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Digne, le garçon qui voulait jouer avec les grands
Quand Lucas Digne est arrivé au PSG en provenance de Lille contre un chèque de 15 millions d'euros, le postulat de départ était simple. Une première année pour apprendre dans l'ombre de Maxwell, une seconde pour pousser le Brésilien vers la sortie. Actuellement, l'international français n'a jamais semblé aussi loin d'une place dans le onze de départ du PSG. Pis, le Brésilien de 33 ans devrait même prolonger son aventure dans la capitale.
Il y a deux manières d’observer la progression de Lucas Digne au PSG. La première, pragmatique, consiste à se rendre compte que le garçon est devenu un international français (8 sélections en 2014), et qu’il vient de disputer une Coupe du monde et un quart de finale de Ligue des champions. La seconde, plus en relation avec le terrain, dépeint un jeune homme qui ne joue jamais les matchs importants tout en ne parvenant pas à s’imposer comme autre chose qu’une doublure de luxe. Au vrai, le niveau de Lucas Digne est entre les deux postulats de départ. Avec le retour tardif de Maxwell du Brésil, le numéro 21 du PSG avait pourtant débuté la saison dans la peau d’un titulaire (Trophée des champions et les trois premières journées). Quatre matchs pour installer le doute dans l’esprit de Laurent Blanc. Et puis Maxwell a retrouvé le terrain contre Saint-Étienne (5-0) et rappelé à tout le monde qui était le patron. Sur le banc, Digne a pu apercevoir l’écart qui le séparait du Brésilien.
Depuis, le garçon n’a joué que lorsque le turnover l’imposait (avant et après les matchs de Ligue des champions). Le genre de situation qui vous permet d’en apprendre beaucoup sur votre gestion de la frustration. Ça, et les sifflets du stade Vélodrome largement entendus lors de France-Suède, le 18 novembre dernier. Un Digne qui remplaçait alors Layvin Kurzawa – blessé – et qui va recueillir 20 minutes de sifflets nourris pour son appartenance au PSG. Flatteur tant le gaucher ne représente pas vraiment le club de la capitale. Sans parler des sifflets, des interrogations sur son réel niveau qui voient le jour ici et là depuis ce match. Doublure officielle de Patrice Évra en mars dernier, l’ancien Lillois est aujourd’hui constesté par la plèbe, Kurzawa et Trémoulinas au sein des Bleus. Le genre de situation qui doit pouvoir se renverser avec des prestations solides en club. Mais c’est là que le bât blesse.
Manque de poids
Face à Nice samedi, le jeune latéral gauche a eu un mal fou à faire des différences en un contre un, sans parler de ses centres qui ne trouvent jamais preneur, ou très rarement (une passe décisive cette saison, une seule l’an dernier). Difficile de lui reprocher des choses concrètes. Il ne se cache pas vraiment, multiplie les courses et propose des choses, mais il est rarement décisif. Sur chaque contact, il prend le bouillon. Parfois, on a l’impression qu’il manque d’impact, de densité, de physique. Face à la Suède, la prestation de Layvin Kurzawa a contrasté avec celle du Parisien, quatre jours plus tôt face à l’Albanie. Là où le Monégasque use intelligemment des centres en première intention et des kilomètres le long de sa ligne, le Parisien a du mal à déborder son adversaire direct. Même constat contre Nice où Lloyd Palun, son ennemi du soir, a plutôt passé une soirée tranquille.
Dans les coursives du Parc des Princes, une question commençait même à poindre son nez : « Lucas Digne a-t-il les épaules pour ce PSG-là ? » Après tout, Kevin Gameiro, Mathieu Bodmer ou Guillaume Hoarau ont, par exemple, préféré aller chercher fortune ailleurs en dépit d’un CV tout aussi flatteur. Mais Digne est jeune (21 ans) et plutôt du genre réfléchi. D’ailleurs, il n’a jamais rien réclamé en arrivant dans la capitale. Ni l’an dernier ni cette saison. Son truc, c’est le travail et la patience. Il sait que Maxwell n’est pas éternel. Alors, même si tout porte à croire que le Brésilien devrait prolonger son bail au moins d’une saison dans la capitale, cela ne veut pas dire que Digne est dans un cul-de-sac pour autant. Il va juste prendre plus de temps que prévu pour faire son créneau. Comme tout jeune conducteur, Digne occupe son flanc gauche avec un « A » floqué dans le dos.
Par Mathieu Faure