- France
- Décès de Johnny Hallyday
Diony a l’idée
Parce que l'on lui a donné l'obscurité puis la lumière, la faim, la soif, puis un festin, Loïs Diony s'agite aujourd'hui avec des rêves : qu'on l'enferme un an pour rêver à des femmes et qu'on lui donne l'envie, celle de (r)allumer sa vie.
Boots vissées au gazon, les hanches ouvertes, l’ensemble est bourré de phéromones. Mais, à quoi pense-t-il ? Probablement, d’abord, à ce soir de danse, joue contre joue, où ils faisaient les fous. Ensemble, ils allaient cueillir mille fleurs, mille baisers. Et quoi, ça faisait tellement longtemps, ça ne peut pas finir, y a trop de souvenirs, de jours et de nuits qu’on ne compte pas. Une promesse aux supporters : ça n’finira jamais, on refera la route. Le premier jour, parce que sa drogue à lui, c’est le public, il a regardé cet Óscar, y croyant comme à la Terre, comme au soleil : « Je te promets mes bras pour porter tes angoisses, je te promets mes mains pour que tu les embrasses, je te promets mes yeux si tu ne peux plus voir, j’te promets d’être heureux si tu n’as plus d’espoir. » Mais ce n’est pas facile de se faire, un beau jour, lâcher, de perdre prise, de se sentir tomber. Dans le noir, Loïs Diony perd tout. Lourd comme un cheval mort, il crie, jure qu’il fera tout pour sauver leur amour. À l’instant de la vérité, pourquoi en douter ? « Hey hey Jo, pourquoi t’as de la chance plein les doigts ? Hey hey Jo, en naissant, t’as marché dans quoi ? T’as toujours les poches pleines, la voiture de l’année… Dis donc, ma parole, on oublie que t’es si laid. » Il faut se changer les idées, revoir ce petit itsy bitsy teenie weenie, tout petit, petit, bikini vu sur la plage où il y avait une fille, qui avait peur d’aller prendre son bain. Il lui reste l’espoir. Loïs est seul, mais tourne le temps à l’orage, revient à l’état sauvage, il force les portes, les barrages, sentant le vent qui se déchaîne et battre le sang dans ses veines. Au fond, il suffira d’une étincelle, d’un rien, d’un geste.
Fièvre et douceur
Les hommes sont devenus fous à lier, malgré ses efforts désespérés. Il tourne en rond : « Je ne sais pas comment je vais me débrouiller, de quelle façon faut savoir encaisser… Si le ciel pouvait au moins, se lever, on pourrait aller enfin le décrocher. » Óscar est parti, Julien est arrivé. Un rêve : dans ses bras nus, se reposer. Il y a ce désir fou de vivre une autre vie, le cœur en fièvre et le corps démoli. Souvent, un seul regard suffit pour vous planter mieux qu’un couteau. Loïs regarde le public : quoi ma gueule ? Qu’est-ce qu’elle a ma gueule ? Si tu veux t’la payer, viens je rends la monnaie. Ma gueule et moi, on est d’sortie, on cherchait plutôt des amis. Quand j’étais enfant, on disait que j’étais un vaurien. J’avais la tête aussi dure, aussi dure que du bois. Et j’ai souffert l’enfer, et j’ai le cœur aussi dur. Julien intervient : « Toi qui ce soir as tout perdu, demain tu peux gagner. » Loïs ne veut pas finir sa vie, comme d’autres gars l’ont finie, les portes du pénitencier bientôt vont se fermer. Il a l’idée, se retourne et hurle : « On m’a trop donné, bien avant l’envie. J’ai oublié les rêves et les « merci », toutes ces choses qui avaient un prix, qui font l’envie de vivre et le désir. Et le plaisir aussi. Qu’on me donne l’envie ! L’envie d’avoir envie ! Qu’on rallume ma vie ! » Et même si l’histoire se termine au matin, Loïs promet un moment de fièvre et de douceur, pas toute la nuit, mais quelques heures. On a tous quelque chose en nous de Loïs Diony.
Par Maxime Brigand