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Didier Deschamps : « Je suis pas une nature qui s’inquiète »
Les Bleus sont arrivés à leur camp de base d'Istra, à 70 kilomètres de Moscou, et Didier Deschamps a fêté sa première journée sur place par une conférence de presse.
Benjamin Mendy n’a toujours pas joué 90 minutes. Vous avez des garanties sur sa capacité à le faire ?Des garanties, non, bien évidemment, de par son parcours. On fait en sorte qu’il soit de mieux en mieux, et il le sera avec le temps.
Comment va s’organiser cette dernière semaine avant le déplacement à Kazan ? Comment atteindre le pic de forme après la contre-performance face aux USA ?Ce n’est pas une question de pic de forme. Il y a des passages où on est plus dans le volume et dans la charge de travail. Mais la dernière semaine, c’est de l’affûtage. On réduit la charge.
Vous comptez faire quoi aux entraînements à part les mises en place tactique ?Il y a un programme qui est prévu avec des séances spécifiques par rapport à nos besoins et par rapport à l’adversaire qu’on aura samedi.
Et votre camp de base, il est comment ? Vous êtes heureux ?On est bien installés ! Le camp de base est très agréable, on a de l’espace. La Fédé a fait un gros travail pour personnaliser le lieu. Ce n’est pas le grand luxe, mais c’est fonctionnel et il y a tout ce qu’il faut.
Est-ce que ta vision du jeu et de ton métier ont changé depuis six ans que tu es à la tête des Bleus ?Elle est en perpétuelle évolution, par rapport à ce qu’il se passe et aux joueurs dont je dispose. Chaque jour, il y a des choses nouvelles. Le maître mot pour un entraîneur, c’est s’adapter. Je m’adapte avec mes idées en y incluant les joueurs parce que ce sont eux les acteurs. Il y a quelque chose à retenir de chaque expérience, et ça peut m’amener à modifier certaines choses.
L’Australie, quelles sont ses qualités et ses défauts ?Ils avaient l’habitude de joueur avec une défense à trois, ils sont passés à une défense à quatre. Sur les deux derniers matchs, ce sont les onze mêmes joueurs qui ont débuté. C’est une équipe avec un potentiel offensif intéressant. Ils sont dans un 4-4-2, un 4-5-1, c’est bien organisé, ils ne se contentent pas de défendre. C’est une équipe qui a des joueurs qui créent du jeu.
Ton équipe a des qualités différentes, mais on a du mal à lui trouver une identité de jeu fixe. Quel est le projet de jeu ? Les grandes lignes ?Projet de jeu… Je ne sais pas les impressions que vous avez, mais à chaque match, je construis mes équipes pour causer des problèmes à l’adversaire. C’est un rapport de force. Je tente d’avoir le ballon, même si la possession pour la possession n’amène pas toujours de l’efficacité. On est aussi plus performants dans l’attaque rapide que dans l’attaque placée. On doit être meilleurs dans l’attaque placée, j’ai des profils qui sont différents. L’idée fixe, c’est d’avoir le ballon et de créer des problèmes à l’adversaire.
Quels sont les pièges pour les nouveaux qui disputent leur première grande compétition ?Ils vont découvrir. Après, l’expérience, ils l’ont parce qu’ils sont dans des grands clubs. Et ils vont se nourrir de l’expérience de ceux qui l’ont vécu aussi. Certains vont être un peu plus stressés et tendus, l’idéal c’est d’arriver concentré et décontracté. Ça dépend du caractère et de la personnalité, mais il ne faut pas subir. Là-dedans, le groupe a un rôle important.
Est-ce que Griezmann est plus un leader qu’en 2014 ?C’est un leader technique par ce qu’il fait sur le terrain. Après, c’est quelqu’un qui a la joie de vivre, qui a très fréquemment le sourire. Il ne va pas se transformer en quelqu’un qui aboie et qui reprend les autres. Mais de par ce qu’il représente et ce qu’il peut véhiculer, c’est un élément moteur.
