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- 28e journée
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Diego López, trop bon, trop con ?
Grandiose face à Manchester United, et souvent excellent depuis son arrivée, Diego López réussit un retour fracassant au Real Madrid, lui l’enfant de la Fabrica. Pourtant, entre le come-back de Casillas et la guéguerre qui l’oppose avec Mourinho, les prochains jours s’annoncent tendus.
La saison 2012-2013 est loin d’être un long fleuve tranquille pour les gardiens du Real Madrid. Impensable il y a de ça encore un an, Iker Casillas a goûté au cuir du banc de touche. La faute à des performances en dents de scie, mais surtout une relation plus que tumultueuse avec son entraîneur, José Mourinho. Histoire d’asseoir sa domination sur un vestiaire très politisé, le Special One tranche dans le vif et décide d’aligner Antonio Adán. Loin de convaincre, le jeune portier de la Fabrica ne sera qu’une simple cartouche dans le carquois du Portugais. Casillas de retour dans les cages, il réussit à se péter lors d’un contact avec Álvaro Arbeloa. Résultat, une absence de quasi deux mois qui pousse le board à recruter un nouveau gardien. L’heureux élu est un ancien de la maison, Diego López. Tout droit sorti du banc de touche du FC Séville, le grand Diego est propulsé dans le onze de la Casa Blanca. Pas mal pour un garçon qui voit « chaque match avec le Real comme un don du ciel » . Depuis, il n’a jamais déçu. Mieux, il y est pour beaucoup dans le retour au premier plan du Real Madrid. 196 centimètres, Amiero et un nouveau record Atterri sur le tas au Real Madrid, il y parfait sa formation. A 18 ans, il accumule les matchs avec l’équipe C, puis est prêté à l’Alcorcon Madrid, avant de squatter les cages du Real Castilla. Finalement, il débarque en 2005 sur le banc merengue pour devenir la doublure d’Iker Casillas. Cette ascension jusqu’à l’équipe première, il la doit à un homme, Manuel Amiero, et à une envergure de goéland, un mètre 96 des pieds au plafond. Alors, lorsqu’après un exil qui l’a mené de Villarreal jusqu’à Séville, il revient en terre promise, Amiero, son formateur – mais également celui d’Adán et de Casillas – ne doute pas du succès de l’opération : « Il connaît toute l’importance qu’est d’être gardien du Real, et les situations chaudes qui vont se produire ne le surprendront pas » . Avec cette taille de pivot et ce gabarit de marathonien, le bougre a ce que l’on nomme communément un physique « atypique » . Cette morphologie, il en a fait un atout. Mais cela, c’est encore l’intéressé qui en parle le mieux : « Je manie mes 196 centimètres avec légèreté. C’est une de mes qualités. Je suis mince et je fais attention à ne pas peser plus de 90 kilos. Un kilo de trop se remarque énormément » . Quand son Real Madrid l’appelle pour suppléer l’hécatombe des gardiens, Diego Lopez est blême : « J’ai passé des heures sans dormir. Je vais essayer de profiter de cette chance. Je suis ému et content, tout est arrivé très vite. Je devrais vite assimiler la chose. Revenir ici, dans le club de mon cœur, où j’ai grandi, où j’ai eu ma formation, c’est très spécial » . Spécial, ok, mais cette émotion ne l’inhibe pas. Depuis son arrivée, le natif de Paradela – une bourgade galicienne de 300 habitants – épate. Pas tant par ses qualités, bien entrevues à Villarreal, mais par son flegme. La pression paraît lui passer entre les gants. Ses performances sont louées jusqu’à ce huitième de finale retour à Old Trafford. Sur la pelouse de son idole van der Sar, il sort un match XXL à base de parades et réflexes de dingues. Dans les arcanes mancuniennes, Alex Ferguson y va même de son compliment : « Diego Lopez a fait la différence. J’aurais préféré jouer contre Casillas. Iker n’aurait pu faire les arrêts de Lopez » . Trois jours plus tard, sur sa lancée, il s’approprie un record détenu par Casillas en effectuant neuf parades face au Celta Vigo. Un problème pour qui ? Cette performance mancunienne est pourtant le nœud du problème. Rien à voir avec les péripéties du début de saison, mais avec ses exploits à répétition, Diego Lopez pose une nouvelle fois la question du numéro un dans les buts. José Mourinho, pas le plus grand fan d’Iker Casillas, reste donc flou quant au retour du capitaine historique. Lorsqu’il lance après le 2-1 mancunien que « Diego Lopez avait été l’homme du match à Madrid, il l’est encore aujourd’hui » , il ne précise pas si demain sera le cas. Du côté de Santiago Bernabéu, il se murmure que l’entraîneur portugais ne sera pas contre le maintien dudit Diego dans son onze. Face à Majorque ce samedi, Casillas devrait ainsi prendre place sur le banc de touche. Toujours en phase de reprise, le Saint madrilène ne bronche pas encore. Avec la prochaine grosse échéance stambouliote, le Special One va pourtant devoir trancher dans le vif. Un problème ? Pas vraiment. Au moment de choisir de titulariser Adán à la Rosaleda, il s’attendait à une telle période de dénigrement sur sa personne. Avec les récentes performances de Diego Lopez, le peuple merengue sera bien plus clément. Et ça tombe bien puisque l’intéressé ne s’attend pas à jouer les seconds couteaux : « J’ai l’intention de tout faire pour jouer, de façon à ce qu’il existe une concurrence à ce poste, ce dont l’équipe peut bénéficier. C’est la meilleure chose qui puisse arriver » . Au Real, à José et à lui-même, pour sûr. Pour Iker, il faudra bûcher pour retrouver son trône.
Par Robin Delorme, à Madrid