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- PSG-Bruges 1-0
Didier Domi : « Paris n’a pas joué ensemble »
Latéral gauche formé au PSG, ayant évolué à Paris de 1994 à 1998, puis de 2001 à 2003, Didier Domi décrypte PSG-Bruges (1-0). Notre consultant a vu une équipe parisienne inconsistante, qui a laissé trop d'espaces entre les lignes.
À l’aller, tu estimais que Philippe Clement avait gagné la bataille tactique face à Thomas Tuchel pendant la première heure de jeu. C’est encore ton sentiment après le match retour, où Bruges a raté la balle d’égalisation sur penalty à la 76e ? Cette équipe de Bruges – qui jouait cette fois en 4-2-3-1 – n’a pas peur de jouer quel que soit l’adversaire en face. Les Belges ont fait un vrai match de Ligue des champions à la récupération du ballon. En seconde période, c’était une récupération médiane, puis, dans les 40 derniers mètres, puis les 30 derniers mètres, puis Diatta vient la prendre de la tête à Marquinhos à l’origine du penalty… Voilà pourquoi Bruges méritait le match nul.
Comment expliquer que Bruges ait réussi à trouver autant de décalages sur son côté droit face à Bernat ?Dans le premier quart d’heure, tu as énormément d’espaces. Des fois, c’étaient les attaquants parisiens qui étaient en retard, des fois les milieux, des fois, il y avait au moins quinze mètres entre les attaquants et les milieux. Quand Verratti sortait, il était souvent en retard. Comme il était en retard, il resserrait vers le milieu et on se retrouvait sur le côté avec des deux-contre-un ou des un-contre-un. Il y a même une action où le défenseur central envoie une transversale vers Dennis qui montre que Paris n’y était pas au pressing.
Dans quels secteurs Bruges a dominé Paris ?
Dans tout ce qui est la couverture d’espace, l’agressivité, être proches les uns des autres… les Belges étaient meilleurs que le PSG. Le latéral gauche (Ricca), même si Di María décrochait au milieu de terrain, il le suivait sans problème. Dans ce cas, un espace se crée dans le dos du latéral, et c’est là où Diatta et Dennis ont fait énormément d’efforts pour revenir boucher l’espace en défense. Par rapport au match aller, il y avait la bonne décision dans la dernière passe, mais tu sens que c’est une équipe qui souffre en matière d’efficacité. Et ça leur a encore fait défaut : regarde le penalty mal tiré… Avec un attaquant un peu meilleur dans l’exécution contrôle/frappe, Bruges pouvait même gagner ce match.
Contrairement au match aller, Idrissa Gueye était là. Comment juges-tu sa prestation ?Il ne peut pas tout faire tout seul. Je juge le milieu de terrain à trois. En première période, ils étaient sur la même ligne, et ça, ce n’est pas bon du tout pour jouer au football. Je ne les ai pas vus faire des courses dans le dos des milieux adverses. Paris n’a pas joué ensemble, tout simplement.
Un mot sur Icardi, encore buteur…
Notre ami Icardi… J’ai vu la stat : il était à quatre touches de balle à la 19e – huit de moins que Navas à ce moment-là. Et à la 22e, cinquième touche, but. Certaines fois, je l’ai vu décrocher, il faisait des super mouvements. Icardi est capable de la mettre en une touche dans l’espace, ce n’est pas donné à tous les attaquants. Donc, j’aimerais bien qu’il participe un peu plus souvent au jeu pour créer des espaces pour Mbappé, Bernat, Dagba… L’association Cavani/Icardi ? En championnat, ça marcherait très bien, mais pas en Ligue des champions.
Le PSG n’est pas convaincant, mais il est qualifié avec 12 points sur 12, 0 but encaissé. C’est paradoxal ?Quand tu abordes ce match avec neuf points et des adversaires loin derrière, tous ces espaces laissés entre les lignes, c’est juste une question d’approche. Tu as une équipe de Bruges tactiquement très bien rodée et une équipe du PSG à 70 voire 80% dans tous les domaines : la concentration, les déplacements…
Quels enseignements faut-il en tirer ?
Ce genre d’équipe qui te maintient sous pression, c’est une très bonne répétition avant les huitièmes de finale. Le PSG doit beaucoup progresser en consistance. C’est dans la tête que ça se passe. Et c’est des expériences de ce type qui doivent faire passer un palier. Comment on aborde ce match ? « On est presque qualifié ? Et alors, on doit marcher sur Bruges ! » Mais tu sens que le PSG n’a pas encore cette mentalité. L’influx nerveux, la concentration, l’énergie ne tournent pas de la même manière contre le Real Madrid et contre Bruges, c’est sûr, mais comme il y a une évolution tactique tout au long de la saison, il doit y avoir une évolution dans comment on aborde les matchs.
Propos recueillis par Florian Lefèvre