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Didier Domi : « Il y a encore un écart entre Paris et le Bayern »

Propos recueillis par Andrea Chazy
5 minutes
Didier Domi : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Il y a encore un écart entre Paris et le Bayern<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Latéral gauche formé au Paris Saint-Germain et passé par le club de la capitale de 1994 à 1998, puis de 2001 à 2003, Didier Domi revient sur la défaite parisienne en finale de Ligue des champions face au Bayern (0-1).

Qu’est-ce qui prédomine à la fin de cette finale perdue par Paris ?Il y a quelque chose qui prédomine dans le football moderne actuellement : c’est que les joueurs de devant pressent sans être déconnectés du reste de l’équipe. Dès la première mi-temps, Leon Goretzka et Thiago Alcântara ont réussi à trouver des passes directes vers Alphonso Davies ou Kingsley Coman. Au milieu, tu avais Ander Herrera qui essayait de couper les angles de passes, mais Kylian Mbappé ou Ángel Di María étaient trop loin. Notre pression a été trop passive, pas assez agressive. Les rares fois où l’on a pressé plus agressivement ou que l’on a joué plus haut, on a eu quelques opportunités, notamment avec Mbappé quand il récupère un coup franc ou qu’il est trouvé tout de suite par Leandro Paredes. Et c’est la différence majeure entre le PSG et le Bayern. La pression mise par les Allemands tout au long du match a été extraordinaire. Sur notre côté droit, avec Di María qui était trop loin, Davies et Coman qui étaient trop facilement trouvés par Goretzka et Alcântara, ça commençait à devenir dur. Herrera, qui a fait un grand match, ne peut pas être au four et au moulin. Il ne peut pas se retrouver à l’intérieur et enchaîner derrière avec des courses de trente mètres pour aider Thilo Kehrer pendant tout le match.

La pression mise par les Allemands tout au long du match a été extraordinaire.

Comment expliques-tu qu’il y ait eu cette déconnexion ?Di María a vraiment trop marché à la récupération. Quand le Bayern pressait, tu voyais les latéraux aider Gnabry ou Coman. Parfois, tu voyais même Goretzka, Alcântara ou Thomas Müller venir en renfort. Au fur et à mesure, ils ont commencé à trouver des deux contre un. Comme par hasard, en seconde période, tu as beaucoup plus vu Joshua Kimmich, beaucoup plus de centres aussi. Et à force de concéder des centres, tu augmentes les risques de craquer. Sur le but, Kehrer n’est pas fautif. C’est davantage la charnière Thiago Silva-Presnel Kimpembe qui n’a pas su bien lire l’action. Tu le vois qu’ils sont sur la même ligne. L’alignement de la défense parisienne est défaillant sur cette phase de jeu.

Pour continuer à parler des trois de devant, Neymar et Mbappé étaient attendus et n’ont pas su répondre aux attentes placés en eux. Leur défaillance a déteint sur le reste de l’effectif, selon toi ?Oui, parce que c’est quand même le Bayern en face. Si le danger aurait été permanent quoi qu’il arrive, quand tu as ces occasions, tu dois les mettre au fond. Mbappé aurait dû être beaucoup plus électrique dans ses prises de balle, tueur devant, c’était trop soft. Quand Herrera lui fait cette remise exceptionnelle, il est trop passif. On n’a pas été performants devant.

Comment expliques-tu que le PSG ait autant souffert en début de seconde période ?Quand tu as 15-20 mètres entre ta ligne d’attaque et ton milieu de terrain et que tu as en face de toi des techniciens comme David Alaba, Kimmich, Alcântara ou Goretzka… Tu as beau avoir Herrera ou Marquinhos pour combler les brèches, ce n’est pas suffisant. L’un des points faibles majeurs du Bayern, on le connaissait : l’espace dans le dos de Goretzka et Thiago Alcântara. Au PSG, c’est la déconnexion des attaquants du reste de l’équipe qui permet aux adversaires de créer des décalages sur les côtés. À force de taper dans un mur, tu crées des fissures et c’est ce qu’il s’est passé ce soir. Au fur et à mesure que le PSG était de moins en moins compact, le Bayern s’est installé dans notre camp et a multiplié les offensives en passant sur les côtés.

J’aurais été beaucoup plus pointilleux dans le replacement, surtout côté droit.

Tu as le sentiment que Thomas Tuchel est passé à côté de son match ?J’ai trouvé qu’au niveau de l’attaque, c’était bien. On n’a pas mis Kylian Mbappé au milieu, on l’a mis côté gauche. Pourquoi ? Parce que quand Neymar redescend au milieu, si Jérôme Boateng ou Niklas Süle le suit, Mbappé peut faire une diagonale qui part du côté vers l’intérieur et appuyer où ça fait mal. En revanche, j’aurais été beaucoup plus pointilleux dans le replacement, surtout côté droit. Ils auraient dû suivre Kimmich et Davies, pour former des triangles avec Kehrer, Juan Bernat, Herrera et Paredes. Ce qu’il y avait de bien, c’est que Paredes et Herrera n’avaient pas peur d’adopter une position médiane et d’aller presser avec les trois de devant. On a d’ailleurs souvent récupéré le ballon dans cette situation. Je ne me rappelle plus à quelle minute, mais Paredes est sorti sur Thiago Alcântara, Herrera a dézoné pour sortir sur Goretzka et on a récupéré un coup franc bien placé grâce à Mbappé.

Quels enseignements peut tirer le PSG de cette finale de Ligue des champions ?Il y a encore un écart entre Paris et le Bayern. Il faut que Paris rattrape son retard sur cette notion de bloc-équipe. Il faut faire davantage de courses comme Herrera pour prêter main-forte à son partenaire et couvrir les angles de passes, multiplier les triangles entre milieu offensif, milieu relayeur et latéral. Ensuite, c’est évident, mais quand on a des occasions comme celles que l’on a eues, il faut les mettre. Enfin, il faut aussi avoir davantage de personnalité. On a trop reculé en deuxième mi-temps. Quand tu vois que le Bayern continuait en permanence d’avancer, même malgré Mbappé, malgré Neymar, ils ont montré qu’ils savaient en permanence qu’ils avaient la capacité de marquer. C’est une forme d’autorité, d’expérience qui servira à Paris pour les prochaines années.

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