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DiabyBen Arfa : les dessous d’une embrouille devenue classique

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DiabyBen Arfa : les dessous d’une embrouille devenue classique

Retour sur l'embrouille de cour d'école la plus célèbre du football français, entre Hatem Ben Arfa et Abou Diaby.

Dans un couloir d’hôtel de Lloret del Mar, un « fils de pute » résonne. L’insulte, généralement réservée à une bagarre de fin de soirée dans cette ville de la Costa Brava connue pour accueillir des étudiants en mal de fêtes et d’alcool à moindre coût, est ce jour-là prononcée par un petit homme au duvet apparent. La langue bien pendue, Hatem Ben Arfa, 15 ans, déclenche ainsi le courroux d’un gamin lui rendant trois têtes et dont les yeux témoignent d’une envie certaine de massacrer l’insolent : oui, Abou Diaby en veut à Hatem. Filmés par les caméras de Bruno Sevaistre, Hatem et Abou offrent alors l’une des scènes les plus mythiques du reportage À la Clairefontaine. Entre insultes, colère froide et larmes, Hatem Ben Arfa et Abou Diaby s’écharpent, sans savoir que cette altercation se retrouvera en bonne place des moteurs de recherche Youtube étant données leurs renommées respectives. Une embrouille comme le centre en a pourtant connu par dizaines, mais qui fait surtout écho à 3 ans de vie commune entre des adolescents promis au succès.

Ben Arfa, l’insolent

À l’arrivée en Espagne, rien ne laisse présager une telle scène. Embarqués dans un tournoi international, les troisièmes années de l’INF Clairefontaine débarquent en Catalogne sourire aux lèvres et avec l’envie de bien représenter la fine fleur de la formation à la française. M. Dussaut est du voyage, et les gamins tout heureux de partager ce moment d’évasion. Jusqu’au drame. Après deux matchs bien négociés, l’escapade offre ce moment de tension. À l’origine, une simple histoire de clé, comme tente de s’en souvenir Ricardo Faty : « Ils se taquinent par rapport à l’histoire de la carte. La carte elle marchait pas, l’autre il était censé avoir la carte, mais en fait, c’est l’autre qui devait l’avoir, enfin un truc dans le genre… » Problème, les mots dépassent le non-événement. Le signe d’une inimitié entre Abou et Hatem ? Faty poursuit : « Ils s’entendaient très bien ! La preuve, ils partageaient la même chambre lors du voyage. » Malgré les bonnes relations entre les deux camarades de promo, l’affaire s’envenime. La chambre du duo affichant porte close, c’est justement dans celle réservée à Faty que les débats se poursuivent. Les insultes fusent, tandis que Gregory Tomas, Adrien Mazuel et Garra Dembelé tentent de faire opposition de leurs corps. Hatem, lui, est bien décidé à enfiler ses crampons pour croiser le fer. Il faut dire qu’à l’époque, le jeune dribbleur n’est pas gamin à se laisser faire : « À l’époque, Hatem, c’était le plus petit. Donc s’il voulait exister, il ne fallait pas être le plus petit et le plus faible, sinon il se serait fait marcher dessus. Ça restait un groupe. Le moins bruyant, le moins établi, celui qui a le moins de caractère, c’est celui qui va le moins exister, c’est la nature. Mais il s’en est vite détaché, et surtout, il était très attachant » , explique Quentin Westberg, dit l’ « Américain » , avant d’être appuyé par Faty. « Hatem, c’était le chambreur, il aimait le rapport de force, déjà avec les entraîneurs ou les joueurs. Ça a toujours été comme ça, mais ça restait le chouchou de Clairefontaine. Mais c’était sa force, ça lui a permis de s’affirmer en tant qu’ado, puis en tant qu’homme. »

