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Dimitri Foulquier : « À Getafe, le plus important, c’est l’attitude »
Prêté par Watford à Getafe, Dimitri Foulquier (25 ans) a largement gagné au change. Pendant que le club anglais végète dans le ventre mou de la Premier League, les Azulones, eux, pointent à la quatrième place de Liga. Devant le FC Séville, Valence ou encore le Betis. Dimitri Foulquier nous explique la raison de cette réussite.
C’est ta cinquième saison en Liga puisque tu as joué quatre ans à Grenade entre 2013 et 2017. En revanche, c’est la première fois que tu ne joues pas le maintien. Ça doit te changer, non ? (Rires.) C’est sûr que ça change. Après, la mentalité est toujours la même, quand on commence un match, c’est toujours pour le gagner. Ce qui change surtout, c’est la réussite en fait.
Lorsque Getafe est venu te chercher cet été, tu t’attendais à ce que cette saison soit aussi belle sur le plan sportif ? Aussi belle peut-être pas, mais je m’attendais à ce que l’on fasse quelque chose de bien. J’ai eu un bon pressentiment, on va dire. Mais il ne faut pas oublier que la saison dernière, Getafe a terminé huitième à deux points de l’Europe. Et puis dès le début, j’ai vu que le groupe n’avait peur d’aucune équipe.
Comment expliques-tu cette quatrième place actuelle de Getafe ? C’est parce que vous réalisez une très belle saison ou c’est parce que les « gros » , eux, réalisent une moins bonne saison ?Chacun peut avoir son analyse. La mienne est que Getafe travaille bien et dur tous les jours. Et quand on travaille bien, on récolte les fruits. Après, il ne faut pas qu’on s’enflamme non plus parce que ça peut aller très vite dans l’autre sens. On peut très bien perdre trois matchs et se retrouver au milieu de tableau. Il faut continuer à avoir cette humilité et cet engagement dans tout ce qu’on fait et qui nous va bien.
Le jeu de Getafe est souvent décrit comme défensif et un peu rude par les spécialistes. C’est vraiment ce que demande le coach José Bordalás ?Le message du coach porte surtout sur notre attitude sur le terrain.
Je pense de toute manière que tous les coachs aiment les joueurs qui répondent toujours présents. Le plus important pour moi et pour le coach aussi, c’est l’attitude. Et c’est ce qu’on a. Je ne sais pas sur quoi se basent ceux qui jugent qu’on est une équipe défensive. La logique serait que l’on juge au nombre de buts et on est la septième attaque du championnat, donc cela veut dire qu’il y a pas mal d’équipes qui sont plus défensives que nous si l’on regarde cette statistique.
Ce qui ressort de cette équipe, c’est que c’est une belle bande de revanchards. Avec un coach qui a souvent connu la deuxième division et un attaquant de 36 ans – Jorge Molina – qui a percé à 27 ans. C’est votre perception. Je ne pense pas que ce soit forcément une mentalité de revanchard. Je pense que notre force, c’est qu’on a réussi à avoir une vraie mentalité de groupe, de solidarité et d’abnégation. Tous les joueurs du groupe sont dans cette optique. Il n’y en a pas un qui ne travaille pas. Franchement, c’est vrai que la mentalité est exceptionnelle.
José Bordalás t’utilise énormément à un poste de milieu droit cette saison et non au poste de latéral. Et ça fonctionne plutôt pas mal vu que tu as déjà marqué trois buts. Tu as été surpris d’être utilisé à ce poste ? Je ne peux pas dire que j’ai été totalement surpris, car j’ai déjà évolué à ce poste dans le passé. C’est vrai que ça fonctionne bien et je suis content, mais je suis latéral et je reste latéral. Cette saison, j’ai joué arrière gauche, arrière droit et même central. J’avais joué une fois dans l’axe avec Strasbourg, mais c’était dans une défense à cinq, sinon je n’avais jamais joué central de ma vie. Je suis à l’image de l’équipe en fait. Quand toute l’équipe a cette notion de groupe, tout le monde se sent plus en confiance et on peut jouer partout. On sait très bien que si on commet une erreur, un coéquipier viendra la rattraper.
Quand on regarde le Real Madrid ou même le Barça, on a l’impression que les deux monstres de Liga sont moins dominants que les années précédentes. Ce n’est pas qu’ils sont moins bons, c’est que les autres équipes progressent aussi. Si vous regardez le classement, c’est la première fois que le championnat est aussi serré. Le football évolue, il n’est pas le même qu’il y a dix ans. Tout le monde progresse et c’est une des raisons pour lesquelles les gens pensent qu’ils sont moins dominateurs. Je ne sais pas si ce n’est qu’en Liga ou si c’est partout pareil, mais c’est vrai que maintenant, tout le monde a envie de gagner tous les matchs.
Quand on est défenseur en Liga, on est heureux du départ de CR7 ?
(Rires.) Même s’il nous marque des buts et qu’il nous fait mal, c’est toujours bien d’avoir Cristiano Ronaldo dans son championnat. Au moins pour le spectacle et l’attractivité.
C’est plus difficile de défendre sur lui ou sur Lionel Messi ? Wouah, alors là… Les deux sont des extraterrestres. Il y a des domaines dans lesquels Cristiano est meilleur et d’autres dans lesquels Messi est meilleur, mais c’est une galère de défendre sur l’un comme sur l’autre. Il faut juste profiter, car le temps passe, et bientôt, on ne les verra plus malheureusement.
Est-ce que tu suis un peu le parcours de ton club formateur, le Stade rennais, en Ligue Europa ? Le parcours de Rennes me fait plaisir, car c’est vrai que les supporters ont connu pas mal de déceptions. C’est entre guillemets l’équipe qui a souvent été bien placée, mais qui échouait à la fin. Le club a eu cette étiquette-là pendant longtemps, donc c’est bien qu’il puisse réaliser cet exploit d’éliminer le Betis.
Est-ce que tu discutes encore avec tes coéquipiers de la Coupe du monde U20 2013 ? Il existe un groupe génération 1993 comme il existe celui de France 1998 ? Ce n’est pas mes meilleurs amis, on n’est pas là à s’appeler tous les jours, mais si l’un d’entre eux a quelque chose à me demander ou inversement, on peut discuter sans problème. On a de bons rapports. C’était un bon groupe et on a vécu quelque chose que l’on ne va pas oublier.
D’ailleurs, ce tir au but marqué en finale face à l’Uruguay pour offrir la Coupe du monde à la France est-il le plus beau moment de ta carrière ?Non, je ne pense pas. En fait, en U20, nous ne sommes pas encore dans le monde pro, donc cela n’a pas la même saveur. Les maintiens obtenus dans les dernières journées avec Grenade ou avec Strasbourg lorsqu’on bat l’Olympique lyonnais à la Meinau, ce sont aussi des bons souvenirs. Les buts que j’ai marqués cette année avec Getafe aussi.
Tu peux quand même te balader dans la rue et dire que tu es champion du monde. (Rires.) Ah oui c’est sûr ! Mais je suis plutôt du style à continuer de travailler parce que ça va très vite. On peut très bien être champion du monde U20 et ne pas faire carrière.
Propos recueillis par Steven Oliveira