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Deschamps et Macron, en toute immunité

Par Ulysse Llamas

Face à l’Espagne en demi-finales comme pendant tout l’Euro, le sélectionneur français Didier Deschamps a semblé fatigué, incapable de trouver la solution. Son absence d’écoute et son côté obtus ont sauté aux yeux, sans que ça porte préjudice pour la suite de son mandat. Comme son coéquipier au Variétés Club de France, un certain Emmanuel Macron.

Deschamps et Macron, en toute immunité

« Dans son panthéon footballistique personnel, Deschamps est une personnalité hors normes. » En 2018, Bruno Roger-Petit, le conseiller d’Emmanuel Macron annonçait au Parisien que son patron vénérait le sélectionneur de l’équipe de France. Les Bleus allaient alors chercher leur deuxième Coupe du monde. L’idylle était totale, le président de la République dansait dans le vestiaire de Moscou avec la bande de Dédé avant de les inviter à une longue cérémonie à l’Élysée. Six ans plus tard, l’un a décidé seul (ou avec Guy Stéphan) que la France ne devait pas bien jouer lors de l’Euro, et l’autre a décidé seul (ou avec Bruno Roger-Petit) de dissoudre l’Assemblée nationale. Des choix contestables et contestés. Les deux winners d’antan n’ont jamais été aussi peu en odeur de sainteté avec ceux qu’ils sont censés représenter. Alors, Didier Deschamps et Emmanuel Macron sont-ils deux faces de la même pièce ?

La vie de palais

La victoire des Bleus en 2018, c’est une leçon d’efficacité d’un projet partagé par des personnes aussi différentes qu’Adil Rami et Kylian Mbappé. Tout ceci semble lointain. Comme avec l’auteur de Révolution, la flamme qui lie les Français à DD s’est essoufflée. Cet Euro 2024 n’aura pas révélé le moindre sursaut – si ce n’est républicain –, ni de communion avec le peuple. Le sélectionneur a plongé les Bleus dans un déboire offensif, n’écoutant pas les conseils ou les voix dissonantes. Pas de Bradley Barcola dans le XI, mais des matchs entiers de Kylian Mbappé diminué, un milieu de terrain incapable de faire la différence, et un timide remaniement pour relancer Randal Kolo Muani à la place de Marcus Thuram à la pointe de l’attaque. Alors qu’on louait jadis son pragmatisme, sa capacité à être un jour ultra-débridé et le lendemain fermé à double tour, son jeu s’adaptant comme Emmanuel Macron promeut la flexibilité, Didier Deschamps s’est entêté. L’absence de colonne vertébrale autre que la culture du résultat a été criante en Allemagne. Il apparaissait en constante tension, incapable d’emmener son groupe. Il a séparé son effectif entre un groupe d’indéboulonnables comme Mbappé (les adorateurs du Nouveau Front populaire les appelleraient les « ultra-riches ») et « ceux qui ne sont rien ». Jonathan Clauss, Warren Zaïre-Emery et Ferland Mendy peuvent en témoigner.

La dentition est désormais aussi soignée que les photos présidentielles de Soazig de la Moissonnière, Deschamps comme Macron se fichent éperdument de ce qu’on peut bien leur dire. Peu importe qu’on soit politicien de comptoir ou sélectionneur de bar. Ils n’ont de comptes à rendre à personne. Même pas au président de la FFF Philippe Diallo, qui ne lui a donné comme objectif qu’une demi-finale de l’Euro et qui l’a confirmé jusqu’en 2026. « Qu’ils viennent me chercher », aurait dit Macron, qui avait 15 ans lorsque Deschamps soulevait la Ligue des champions avec l’OM. Quand Deschamps nous demande de « changer de chaîne » si on s’ennuie devant les Bleus, Macron répond lui à Jonathan qu’il n’a qu’à traverser la rue pour trouver du boulot. Répondre à un pauvre journaliste suédois qu’il s’en fiche si on s’ennuie devant son équipe, c’est renvoyer au placard « 66 millions de procureurs ». Et quand on lit : « Moi je vous respecte, essayez de respecter les personnes qui ont des responsabilités », on se demande de qui la citation émane. Nourri à la win depuis qu’il est arrivé ado à Nantes, DD est même resté dans sa tour d’ivoire, seul, souhaitant qu’on oublie les discours humanistes de ses joueurs, Jules Koundé en tête. « Moi, j’ai beaucoup de choses à gérer », disait-il au début de l’Euro.

Rendez-vous aux prochaines échéances électorales/sportives

Dans le déni de la défaite, comme quand le camp présidentiel élabore des scénarios où il tient le premier rôle même après avoir perdu des députés, ces deux hommes liés à l’OM rabâchent chacun un sac rempli d’excuses et circonstances atténuantes. Le « traumatisme » de Mbappé, la préparation commencée sans Adrien Rabiot ni Aurélien Tchouaméni, ou la nécessité de « maintenir des objectifs de croissance » ou de « garder le cap ». Mais après les avoir écoutés, les sentiments qui prédominent sont ceux de leur impuissance et d’une rupture. Les deux coéquipiers du Variété Club de France auront attendu un sauveur. Bradley Barcola aurait pu être cet enfant prodige, le Gabriel Attal du football français, mais ce mythe révèle une conception très Ve République du foot. Quand l’Espagne, autrefois si arrogante, change son approche, la France attend toujours son Kylian Mbappé contre l’Argentine. Avant, c’étaient Zidane ou Platini.

Pourtant, les résultats sont là, peu importe la manière. D’un côté, Macron argumente que le chômage a baissé. De l’autre, trois finales en douze ans, c’est propre. Évidemment, Deschamps comme Macron ne sont pas les seuls responsables. Mais ils se sont mis face à un sacré dilemme, que personne ou presque n’a demandé : être le sauveur ou le responsable de l’échec. C’est le revers du pragmatisme, de celui qui est prêt à tout pour la gagne. Quand il perd, c’est de sa faute. « La responsabilité est la mienne », admettait Deschamps après la défaite face à l’Espagne. Un aveu qui ne vaudra pas démission. Une question qui restera en suspens : de qui font-ils le jeu ?

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Par Ulysse Llamas

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