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Diego Forlán et l’amour de la petite balle jaune
Le club de Peñarol dit Welcome back à Diego Forlán. Près d'un quart de siècle après avoir joué pour ce club de Montevideo alors qu'il avait à peine 12 ans, le bel attaquant revient au bercail, probablement pour y finir sa carrière. Il pourra surtout profiter de son retour dans sa ville natale pour aller taper quelques balles au Carrasco Lawn Tennis Club, où il était licencié au même moment, et où les coachs attendent de revoir l'enfant chéri.
Le Carrasco Lawn Tennis Club porte fièrement le nom du Carrasco, le quartier de Montevideo dont il est devenu une institution. Un petit coin tout en bas à droite de la carte de la capitale uruguayenne, aux airs de station balnéaire, et dominé par le presque centenaire Hotel Carrasco qui trône sur le front de mer. Un hôtel luxueux pour un quartier élégant, aujourd’hui l’un des plus chers de la ville, et sans lequel le classieux club de tennis situé à quelques centaines de mètres n’aurait jamais vu le jour. C’est en effet à partir des courts qui dépendaient de l’hôtel que le Carrasco Lawn s’est créé, et qu’il est ensuite devenu le terrain de jeu de quelques tennismen professionnels, ainsi que du jeune Diego Forlán.
Enfant de la balle
Fils de la capitale, le petit Diego Forlán n’a pas vraiment le choix quand il s’agit de faire du sport. Papa international de football ayant participé aux Coupes du monde 1966 et 1974, grand-père qui a joué dans les années 30 au Club Atlético Independiente de Buenos Aires, qui sera ensuite son premier club professionnel, Diego fait du football par atavisme, mais il touche aussi sa bille une raquette à la main. C’est donc au Carrasco Lawn Tennis Club qu’il fait ses classes, et Miguel Moreira, chargé de l’apprentissage du tennis aux jeunes de 7 à 13 ans, se souvient : « Nous l’avons eu en tant qu’élève au sein du club de 8 ans jusqu’à ses 16 ans (…) Diego, il avait autant de passion pour le tennis que pour le football. Du coup, il a pratiqué les deux sports aussi intensivement jusque 13 ans(…) Personne ne pouvait imaginer une seconde qu’il allait devenir la légende qu’il est aujourd’hui en Uruguay. » Nous arrivons alors dans les années 90, période d’essor pour le club et pour le quartier de façon générale, avec l’arrivée de nombreux commerces, banques et immeubles qui assurent définitivement au Carrasco son statut de quartier huppé.
Revers à Carrasco
La réputation du club de tennis, elle, n’est plus à faire. Marcelo Fillipini, Fiorella Bonicelli, José Luis Damiani ou encore Diego Pérez sont des habitués de sa terre battue, et le petit Forlán vient y traîner sa carcasse d’enfant hyperactif, comme le souligne à nouveau Miguel Moreira : « Il avait toujours envie de frapper dans la balle. Il s’entraînait sur un mur avec des cercles pour cibler les zones de frappe. À la main d’abord, puis avec les deux pieds ensuite ! On avait différents horaires au club : des heures pour le tennis, d’autres pour le foot. Lui, il enchaînait tout d’une traite. C’était une activité ludique, il n’avait aucune obligation et profitait simplement du sport. »
Une double activité que Diego Forlán devra quitter, un peu par obligation de faire un choix, beaucoup à cause d’un drame qui frappe sa sœur Alejandra alors qu’il a 13 ans. Son aînée, elle aussi joueuse de tennis pratiquante, est victime d’un accident de voiture, au cours duquel son petit ami décède. Elle s’en tire, mais est clouée à vie sur une chaise roulante. Diego Forlán assure avoir pris la décision de se consacrer à 100% au football après cet épisode, à la fois pour respecter la tradition familiale et pour permettre aux siens d’avoir le meilleur cadre de vie possible : « Je lui ai dit quand elle était dans son lit d’hôpital que je deviendrais une star du football, pour être sûr qu’elle pourrait continuer à avoir une belle vie. »
Joueur de terre battue sud-américain arrive sur gazon européen
La suite est connue. Déménagement en Argentine à 17 ans, débarquement à l’Atlético Independiente sur les traces du grandpa’, et arrivée à Manchester United 91 matchs et 40 buts plus tard pour lancer sa carrière européenne. Sans jamais oublier de revenir dire bonjour à ses potes du Carrasco Lawn Tennis Club dès qu’il en a l’occasion, lui qui a acheté une maison dans le quartier. Miguel jubile déjà : « C’est vraiment un exemple ici, aussi bien le sportif que la personne. Avant d’être marié, il nous envoyait même des billets d’avion pour venir le rejoindre à Madrid. Maintenant qu’il joue en Uruguay, il devrait venir encore plus souvent ! Il apporte beaucoup de joie aux enfants, la célébrité ne l’a pas changé. » Le Carrasco Lawn Tennis Club n’a qu’une seule idole. Une idole qui aime les filets, en tout genre.
Par Alexandre Doskov et Antoine Donnarieix