Une bagarre parmi tant d’autres

Clairefontaine est d’ailleurs un endroit où se forgent les caractères des adolescents. Livrés à une vie en communauté 24h/24h, les élèves du centre s’accrochent autant qu’ils rigolent. Et cette embrouille, si elle a lieu entre un Ben Arfa énervant et un Diaby « plutôt posé normalement » , n’est pas un événement isolé. En effet, il n’est pas rare de voir deux pensionnaires se battre à l’INF. Un lot presque quotidien comme le rappelle Westberg : « Ce jour-là, c’est juste que c’était filmé ! Mais le lendemain, il a dû y en avoir une autre qui est passée inaperçue, c’est tout. » Sur les images, les casques bleus qui s’interposent ont d’ailleurs l’air rompu à l’exercice. Posté sur le balcon, où il conduit Ben Arfa par le cou, Ricardo Faty s’amuse encore de la joute : « C’était vraiment une embrouille anodine, mais comme c’est Ben Arfa/Diaby, les deux têtes d’affiche, ça a fait le buzz. » Quant à savoir ce qu’Hatem peut bien dire posté derrière la vitre, Faty replonge dans ses souvenirs : « Il me dit en gros : « Laisse-moi, laisse-moi, on va se battre. » Et moi, je lui dis« Mais qu’est-ce que tu vas te battre, arrête, il va te défoncer. »Le balcon était la seule issue possible pour les séparer. Et après, ces imbéciles, ils ferment la porte, le rideau (rires)… C’est là que tu vois que c’est vraiment juvénile. » Pas de coups portés, soit juste une chamaillerie entre gamins tentant de se faire respecter. Quentin Westberg analyse : « On était comme des frères, c’est plus le fruit de trois ans de vie commune, on se connaissait par cœur. Et quand l’un est mal luné, qu’il est moins patient que d’habitude, ça donne des trucs comme ça. Mais tu vois bien que c’est pas méchant. » Preuve de ce rapport fraternel, les deux hommes finiront pas se calmer. Avec quelques larmes et des regards qui se perdent dans le vide une fois allongés sur leurs lits dans la même pièce. D’ailleurs, Westberg l’affirme « le lendemain, c’était terminé » . Sauf pour les caméras de Bruno Sevaistre.

L’indiscrétion des caméras

Car en réalité, si l’embrouille a laissé des traces, ce n’est pas tant par les mots prononcés ou l’énervement momentané. Pris sur le fait d’un moment intime, les deux hommes ont en effet plus souffert de l’image véhiculée par le documentaire et une certaine « mise en scène » que dénonce Faty : « Quand ils rentrent dans ma chambre, ils sont déjà énervés, et direct, je vois la caméra. À l’époque, je dis à Bruno de ne pas filmer. Lui me dit qu’il ne va pas le diffuser, que c’est juste comme ça… » Westberg abonde : « On a quitté l’INF en juin, et ça a été diffusé en juillet. Ce n’est pas tant les images, mais ce sont des moments à nous, ils auraient pu nous demander notre accord, on aurait été prêts à la digérer. Et puis tu ne penses pas aux retombées, que tout le monde te voit en France, il y a ta famille… Ils découvrent ton jardin secret ! » Pire, la voix-off pointe ensuite cette altercation pour expliquer un match nul peu convaincant des jeunes de l’INF, plombés par les méformes de Ben Arfa et Diaby. Du « n’importe quoi » pour Faty, des « foutaises » selon Westberg, et l’histoire semble avoir été quelque peu reconstituée. Restent ces images, sur lesquelles les deux hommes ont dû prendre du recul au fil des années : « Quand j’ai vu le reportage final, ça m’a foutu mal pour eux, explique Faty. Abou il était véner, Hatem aussi il était touché. Ça nous a un peu déçu, car il y avait un rapport de confiance, on ne cachait rien, on était naturels, mais on leur avait dit de ne pas forcément montrer ça dans le reportage. » Mais Westberg rappelle que depuis, de l’eau a coulé sous les ponts : « Je ne pense pas qu’ils se retapent les vidéos tous les jours en rigolant. Mais je sais qu’ils s’entendent encore très bien, c’est pas un truc qu’ils colportent depuis 15 ans (rires). Après, même si on a tous fait nos chemins, il y a ce lien fraternel, et ça, c’est resté. » . Comme quoi, un « fils de pute » qui résonne est un « fils de pute » qui s’envole.

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