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Diarra, la dette de « je »
Absent depuis le 26 août, Lassana Diarra a plus fait parler de lui en dehors du terrain que sur la pelouse ces derniers mois. Manque de bol : ce n’est pas là qu’il est le meilleur. Et si, pour le joueur, l’urgence est en partie financière depuis sa condamnation à verser 10 millions d’euros au Lokomotiv Moscou, les attentes autour de celui qui doit être le patron de l’OM sur le pré sont également sportives.
Les Rita Mitsouko ne s’en doutaient peut-être pas en 1986, mais les mariages blancs finissent comme les histoires d’amour. Blanc et bleu, l’union entre l’Olympique de Marseille et Lassana Diarra n’a pas une gueule de conte de fées. Pas décidé à finir dans les bras maladroits de Zambo Anguissa, l’OM s’accroche à un amoureux frivole qui revient dormir au bercail, faute de mieux. Absent depuis le 26 août et une victoire à Lorient (0-2) en raison d’une blessure au dos, l’international français aurait pu ne jamais rejouer sous les ordres de Franck Passi. « Je pense que c’était mon dernier match sous le maillot marseillais » , avait-il notamment déclaré à L’Équipe, au sortir du Moustoir, avant de poursuivre : « On ne sait jamais ce qui peut se passer, mais il y a de grandes chances que je quitte l’Olympique de Marseille. » Du bol, Lassana Diarra n’en a pas eu, et c’est bien avec le maillot de Marseille qu’il devrait retrouver les terrains ce dimanche face à Metz. Un retour au sportif aux allures de grand bol d’air pour un OM en manque de patron et pour un Lass à l’image de son club : lost in transition.
Le Père Noël est une star
C’était la grande nouvelle de la semaine à la Commanderie : le retour de Lassana Diarra est imminent. Noël avant l’heure, notamment pour Karim Rekik, heureux comme un gosse en conférence de presse : « Quand il n’est pas là, on se sent différents. Il a beaucoup de qualités en tant que joueur et en tant qu’homme. Il fait partie des leaders du groupe. On est contents de le récupérer. » Content, le principal intéressé semble également l’être. Surmotivé à l’entraînement, l’international français aurait, selon La Provence, demandé un peu de rab au préparateur physique de l’OM pour être au top. La condition sine qua non de son retour selon Franck Passi : « Quand il entre sur un terrain, il veut être Lass’ Diarra. C’est une star, ce n’est pas n’importe qui. Et il ne veut pas que les gens voient la moitié de Lass’ Diarra ou le quart. On essaie de le pousser, mais il se connaît très bien, c’est à lui de décider. »
Une vraie bonne nouvelle pour l’OM quand on sait que les récentes titularisations de Zambo Anguissa ont grandement participé au naufrage technique du milieu phocéen et que la paire Vainqueur-Diarra a plutôt une bonne gueule. Un espoir aussi, pour les supporters phocéens, de voir la fuite des points en fin de match enfin colmatée par l’arrivée dans le onze d’un joueur d’expérience, d’un patron qui ne paniquera pas dans le money time. Un peu de bonheur enfin, car comme le barbu vêtu de rouge et blanc, Lassana Diarra a laissé un bon souvenir, il y a longtemps de ça, quand il écrasait la Ligue 1 sur son traîneau. Petit bémol : depuis quelques trop longs mois, à Marseille, on a appris que le Père Noël était parfois une ordure.
Double jeu
C’est bien connu : le Père Noël n’aime pas le printemps. C’est pourtant le moment qu’a choisi le TAS pour confirmer à Lassana Diarra son amende de 10 millions d’euros à verser au Lokomotiv Moscou pour rupture abusive de contrat. « J’assumerai la situation comme je l’ai toujours fait par le passé » , avait déclaré Diarra sur son compte Twitter. Sauf que lui comme l’OM sont dès lors bercés par Lassertitude, quand ce n’est pas de la Lassitude. Si Passi a pris le soin d’affirmer qu’il était « faux de penser que Lass était un problème pour l’OM » , le onze marseillais qui tangue déjà seul n’a pas besoin d’un capitaine qui n’a pas forcément la tête au navire. Diarra, un capitaine avec une double dette sur les épaules : celle due à Moscou et celle, plus morale, due à un OM dont le capitaine ne semble pas impliqué plus que ça dans le projet de son club.
« Mon contrat a été fait en deux parties. Une partie conventionnelle, une autre partie sous seing privé… Mon destin, je l’ai entre mes mains. L’OM est au courant. Juridiquement, tout est OK. Mais ça, ça ne me tracasse pas. J’espère et j’ose espérer que l’OM et Vincent Labrune vont tenir leur engagement » , avait-il déclaré cet été, avant de réclamer quelque six millions d’euros à la FIFA et à la Fédération belge de football. Finalement, le plus simple dans tout ça, c’est peut-être le ballon. Ça tombe bien, c’est ce que Lassana Diarra sait faire de mieux, même si les supporters marseillais lui ont reproché de s’être reposé lors des cinq premiers mois de l’année 2016. C’est aussi exactement ce dont l’OM a besoin. Oui, l’amour, c’est des zones de turbulence, mais c’est surtout du compromis. Jusqu’aux prochaines turbulences.
Par Swann Borsellino