Les critiques contre Lloris, vous en pensez quoi ? Vous lui avez parlé ?Je ne vais pas commenter les critiques. Évidemment que je parle avec Hugo. J’ai des échanges, on est revenus, on en a discuté. C’est un poste spécifique, ingrat. À Nice, ça va très vite. Sur la frappe, il est un peu masqué, il a très peu de temps pour organiser ses mains. Celui des USA, il peut mieux faire sur ce type de situation, mais le poste de gardien est plus pointé du doigt. Les joueurs ont le droit de faire des erreurs, tant que ça n’amène pas à un but, ça reste une péripétie. Pas les gardiens. Hugo a l’expérience, et il vaut mieux que ça arrive avant que pendant.
Vous avez votre onze pour samedi ?Oui, mais vous attendrez pour le savoir.
Et les joueurs qui sont concernés par le mercato, ce n’est pas trop pesant ? On pense à Griezmann par exemple.C’est leur avenir. Ce n’est pas l’idéal, mais l’idéal, je pourrais pas l’avoir, donc bon…. Et Antoine, il reste en Espagne, donc ça va.
La défense, c’est un secteur qui t’inquiète ?Je ne suis pas une nature qui s’inquiète. Mais dans les grandes compétitions, la solidité défensive est importante. Toutes les équipes prennent des buts, mais évitons d’offrir des opportunités à nos adversaires.
Vous êtes avec vos joueurs depuis plus de dix jours. Il y a eu un changement de physionomie depuis que vous êtes à Istra et que tout est devenu plus concret ?Dès qu’on a pris l’avion, qu’on a mis le pied en Russie. On est dans le pays de la compétition. Ça ne change pas fondamentalement les attitudes, mais tous les joueurs ont compris qu’on était dans la semaine qui mène au premier match.
Le camp de base est très hermétique. C’est voulu ?On a besoin de tranquillité, mais je ne veux surtout pas avoir un style bunker. Je comprends la question déguisée. Mais on est aussi soumis à des règles de sécurité très élevées. Pour tout vous dire, même notre président qui est sorti ce matin n’a pas pu re-rentrer ! Est-ce que ça va s’assouplir ? Je l’espère ! Mais on a besoin d’un peu de tranquillité. C’est pas moi qui ai fait le camp de base.
Mbappé a déclaré qu’il aimait jouer avec Dembélé. Ça peut influencer tes choix et tes compositions ?Il y a des affinités de style de jeu qui peuvent rapprocher Kylian et Ousmane, ou Antoine. Olivier est dans un registre différent, mais l’association est compatible aussi. Je ne suis pas là pour faire jouer les copains des copains. Tant mieux s’ils s’apprécient, il y a des affinités dans tous les groupes. Mais heureusement que ce n’est pas un critère décisif.
Parlons de Giroud. Comment va sa tête, et comment il va dans sa tête ? On a l’impression qu’il a du mal à jouer avec les feux follets qui l’entourent.Sa tête va bien, il y a 6 points. Il ne touchera pas de ballons de la tête pendant les 48 prochaines heures par précaution. Après, si vous attendez de lui qu’il prenne le ballon et qu’il dribble quatre adversaires, non. Ça reste un buteur, même s’ils ne sont pas toujours beaux. Ça reste un but. Moi, je n’attends pas la même chose d’Olivier, de Kylian et d’Antoine.
Face aux USA, la France a eu du mal à passer dans l’axe où le jeu était souvent embouteillé. Du coup, la solution est venue de l’extérieur. Vous allez travaillé là-dessus ?Bien sûr. On était trop souvent dans une position axiale. Face à un bloc comme ça, nos latéraux sont restés trop souvent positionnés dans l’axe. Évidemment, ce sont des choses à améliorer, à travailler. La complémentarité des déplacements est différente face à un bloc bas comme ça.
Six joueurs de la Coupe du monde 2014 étaient titulaires contre les USA. C’est important d’avoir une base ?C’est plutôt un avantage, oui. L’expérience, le vécu, ça doit permettre de mieux appréhender le premier match et la compétition.
L’entraînement de demain ouvert au public, vous vous attendez à un soutien important ?La communauté française va se faire sentir, on l’a déjà vu à l’aéroport. Je ne sais pas la quantifier ici à Istra, mais si les joueurs veulent faire quelques photos et autographes, on le fera.
Les entraînements peuvent changer les choses dans ton esprit par rapport à tes compositions ?Je suis toujours très attentif avec mon staff, à chaque séance. Après, je ne suis pas là pour tout balayer.
AD, à Istra