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« Dinamo-OL 2011 truqué ? Ça ne nous surprendrait pas »
Supporter du Dinamo Zagreb, Goran, trente-cinq ans, est un Bad Blue Boys très respecté en tribunes. Il raconte la situation actuelle de son club, en parlant évidemment de son « amour » pour Zdravko Mamić, l'homme qui « contrôle le football croate », selon ses dires.
Peux-tu nous rappeler depuis quand et pourquoi les Bad Blue Boys avaient décidé de boycotter les matchs à domicile du Dinamo Zagreb ?Nous avions pris cette décision il y a environ deux ans parce que la situation était devenue insupportable, entre les interdictions de stade, la police et la liste noire illégale dans laquelle le club a mis trois cents noms avec la complicité de la police pour la faire appliquer et nous empêcher d’exercer notre liberté d’expression au stade pour réclamer un club démocratique, transparent et débarrassé des criminels. Nous considérions qu’il valait mieux ne plus aller au stade, montrer à l’Europe que Maksimir était un stade mort, et n’être actifs que lors des matchs en déplacement et des matchs du club de futsal du Dinamo.
Pourquoi le groupe est-il de retour ? N’est-ce pas un aveu d’échec puisque rien n’a changé ?Nous sommes bien conscients que la bataille pour notre club que nous avons engagée il y a six ans maintenant est loin d’être terminée et va se poursuivre parce que c’est devenu quelque chose qui dépasse notre club, c’est un combat pour une société plus juste, démocratique et transparente. La société croate est minée par la corruption à tous les niveaux.
C’est difficile d’imaginer vu d’un pays occidental à quel point la corruption est répandue et puissante ici. Dans cette optique, sur le long terme, nous avons fini par conclure que notre absence au stade nous était plus préjudiciable que bénéfique, c’est pourquoi nous avons décidé de changer de tactique pour être présent partout. Rien n’a changé au club en dehors de quelques changements cosmétiques lorsque le boss Zdravko Mamić a démissionné tout en restant conseiller spécial du président après son inculpation pour détournement de fonds venant du Dinamo et fraude fiscale en 2015. Et son frère Zoran, qui était l’entraîneur de l’équipe, est parti en Arabie saoudite, pays avec lequel la Croatie n’a pas de traité d’extradition. Dans la réalité, Zdravko Mamić est toujours celui qui contrôle le football croate bien qu’il soit en attente d’un procès pour avoir détourné 40 millions d’euros. Son plan a toujours été simple : voler de l’argent du club, le blanchir via des compagnies off shore, puis racheter le club avec cet argent.
Quel genre de relations avez-vous avec le club actuellement ?Rien n’a changé. Nous exigeons toujours la tenue d’élections démocratiques conformément aux statuts du club et à la loi, et nous voulons que le club fonctionne suivant un modèle de socios dans lequel tous les membres ont un droit de vote et élisent les dirigeants du club. Et nous vivons tous dans l’attente du jour où le système judiciaire croate, très corrompu aussi, enverra Zdravko Mamić là où il doit être : en taule.
Ce retour à Maksimir aura-t-il une quelconque influence sur les activités des BBB avec le club de futsal du Dinamo ?
Ce club est notre projet. Nous avons créé ce club, car nous voulions montrer aux sceptiques en Croatie qu’un club de football pouvait fonctionner de façon démocratique suivant le modèle de socios, et c’est devenu un véritable succès à la fois civique et sportif. En deux ans, le club de futsal Dinamo, géré par les Bad Blue Boys, est monté de la deuxième à la première division et lutte aujourd’hui pour le titre. Donc, bien sûr qu’on n’abandonnera pas ce projet, c’est notre réussite et notre fierté. Au contraire, nous souhaitons pouvoir établir des liens entre le Dinamo et le Dinamo futsal quand le Dinamo sera aussi démocratique que le futsal.
C’est aussi pour montrer votre engagement que vous venez de créer un club de boxe ?Notre idée est de créer un club omnisports Dinamo avec des sections gérées de façon démocratique. La boxe est le dernier exemple en date avec lequel nous voulons reproduire le succès du futsal Dinamo. Mais nous avons d’autres projets.
Quels souvenirs gardes-tu de la dernière visite de l’OL à Zagreb (1-7), un sacré match, non ?Je n’étais pas au stade ce soir-là. Mais je me souviens très bien des rumeurs qui ont émergé tout de suite après en disant que le match avait été truqué. Honnêtement, si l’on considère ceux qui étaient à la tête du club et qui le sont toujours, ça ne nous surprendrait pas que ce soit vrai.
Propos recueillis par Loïc Tregoures