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Dida, pour le meilleur et pour le pire, encore
Beaucoup pensaient qu'il avait raccroché depuis un bail. Mais non, c'est vêtu de son maillot de l'Internacional Porto Alegre que le portier brésilien souffle ses 42 bougies. Et il en a encore sous les gants.
Treize années se sont écoulées depuis le dernier Mondial remporté par le Brésil. Sur les 23 champions du monde guidés par Scolari, huit jouaient ou jouent encore au football en 2015, Lúcio et Roberto Carlos en Inde, Ronaldinho, Rogerio Ceni, Rivaldo et Dida au pays, ainsi que Kleberson et Kaká aux USA. Fini donc les grandes affiches des joutes européennes, place à une préretraite bien méritée pour la grande majorité. La retraite, Nelson Dida l’avait d’ailleurs déjà connue de 2010 à 2012, avant de ré-enfiler les gants pour s’offrir un dernier baroud d’honneur qui dure déjà depuis quatre saisons.
Des adieux de San Siro…
Del Piero s’élance et tire le corner, sans trop de difficultés, Dida sort de ses six mètres, capte le ballon fermement, puis il relance direct d’un long dégagement et hurle pour accompagner la balle, quittant un instant sa légendaire pudeur. Les défenseurs bianconeri le réceptionnent et le mettent volontairement en touche pour laisser place à l’hommage, traduisant ainsi le respect que les adversaires éprouvent pour lui. Nous sommes à la 85e minute d’un Milan-Juventus, dernier match de la saison 2009-10 et que les Rossoneri remporteront 3-0. Les applaudissements de San Siro chaperonnent la sortie du Brésilien pour ce qui est en quelque sorte son jubilé. Une accolade avec Abbiati, son éternel rival, une autre avec son concitoyen Leonardo et rideau. À 36 piges, dont les 8 dernières en ayant tout remporté avec les Lombards, Nelson prend une retraite bien méritée, pense-t-on. Toutefois, de retour au Brésil, les rumeurs racontent qu’il continue de s’entraîner en attente d’un éventuel contrat, info qu’il confirme lui-même à l’été 2011. Une autre année passe, et on l’imagine avoir lâché l’affaire, profitant tranquillement de sa nouvelle vie en sirotant quelques cocktails sur les plages brésiliennes. Dida, c’est de l’histoire ancienne, quand soudain….
… aux retrouvailles avec le Brasileirão
24 mai 2012, la nouvelle circule sur les sites brésiliens : deux ans et dix jours après sa dernière apparition sur un terrain de foot, Dida décide de remettre le couvert du côté de Portuguesa. Trimestres insuffisants ? Besoin de cotisations supplémentaires ? Chez ce promu, il se retrouve en concurrence avec Tom qu’il fout sur le banc après seulement quelques rencontres. Le retour à la vie active a pour date un succès de prestige lors d’un derby contre São Paulo, et en gardant sa cage inviolée. Une performance qu’il réédite 11 fois pour un total de 31 buts encaissés en 32 rencontres. 16e et premier non-relégable, Portuguesa est sain et sauf, et Nelson a réussi son pari : celui de retrouver son niveau fait de hauts et aussi de bas, en atteste cette fantastique double cagade contre l’Atlético Mineiro de son pote Ronaldinho.
Qu’importe, cette année 2012 l’a bel et bien relancé, et il signe au Grêmio Porto Alegre, 3e et qualifié pour la Copa Libertadores. Luxemburgo préfère le vétéran au jeune Grohe titulaire la saison précédente et ne regrettera pas ce choix. Le Grêmio finit vice-champion, et son portier s’illustre en quarts de la Coupe de Brésil contre Corinthians lors d’une séance de tirs au but en stoppant trois tentatives, comme lors de la finale de Ligue des champions dix ans plus tôt.
En fin de contrat, Dida passe alors à l’ennemi et signe pour deux saisons à l’Internacional du haut de ses 40 ans bien sonnés. On raconte qu’une faille temporelle se serait ouverte lorsqu’il a affronté son collègue Rogerio Ceni de São Paulo en août 2014. Une de ses dernières apparitions en tant que titulaire, Alisson le reléguant sur le banc et Muriel en tribunes. Nelson est maintenant confiné à un rôle de troisième gardien et veille sur ses deux collègues aux patronymes féminins. Son avenir quand son bail se terminera dans quelques semaines ? Difficile de se prononcer. Comme à son habitude, l’ancien portier se fait très rare dans les médias. Muet voire autiste, c’est sur le terrain qu’il préfère faire parler de lui. En bien et en mal, certes. Mais au vu de ses prestations à l’entraînement récemment, la panthère Bagheera pourrait bien prolonger le plaisir, et le nôtre.
Par Valentin Pauluzzi