Didier Domi : « Mbappé, Neymar et Messi mettent en danger le bloc équipe du PSG »

Comment doit-on analyser cette première période décevante du PSG face au Maccabi Haïfa ? Cela a rappelé, par séquence, certains mauvais côtés aperçus l’an dernier. On a vu ces mauvais côtés surtout parce qu’on a raté beaucoup d’occasions, dont certaines qui étaient assez faciles à concrétiser. J’ai en tête un face-à-face de Neymar et une autre occasion où Kylian Mbappé tergiverse. Deux situations où, avec leurs qualités, ça doit faire but assez aisément. Paris a eu 3-4 occasions nettes en passant dans le dos de leur défense, mais il y a eu un manque d’efficacité dans le dernier geste. Cela a mis le Paris Saint-Germain dans des situations difficiles, cela l’a obligé à concéder des occasions. Il y a eu des manques dans l’inspiration, dans l’intensité aussi, et puis il faut dire que le Maccabi a fait une bonne première période.

Le trio Mbappé-Neymar-Messi s’est rapidement coupé du reste de l’équipe. Cela explique-t-il la facilité avec laquelle les joueurs du Maccabi se sont montrés aussi dangereux ?C’est clair. C’est un constat que l’on avait la semaine dernière face à la Juventus. Ils mènent la vie dure à Vitinha et Marco Verratti ! (Rires.) À défaut de faire un pressing tout terrain comme les grandes équipes, on n’a pas ce souci de faire l’effort, de juste se replacer derrière le ballon. Dans des angles où ils vont pouvoir couper les passes, en étant face au porteur du ballon. Cela demande un tout petit peu de générosité, et ça, Paris ne l’a pas encore. Si l’attaque repose sur le ballon, la défense repose sur le travail. Tu ne peux pas demander à Lionel Messi de faire les mêmes efforts que Verratti ou Vitinha, mais tu peux lui demander de faire ces 10-15 mètres pour se replacer derrière le ballon. D’aller gêner l’adversaire. On ne l’a pas vu dans la durée, comme face à la Juve.

Que ce soit la Juventus ou le Maccabi Haïfa ce mercredi soir, l’opposition n’était pas très relevée. Cette équipe peut-elle évoluer avec son trio lorsque l’adversité sera plus importante ?Quand tu as ces trois grands joueurs, il ne faut pas s’en priver. La qualité de passe de Leo Messi, la forme exceptionnelle de Neymar, Mbappé qui marque aussi… Je crois qu’ils sont capables de le faire, de pouvoir évoluer ensemble sans pénaliser l’équipe sur le plan défensif, mais il faut une prise de conscience sur 90 minutes. Ils mettent en danger le bloc équipe par moments, et je ne crois pas qu’ils en sont conscients. Ça passe par un message un peu plus ferme de Christophe Galtier et par de la vidéo. Ce PSG peut ouvrir n’importe quel coffre-fort, tout comme il peut perdre contre n’importe qui. Pour une équipe de ce niveau – que j’évalue avec les mêmes critères que les autres grands d’Europe que sont le Bayern, Manchester City, le Real ou le FC Barcelone par exemple -, elle concède beaucoup trop d’occasions face à une formation comme le Maccabi Haïfa. Leur bloc équipe est beaucoup plus compacte, ils maîtrisent mieux les concepts défensifs et sont mieux préparés tactiquement à la perte de balle. Mais, il y a quand même eu des bonnes choses, et je pense notamment à Mbappé.

Qu’as-tu pensé de la performance de Mbappé ?Il y a eu ce manque aux abords des 30 derniers mètres en première mi-temps, mais c’est là qu’on voit que Paris a des joueurs de classe mondiale. Il faut quand même se rendre compte que c’est le dixième match de suite en Ligue des champions où il se montre décisif (Kylian Mbappé a inscrit 9 buts et délivré 6 passes décisives sur les dix derniers matchs de C1 du PSG, NDLR). C’est extraordinaire de réaliser ça à seulement 23 ans. C’est pour cela que j’insiste sur la prise de conscience collective que lui, Neymar et Messi doivent avoir : de se dire que Paris a les moyens d’aller au bout, et que cela passera par eux.

30 – Kylian Mbappé a inscrit 30 buts en 46 matchs de Ligue des champions avec Paris, égalant Edinson Cavani comme meilleur buteur du club dans la compétition. Inéluctable. #MACPSG #UEFAChampionsLeague2022 pic.twitter.com/m90TsGxjLN

— OptaJean (@OptaJean) September 14, 2022

Depuis le déplacement sur la pelouse de l’Istanbul Başakşehir (2-0) en octobre 2020, le club de la capitale a toujours au moins encaissé un but lors de ses dix derniers matchs de Ligue des champions à l’extérieur. Qu’as-tu pensé de la performance défensive de Paris ?Pour parler de façon ciblée sur la partie défensive de ce PSG, je trouve qu’il y a encore des soucis dans la gestion de l’espace. Surtout quand Danilo Pereira joue, car il a encore des réflexes de milieu de terrain : il a tendance à sortir et de ne pas avoir la lecture de jeu d’un défenseur. Marquinhos est parfois aussi un peu en retard par moments, ça peut aussi passer quelques fois dans le dos de Sergio Ramos. Ça peut se régler. Tout part de la base : vu que les trois de devant défendent très mal, que tu laisses donc trop d’espaces à côté de Verratti et de Vitinha, tu concèdes beaucoup d’occasions. Tu ne peux pas demander tous les efforts à ta défense. Enfin, quand Paris est en bloc bas, il n’y a pas assez de pressing. Sauf erreur de ma part, le Maccabi avait tiré onze fois à l’heure de jeu. Parce qu’il n’y a pas de bloc équipe. On demande parfois trop aux défenseurs, et on oublie que le travail défensif est l’affaire de tous, que ça passe notamment par du replacement défensif. Tu vois toujours le caractère d’une équipe sur comment elle défend ensemble, quelle agressivité elle met et quel pressing elle met.

Le prochain match du PSG en C1 sera à Benfica le 5 octobre prochain. Qu’attends-tu à voir comme amélioration au bout de deux mois de compétition ?Déjà, l’équipe est plutôt performante avec le ballon. Notamment dans les sorties de balle à trois. Vitinha est très bon avec Verratti, je l’ai d’ailleurs trouvé très généreux ce soir. Tu peux toujours compter sur la vitesse de Mbappé et sur les présences à l’intérieur du jeu de Neymar et de Messi, tu sens déjà une belle amélioration dans ce domaine par rapport à l’an dernier. L’équipe est plus créative. Le seul bémol sur ce point, c’est qu’ils ont trop tendance à passer par l’intérieur du jeu. Ils oublient parfois leurs latéraux, qui étaient Nuno Mendes et Nordi Mukiele ce mercredi soir, alors qu’eux sont très importants justement pour écarter le bloc adverse et participer à créer ces chemins au cœur du jeu. L’axe de travail majeur, pour conclure, se situe dans le contrepressing lorsqu’ils perdent le ballon : Paris a encore beaucoup de progrès à faire sur ce point.