans marquer, c’est déjà beaucoup pour des supporters qui craignent devoir se taper à nouveau une chanson qu’ils ont déjà trop entendue par le passé : celle du 9 qui se plante. C’est d’ailleurs pour changer ce disque que le Landais fut la priorité estivale de recruteurs de l’ASSE pressés de mettre la main sur une pointe fiable. « C’est l’un des premiers joueurs qu’on voulait faire venir, confiait Dominique Rocheteau au Parisien à propos de celui qui était le moteur de l’attaque dijonnaise la saison dernière. Des clubs anglais s’intéressaient à lui, mais il voulait s’affirmer et confirmer en France. C’est un avant-centre. Très bon dans la surface, mobile, puissant, adroit devant le but. » Tout ce que n’ont pas pu démontrer ses prédécesseurs.

À la recherche de Diony Rep

Acheté 10 millions d’euros au DFCO, Loïs Diony a effacé des tablettes le montant record de Robert Berić, prêté quelques semaines plus tard à Anderlecht. Pour les dirigeants stéphanois, le calcul était simple : Diony a inscrit onze buts lors du précédent exercice, soit autant que le trio Berić-Roux-Søderlund en Ligue 1 l’an dernier. 10 millions, le prix à payer pour briser la malédiction. Il faut remonter à la saison 2013-2014 et Mevlüt Erdinç pour voir un attaquant axial stéphanois passer la barre des dix buts en Ligue 1. Depuis, tous ceux qui se sont succédé à ce poste ont cristallisé autant de critiques que de doutes. Alexander Søderlund est toujours au club, capitalisant encore sur son but victorieux dans un derby à l’hiver 2016, mais le compteur du Norvégien reste tristement bloqué à six buts. Si le talent et l’implication de Robert Berić n’ont pas été remis en cause dans le Forez, le Slovène ne s’est jamais vraiment remis de sa rupture du ligament croisé du genou droit fin 2015. Placardisé par Óscar García, le néo-Messin Nolan Roux a connu la saison dernière des périodes de mutisme longues de douze de matchs. Même constat d’échec lors du prêt du Néerlandais Ricky van Wolfswinkel.

Au-delà de son positionnement sur le terrain, Diony doit composer avec la difficulté supplémentaire d’avoir hérité du numéro 9. Car le chiffre en lui-même semble être plus lourd à porter que les autres. Aucun joueur affublé de ce numéro avec les Verts (de Nestor Subiat à Nolan Roux en passant par Fred Piquionne et Gonzalo Bergessio) n’a inscrit plus de dix buts en première division depuis que Saint-Étienne a retrouvé l’élite en 19991. À l’inverse, Alex Dias et Bafé Gomis n’ont pas été encombrés avec leurs numéros 7 et 18 respectifs. « Il n’y a pas plus de pression d’être le 9 de Saint-Étienne que celui de Marseille ou Paris, tempère Philippe Tibeuf, qui formait la paire offensive des Verts avec Patrice Garande entre 1987 et 1991. On ne peut ni parler de malédiction, ni évoquer de raisons tactiques ou culturelles, car on a déjà compté dans nos rangs de grands attaquants centraux. » À Loïs Diony de reprendre le flambeau de Revelli, Roussey et Rocheteau.

Faire du 9 avec du neuf

La chance de l’ancien Dijonnais, c’est que cette cuvée 2017-2018 semble être idéale pour vaincre le signe indien. Avec l’arrivée d’Óscar García, les cartes ont été rebattues du côté de Sainté. Sous le mandat de Christophe Galtier, l’avant-centre avait avant tout un rôle de point de fixation pour libérer des espaces pour les ailiers ou l’attaquant placé en soutien, à l’instar d’un Brandão qui travaillait beaucoup pour Pierre-Emerick Aubameyang, Max-Alain Gradel ou Romain Hamouma. Le projet de jeu d’Óscar García nécessite un avant-centre qui apporte de la verticalité, de la vitesse, de la hargne, du pressing et de la technique balle au pied. Un costume taillé pour Loïs Diony. Ce qui incite l’entraîneur espagnol à faire preuve de patience avec le natif de Mont-de-Marsan, qui, à 24 ans, a encore une belle marge de progression. « Nous échangeons beaucoup avec Loïs. Il sait qu’il doit encore travailler collectivement et individuellement pour progresser, a assuré García cette semaine en conférence de presse. Nous avons confiance en lui et besoin de ses qualités. Dès qu’il aura trouvé le chemin des filets, tout sera plus facile pour lui. » À Dijon, il suffira d’une étincelle, oui d’un rien, oui d’un geste, pour que Diony puisse rallumer le neuf.

Dans cet article :
National : La chute des gros, la rébellion des mals-classés
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Propos de Philippe Tibeuf recueuillis par MR.

1. Erdinç et Brandão ont inscrit onze buts avec les numéros 22 et 14 sur le dos, avant de repasser sous la barre des dix buts une fois le 9 récupéré.

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