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Dijon : le bonheur est dans le Dupraz ?
Omar Daf a été mis à pied par Olivier Delcourt lundi, deux jours après une nouvelle défaite du DFCO à Caen (2-1). Le président dijonnais, face à la très préoccupante situation de l’équipe bourguignonne, 19e à sept points du premier non-relégable, a décidé d’appeler Pascal Dupraz pour tenter une improbable opération maintien.
« Je ne serai pas le président qui se séparera d’Omar Daf. » Cette phrase, Olivier Delcourt l’avait tellement prononcée qu’on avait fini par le croire. Même samedi dernier, à l’issue d’une nouvelle défaite à Caen (2-1), envoyant le DFCO à une indigne 19e place du classement de Ligue 2, au vu de ses ambitions et de ses moyens, rien ne semblait indiquer que l’ancien entraîneur de Sochaux, recruté en juin dernier pour un contrat de deux ans, ne finirait pas la saison. « Je pense qu’il (Delcourt) est résigné », avait même écrit une source proche du club, dans un échange de SMS, au lendemain du quinzième échec du DFCO depuis le mois de juillet dernier.
C’était finalement mal connaître le dirigeant bourguignon, qui a décidé d’appeler au secours Pascal Dupraz. Delcourt avait profité de la trêve internationale pour entamer une réflexion et sonder quelques techniciens libres. La défaite face à Pau (0-1), un autre candidat au maintien, le 18 mars, dans un stade Gérard-Gérard presque assommé par ce qu’il venait une nouvelle fois de subir, l’avait plongé dans une profonde réflexion. Ce soir-là, les Dijonnais avaient mis plus de cinquante minutes à comprendre qu’ils disputaient un match presque capital, après avoir fourni une première période d’une nullité crasse – symbole d’un immense mépris pour le public et le club. « Je crois qu’il a compris qu’il fallait faire quelque chose après Pau, et surtout après Caen. Ce n’était plus possible de continuer comme ça, tout le monde avait compris qu’Omar Daf n’y arriverait pas », poursuit cette même source. La situation du DFCO, assis sur un budget de 21 millions d’euros, et candidat déclaré à l’accession en Ligue 1, mais surtout proche du National, a obligé le chef d’entreprise à décrocher son téléphone et à appeler Dupraz, qui aurait, selon Le Bien public, fait acte de candidature avant le match à Caen, au chevet d’une équipe en souffrance.
Dupraz comme à Toulouse en 2016 ?
On se souvient qu’il y a presque sept ans jour pour jour, le 1er mars 2016 très exactement, l’ex-attaquant de Gueugnon, Brest et Mulhouse avait débarqué à Toulouse à dix journées de la fin du championnat de L1, alors que les Violets comptaient dix points de retard sur le premier non-relégable. Dupraz avait pourtant réussi à sauver le TFC à l’issue d’une soirée mémorable à Angers, le 15 mai suivant (3-2). Les similitudes avec le malade dijonnais sont assez frappantes : Dupraz aura neuf matchs, et pas un de plus, pour sortir sa nouvelle équipe d’une galère à laquelle elle n’était pas préparée. Il faut en effet se souvenir que le DFCO d’Omar Daf occupait, après la 5e journée, la seconde place du classement. À cette époque, celui que Delcourt avait réussi à faire venir de Sochaux, le club de cœur où le Sénégalais a effectué presque toute sa carrière de joueur et entamé sa reconversion en tant qu’entraîneur, apparaissait comme l’homme capable de porter les ambitions présidentielles. Mais les choses ont commencé à se dégrader sérieusement à partir du 30 août dernier et une défaite face à Annecy (0-2), prélude à une inquiétante série de neuf matchs sans victoire (quatre nuls, cinq revers), en plus d’une élimination en Coupe de France face à Saint-Pryvé-Sainte-Hilaire (National 2). Lors de la trêve imposée par la Coupe du monde au Qatar, plusieurs voix s’étaient élevées pour demander le remplacement de l’ancien défenseur des Lions de la Téranga. Pourtant, Delcourt avait repoussé plusieurs fois cette hypothèse. Il n’avait pas dit autre chose après une série de quatre nouvelles défaites, entre le 28 janvier et le 11 février, après un léger mieux en janvier.
Au DFCO, tous responsables de cette situation
Le licenciement de Daf, lié au DFCO jusqu’au 30 juin 2024, et de son staff (l’adjoint Stéphane Mangione, l’entraîneur des gardiens Gérard Gnanhouan et le préparateur physique Antoine Helterlin), va coûter quelques centaines de milliers d’euros au club. Mais ce ne sera rien par rapport à la catastrophe industrielle que représenterait le coût d’une relégation en National. Le DFCO a effectué de gros investissements pour ériger un centre d’entraînement et son centre de formation ultramoderne à Saint-Apollinaire, en périphérie de Dijon. C’est là que Pascal Dupraz, qui n’avait pas réussi à sauver Saint-Étienne de la relégation en Ligue 2 en mai dernier, va découvrir un effectif dont la responsabilité est autant engagée dans la situation actuelle que celles du président, du désormais ancien staff et de la cellule de recrutement, dont le flair n’a pas vraiment sauté aux yeux ces derniers mois.
Pascal Dupraz, attendu lundi soir à Dijon avec son discours et sa méthode, n’ignore rien de tout cela. L’ancien coach d’Évian Thonon Gaillard sait surtout que les choses sérieuses vont débuter mardi matin, à cinq jours de la réception de Rodez, samedi (19 heures), un match que le DFCO aura l’obligation de gagner pour entretenir l’espoir d’un maintien en L2. D’ici là, on devrait beaucoup bosser, discuter et accessoirement en bouger certains et ramener à un peu plus de modestie d’autres dans ce coin paisible de l’agglomération dijonnaise. Au moins, Olivier Delcourt, à qui on pourra reprocher d’avoir été un peu long à la détente, aura tenté quelque chose. En espérant pour son club qu’il n’ait pas trop attendu.
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