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  • Disparition de Diego Maradona

Diego, à la porte du Paradiso

Par Adrien Candau
Diego, à la porte du Paradiso

Pendant sept ans à Naples, il suffisait de faire quelques minutes de scooter aux tifosi partenopei pour voir le meilleur joueur du monde en chair et en os. Dieu s'entraînait alors à leur porte, sur un terrain indigne d'une équipe de Serie A et aux installations vétustes. Bienvenue au Centro Paradiso, symbole déchu d'un Napoli et d'une idole qui ont attrapé le sublime, tout en réussissant à rester ancrés dans la tradition populaire du club azzurro.

Aujourd’hui, il n’en reste que des souvenirs. Les murs se sont effrités. L’installation a été pillée. Le toit, effondré, laisse entrevoir quelques trouées du ciel. L’herbe a poussé jusque sous les dalles et la nature, vorace, a repris ses droits sur les lieux, telle une jungle malveillante qui ne veut plus tolérer la présence humaine. On raconte que l’ancien centre d’entraînement du Napoli, le Centro Paradiso, n’abrite désormais plus qu’une seule relique du temps des merveilles, qui avait vu le club empiler deux Scudetti et une Coupe de l’UEFA entre 1986 et 1990 : une baignoire, dans laquelle Diego se lavait après les entraînements. Le complexe a été tristement laissé à l’abandon depuis que le club azzurro a fait en 2004 de Castel Volturno – à une cinquantaine de kilomètres de Naples – son nouveau camp de base. Qu’importe, le chef-lieu d’hier est encore le symbole d’une fusion passionnelle entre un joueur et une ville qui resteront indissociables pour l’éternité.

De la bonne boue et un mauvais bain à remous

Que retenir de Maradona au Centro Paradiso de Naples, où le joueur s’est entraîné de 1984 à 1991 avec ses partenaires ? D’abord, l’incongruité de l’image. Il faut se figurer Diego, grand apôtre du football mondial, jongler, dribbler, gambader sur ce terrain un peu minable, limite cabossé, parfois boueux, dont l’herbe irrégulière n’est pas exempte en rebonds douteux. Maradona se serait-il pour autant senti plus à l’aise sur un billard impeccablement entretenu ? Pas sûr. À en croire le Pibe de Oro, l’état tendancieux du complexe n’était pas sans lui évoquer quelques souvenirs de sa vie d’avant, en Argentine : « Le Centro Paradiso ressemblait plus au terrain d’entraînement d’une équipe de seconde division argentine qu’à celui d’un grand club européen. Les installations me rappelaient même ma vieille maison à Villa Fiorito(une ville de la province de Buenos Aires, N.D.L.R.), où j’ai grandi… Les murs des vestiaires tombaient en morceaux, il y avait un toit en tôle pour garer quatre voitures en dessous et le terrain était si dur qu’il nous cassait les tendons. » Pour amortir le choc, El Diez se cale carrément du caoutchouc sous les talons. « À l’époque, quand j’ai demandé à Ferlaino (le président du Napoli, N.D.L.R.) de nous construire une salle de sport en salle, il a répondu que cela coûtait trop cher. Le Milan en avait une immense et avait même une piscine chauffée… Nous avions à la place un seul truc : un bain à remous qui fonctionnait par intermittence… » Qu’importe, Diego s’accommodera aisément de ces installations archaïques, comme en atteste cette vidéo désormais célèbre, où on le voit enchaîner les retournés en se roulant joyeusement dans la boue du Centro Paradiso.

Sur ce terrain qui ne ressemble à rien, on aura vu le dieu napolitain marquer en tirant de derrière le but, jongler avec une bouteille d’eau, voire utiliser tout ce qui lui passait sous la patte pour mettre à l’épreuve son talent. « Il semblait exorciser ainsi la tension, en dribblant et jonglant avec des balles de tennis, avec ses chaussures dénouées, raconte Massimo Mauro, qui a évolué avec Maradona à Naples de 1989 à 1991. On aura également pu observer Diego s’exercer avec des oranges, des balles de ping-pong ou de baby-foot, histoire de varier les plaisirs, comme tout bon hédoniste qui se respecte.

Dieu à portée de scooter

Reste que Maradona à Naples, c’est surtout un homme dans une ville, dont les fresques qui ornent les rues attestent d’une présence et d’un souvenir qui laissera des traces physiques. Le Centro Paradiso ne fait pas exception à la règle. Diego qui se rend à l’entraînement, c’est une aventure. Tenter d’apercevoir l’idole, un spectacle à part entière. Contrairement à Castel Volturno, l’actuel centre d’entraînement du Napoli, le Centro Paradiso est très accessible pour les fans du club, puisqu’il se trouve dans le quartier de Soccavo, dans la banlieue ouest de la cité parthénopéenne. Voir Maradona, lui parler, effleurer du doigt l’idole relève alors du possible. « Maradona, le dieu du football, s’entraînait à Soccavo, un endroit où l’on pouvait, nous, les tifosi, se rendre en moto, voire en vélo », racontait ainsi le journaliste napolitain Gianni Montieri.

« C’étaient encore des années où tu voyais vraiment les joueurs, tu leur parlais le long de la rambarde qui menait des vestiaires aux chambres, rembobinait en 2014 le journaliste de La Repubblica Angelo Carotenuto. Tu savais s’ils s’étaient disputés avec leur femme. » Pour esquiver la foule monstrueuse qui l’attend tous les matins à proximité du complexe napolitain, Maradona doit ruser. Après s’être rendu à ses premiers entraînements en Ferrari rouge et noir, le numéro 10 avait mis au point un délicieux pas de coté pour s’éviter d’interminables bains de foule : il garait sa voiture de luxe à environ un kilomètre du Centro Paradiso et changeait de véhicule, en prenant le volant d’une Fiat 126 rouge. Une astuce d’un autre temps, tout comme le Centro Paradiso, qu’Aurelio de Laurentiis avait dû laisser de côté au moment de racheter le club en 2004. Un complexe que le président napolitain a expliqué vouloir racheter ces dernières heures, pour honorer la mémoire de Maradona. Signe que la légende d’El Pibe de Oro à Naples n’est pas faite que de coups francs grandioses inscrits face à la Juventus. Mais aussi de petites choses discrètes, futiles et savoureuses, comme regarder un type pour qui jongler avec une orange était autrement plus jouissif que de la découper en quartiers.

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