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Didier le maudit
Oui, l'Olympique marseillais de Didier Deschamps est, au bout des six premières journées de championnat, positionné à la dernière place du classement : 20ème. A en croire son niveau de jeu, l'OM et Deschamps filent droit vers la Ligue 2. Rien de surprenant, Didier est maudit.
Le football est un sport où le hasard n’a pas sa place. Loi des séries, chance provoquée, poteaux carrés. Les supporters marseillais ne veulent pas y croire, leur club est lanterne rouge de Ligue 1. Les supporters marseillais appliquent à la lettre le conseil donné à ceux qui ont le vertige, « ne regardez pas en bas » . Parce qu’en bas, c’est la Ligue 2. Et qu’ils le veuillent ou non, c’est bientôt là que l’OM se retrouvera, parce que l’homme qui les y conduira a passé un pacte avec le diable, il y a de ça quelques années maintenant.
Didier Deschamps est né footballeur moyen. Volontaire avec de grosses facultés physiques, un mental en acier et une technique de CFA dans les pieds. Avec des attributs pourtant moyens, il devient l’un des joueurs français les plus titrés de l’histoires : champion du monde et d’Europe avec les bleus, double champion d’Europe (avec Marseille et la Juventus, dont trois finales perdues), double champion de France (Marseille), triple champion d’Italie (Juventus) et une Cup anglaise (Chelsea). Un palmarès long comme le bras, qui, contrebalancé à ses qualités de base, ne laisse pas de doute sur la pratique d’une science occulte. Sa coupe à la brosse toujours arborée en 2011 n’est qu’un indice de plus. Le D au carré a eu recours à la magie noire, une magie qui, personne ne l’ignore, se retourne toujours contre son invocateur. Le prix à payer pour la Desch’ est aussi dramatique que ses succès ont été flamboyants : il verra, à jamais, les clubs qu’il a aimés, sombré dans les enfers de la deuxième division. Implacable.
De Nantes à Marseille
Deschamps démarre sa carrière au FC Nantes en 1985, pourtant très jeune, il s’impose en tant que milieu défensif aux cotés de son ami de toujours, Marcel Desailly. Il passe quatre saisons au sein des Canaris, pour un total pas dégueu : 119 matchs et 6 buts inscrits. Deschamps n’aura de cesse de répéter toute la tendresse pour le club qui l’a formé. La malédiction est en marche, le FC Nantes est relégué en deuxième division en 2007, puis en 2009. 1990, le petit milieu de terrain pose ses valises sur la Canebière. Débauché par Tapie (homme maudit parmi les maudits), DD s’impose comme le capitaine et le leader de la meilleure équipe de France. Il enfile les championnats comme les perles et en guise de cadeau d’adieu, il devient le premier capitaine français à soulever une coupe aux grandes oreilles. Deschamps n’aura de cesse de répéter tout le respect qu’il a pour le club qui lui permet de devenir un joueur de stature internationale. La malédiction frappe à nouveau, deux ans après le départ de son capitaine, l’Olympique de Marseille est rétrogradé en seconde division suite à l’affaire OM/VA.
Après avoir régné sur la France, le capitaine de l’équipe de France championne du monde débarque en Italie, à la Juventus Turin, la Mecque du football des années 90. Deschamps devient l’un des leaders d’une machine à gagner made in Lippi, qui ne doute jamais. Ce sont, pour Didier, les plus belles années de sa vie de footballeur où il devient l’un des meilleurs joueurs à son poste. Deschamps n’aura de cesse de répéter toute l’admiration qu’il a pour le club qui lui permet d’engrosser un peu plus son palmarès. La malédiction DD s’abat malgré tout comme une évidence sur le club piémontais, et la Juve est envoyée en Serie B en 2006. Didier Deschamps termine sa carrière dans des clubs de mercenaires (Chelsea puis Valence) avant de poser son survet’ en Tactel sur le banc en ronce de noyer de l’AS Monaco. Sur le Rocher, il apprend le métier d’entraineur, frôle par deux fois le titre de champion de France, et, avec une équipe qui séduit toute l’Europe, parvient en finale de Champion’s League (2004, 3-0 contre le Porto du Mou). Deschamps n’aura de cesse de répéter toute l’affection qu’il a pour le club qui lui offre de vivre l’une de ses plus belles aventures humaines. Comme par fatalité, la malédiction frappe aussi le club de la principauté, à la fin de l’exercice 2010/2011, l’AS Monaco descend en Ligue 2.
A la minute où Didier Deschamps lie un sentiment à un club, celui-ci est irrémédiablement condamné à souffrir. Plus ou moins tôt, plus ou moins tard. Et si, pour cet OM-là, la malédiction avait décidé de ne pas laisser trainer les choses ?
Par Frédéric Losada
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