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Didier Domi : « La connexion Neymar-Icardi n’a pas existé »
Latéral gauche formé au Paris Saint-Germain et passé par le club de la capitale de 1994 à 1998, puis de 2001 à 2003, Didier Domi décrypte la victoire renversante du PSG face à l'Atalanta en quarts de finale de Ligue des champions.
Thomas Tuchel avait décidé de titulariser Marquinhos et non Leandro Paredes comme pointe basse de son milieu à trois. Qu’est-ce que tu as pensé de ce choix ? Tu peux être surpris par ce choix, en te disant que Paredes et Ander Herrera auraient été plus à même de sortir le ballon. Mais ceux qui suivent le championnat italien ont vu comment pressait l’Atalanta face à une équipe en 4-3-3 : Papu Gómez reste collé aux basques du 6, Duván Zapata et Mario Pašalić vont fixer les deux centraux, Hans Hateboer et Robin Gosens, sur les latéraux parisiens. Conséquence : cela crée une situation de « un-contre-un » sur la totalité du terrain. Tuchel s’est donc dit : je ne vais pas prendre de risques, même en mettant Paredes, alors que je n’ai pas Ángel Di María, Marco Verratti et Kylian Mbappé pour aider Neymar à la sortie du ballon. On a du coup eu un jeu très direct sur le Brésilien qui était souvent positionné dans l’axe. Pourquoi ? Parce que s’il arrive à se retourner, et à la donner en une touche à Mauro Icardi qui lui remet comme dans les trois premières minutes de jeu, Mattia Caldara (le plus central des trois défenseurs centraux) sort sur lui et Neymar peut donc dévorer l’espace énorme entre Rafael Tolói et Berat Djimsiti, qui sont concernés par les déplacements vers l’extérieur de Mauro Icardi et Pablo Sarabia. On n’avait peut-être pas les capacités de sortir proprement le ballon, alors on s’est adaptés.
Il est clair que Paris a, dans un premier temps, totalement refusé de défier le pressing de l’Atalanta en abusant de longs ballons. Le milieu parisien n’avait réellement pas la capacité de résister à la pression, notamment avec l’absence de Verratti ? Tout à fait, mais ce n’est pas seulement dû à l’absence de Verratti. Il y a celle de Di María, aussi. Car quand tu n’as pas Di María qui peut rentrer à l’intérieur, que tu n’as pas Verratti qui est l’un des meilleurs milieux au monde sous la pression, tu es obligé de t’adapter. Bravo donc à Tuchel pour cela, car quand tu vois Keylor Navas, Thiago Silva ou les autres qui ont toujours tenté de trouver Neymar dans une position très axiale pour les raisons évoquées précédemment, les consignes ont été respectées.
Même s’il y avait cette verticalité dans le jeu, Paris a souffert pendant près d’une heure, notamment des appels de Papu Gómez entre les lignes.Papu a été fort. Il est d’une intelligence rare. Il peut se positionner entre les lignes, mais il était aussi souvent côté droit pour créer un 4 contre 3 avec Hateboer, Pašalić et Marten de Roon. Il est extrêmement intelligent pour trouver des angles de passe, et aussi aller se réfugier sur un côté, autrement dit là où Marquinhos ne pourra pas le suivre. C’est vrai que le Paris Saint-Germain a parfois eu du mal à se défaire du pressing et à sortir, mais Neymar, mamma mia ! Il a eu beau rater deux belles occasions, il a énormément varié son jeu. Tantôt en une touche avant d’aller dans l’espace, tantôt en une pour Icardi lorsque celui-ci est dans le tempo… C’est un joueur de classe.
C’est indéniable, mais avant les entrées en jeu de Paredes et Mbappé, Neymar n’a encore une fois pas trouvé de relais dans le camp adverse. L’entente avec Sarabia ou Icardi a été très compliquée. Cela ressemblait davantage à des exploits personnels.C’est vrai, et c’est pour cela que parfois, il faut être pragmatique. Icardi était quand même souvent en retard ou ne comprenait pas que Neymar voulait créer cette connexion avec lui. Mais même tout seul, Neymar a réussi à créer des décalages et à prendre l’espace. Il a pu s’en sortir tout seul. Même si parfois, il peut en faire trop, il a pris le jeu à son compte. La connexion avec Icardi ? Bien sûr qu’elle n’a pas existé. Mais même en étant isolé, Neymar a réussi à faire jouer ses partenaires.
Icardi, justement, a semblé vraiment hors de forme une nouvelle fois. Est-ce qu’il y a un débat possible sur sa présence en demi-finales de Ligue des champions dans une semaine ?Non, je ne pense pas. Je comprends : contre Saint-Étienne, il n’avait pas touché beaucoup de ballons. Contre Lyon, c’est pareil. Ce soir (mercredi), son langage corporel n’est pas bon. Comme on le disait précédemment, on ne lui demande pas de faire trente mille appels comme Edinson Cavani, on lui demande simplement de faire ces trois-quatre pas comme il l’a fait dans les premières minutes pour Neymar. Il a juste à faire deux-trois mètres, ce qui suffit à fixer son défenseur. Mais globalement, il a joué à contre-courant, sa relation avec Neymar a été très faible, certaines fois il n’a pas aidé Herrera côté droit… On attendait beaucoup mieux, au moins dans ses déplacements.
Ce qui ressort aussi de cette rencontre, c’est que les Parisiens ont profité de la baisse de régime de l’Atalanta pour s’en sortir. Sans cela, ils n’auraient peut-être jamais trouvé la clé pour inverser la tendance.Il te faut des joueurs de talent. Neymar et Mbappé sont des joueurs de talent, c’est aussi simple que cela. Quand Mbappé est entré, ça a fait la différence. Prenons deux scénarios. Si l’Atalanta n’avait pas plongé physiquement et continué à presser très haut, Mbappé se serait régalé dans leurs dos. Le deuxième scénario, c’est ce qu’il s’est passé. Ils ont levé le pied physiquement, mais Mbappé, lui, était frais. La connexion Neymar-Mbappé a fait la différence. Quand il est entré en jeu, Mbappé leur a fait peur. Enfin, la préparation physique du PSG pour cette rencontre a été bonne. Ils se sont préparés comme une équipe qui joue le maintien en championnat, en cherchant le plus rapidement possible de l’explosivité. Et attention, en face, on parle de l’Atalanta : une équipe qui a pu faire tourner en championnat lors des dernières journées, qui était en meilleur état physique.
Qu’est-ce que le PSG peut améliorer en vue de sa demi-finale ? Chaque match est différent. Leipzig ou l’Atlético, ce sera un autre scénario. Ce qu’il faut retenir, c’est quand même que le PSG est aujourd’hui en demi-finales de Ligue des champions. Cela faisait vingt-cinq ans que ce n’était pas arrivé. Paris a marqué deux buts dans le temps additionnel, c’est extrêmement bon pour le mental après ce qu’il s’est passé ces dernières années. De plus, Paris va récupérer Di María, Mbappé va potentiellement commencer… La seule chose que je sais, c’est que le PSG va récupérer de la qualité.
Par Andrea Chazy