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Didier, si tu nous écoutes, prends Florian Sotoca
Promu cette saison en Ligue 1, le Racing Club de Lens n’a jamais regardé vers le bas et s’est battu pendant l’intégralité de la saison 2020-2021 pour accéder à une place européenne. Une énorme performance sur le plan collectif grâce à des hommes au grand cœur. Et s’il y a bien un nom à retenir pour Didier Deschamps au milieu de cette armée Sang et Or, c’est celui de Florian Sotoca.
Lors de son enfance passée sous le soleil narbonnais, Florian Sotoca s’est mis en tête de devenir footballeur professionnel. Un objectif que beaucoup se sont fixé tôt dans leur vie, mais dans la pratique, la réalité du marché offre peu de place aux élus. Qu’on se le dise : le parcours de Sotoca n’est pas celui d’Ousmane Dembélé ou Kylian Mbappé, promis rapidement à un avenir radieux dès les jeunes catégories. Pendant que le « génie français » débutait chez les pros sous le maillot de l’AS Monaco à 16 ans et 11 mois le 2 décembre 2015, Sotoca comptait ses minutes avec le Montpellier de Rolland Courbis à 25 ans. En fin de saison, son bilan sportif est trop léger : seulement deux matchs joués chez les pros en tant que milieu droit. Son contrat professionnel, acquis après un essai fructueux deux ans plus tôt, arrive à son terme. Dès lors, Sotoca a compris que pour faire son trou dans le grand bain, il fallait prendre son courage à deux mains. Quitte à plonger dans l’anonymat du National 2.
L’idylle grenobloise, la passion lensoise
Didier, soyons francs : quel autre footballeur sorti d’un club de Ligue 1 serait capable de redescendre trois échelons plus bas pour un simple challenge sportif ? Au Grenoble Foot 38, Sotoca est arrivé pour sortir du pétrin un club qui « ne méritait pas de jouer à cet échelon du football français ». Grâce à son expérience acquise au MHSC et sa connaissance du monde amateur, le joueur joue un rôle prépondérant dans la remontée du GF38 : accession au National 1 en 2016-2017, accession à la Ligue 2 pour 2017-2018 et maintien acquis haut la main dans l’antichambre de Ligue 1 en 2018-2019. Au-delà des résultats sportifs, Sotoca a prouvé qu’avec une grande humilité et beaucoup de travail, il était possible d’atteindre les sommets. À Grenoble, le Narbonnais a intégré le Hall Of Fame du GF aux côtés des illustres aînés Youri Djorkaeff, Robert Malm, Sergio Rojas ou Nassim Akrour. Dès lors, son statut a logiquement fini par devenir trop grand pour l’Isère.
Résultat ? Un transfert au RC Lens, candidat à la montée en Ligue 1 et heureux d’accueillir un renfort supplémentaire. Cela dit, il faut tout de même faire ses preuves pour accéder au poste de titulaire dans un club à la dimension populaire exceptionnelle. « Mon intégration s’est vraiment bien passée, nous confiait l’intéressé en avril 2020. Il y a un côté chaleureux dans cette région. Si tu aimes le football et que tu signes à Lens, tu viens pour vibrer. » Cela tombe bien : malgré la pandémie, Sotoca a permis aux Nordistes d’accéder à la Ligue 1 sans le savoir en marquant le penalty de la victoire contre Orléans (1-0). De quoi rendre totalement maboule le speaker d’un stade Bollaert vide et offrir aux Sang et Or un retour dans l’élite attendu depuis 2015. Deux saisons professionnelles auront suffi à Sotoca pour retrouver le plus haut échelon national. Et en tant que taulier, qui plus est.
Sotoca sait honorer la France
Et une nouvelle fois, la montée en puissance ne s’est pas arrêtée là. Titulaire régulier au sein d’une équipe promue, Sotoca va se battre jusqu’au bout avec son club pour arracher une sixième place qualificative pour la Ligue Europa Conférence. Et si Didier Deschamps pourrait penser que le numéro 7 lensois n’aurait pas les épaules pour une compétition internationale, la pratique donnerait tort au sélectionneur national. En 2013, l’inscrit en licence STAPS est convoqué pour participer aux Universiades organisées à Kazan, en Russie. « Là-bas, c’était énorme : la cérémonie d’ouverture devant 40 000 spectateurs, nos matchs contre le Brésil, la Grande-Bretagne… Le niveau était élevé par rapport à ce que je connaissais, mais nous avons réussi à remporter la médaille d’or, décrivait le joueur dans le SO FOOT CLUB de juin 2020. Une aventure extraordinaire ! » Voilà comment prouver sa capacité à connaître le succès avec le maillot bleu. Enfin, Sotoca et le stratège italien Arrigo Sacchi ne le savent sans doute pas eux-mêmes, mais ils ont un point en commun : avant de percer dans le football, ils étaient tous les deux vendeurs de chaussures. Alors Didier, prends FS7, tu auras là une vraie pointure.
Par Antoine Donnarieix