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- Retraite d'Abou Diaby
« Diaby ? Sa carrière suscite chez moi de la tristesse »
Ça y est. Après des années de galère, Abou Diaby a dit stop, à 32 ans. Beaucoup regretteront de ne pas l'avoir vu aller plus haut : c'est le cas de Fabien Cool et Guy Roux, qui l'ont connu à ses débuts professionnels à l'AJ Auxerre.
Fabien Cool (ex-gardien de l’AJA)
« Il n’a pas fait tant de matchs que ça à l’AJA, il n’était pas tout le temps titulaire. C’était plutôt un joueur qui était lancé par moment.
Quand il a été lancé, il montrait un potentiel énorme qui ne demandait qu’à être développé. J’ai le souvenir d’un joueur élégant qui sentait le football, on sentait que ça allait devenir un grand joueur, il avait vraiment tout pour l’être. Il aurait fallu qu’il soit épargné par les blessures. On a suivi sa carrière parce que quand un joueur de son club est transféré dans un club comme Arsenal, c’est normal, même si on n’était pas de la même génération. On était sûr qu’il allait faire une grosse carrière. Quand quelqu’un est acheté par Arsenal à même pas 20 ans… Ce n’était pas un profil comme les autres, vraiment un gros profil.
On se doutait que s’il allait là-bas, c’était vraiment pour passer un palier supplémentaire. À Auxerre, quand il était jeune, je crois qu’il avait eu une double fracture tibia-péroné, vers les U19. Mais quand il était avec nous, il n’avait pas eu de gros pépin physique. On se dit c’est dommage, mais on s’y attendait, quelque part. Ça faisait longtemps qu’on ne l’avait plus vu, il était sans club depuis longtemps, il avait tenté de revenir à l’OM, on y a cru à un moment. Mais quand on a vu que ça ne passait pas, c’était inéluctable. »
Guy Roux (son premier entraîneur chez les pros)
« À Auxerre, il avait eu Daniel Rolland et Christian Henna comme entraîneurs avant moi. J’ai le souvenir de son passage au centre de formation. Il était déjà très talentueux évidemment, il est né avec ça. Il s’est bien développé physiquement, il a bien grandi.
C’était un garçon sérieux, intelligent comme on le voit en ce moment dans ses déclarations, de bonne famille, bonne éducation, bon respect des autres, sociable. Il avait permis à notre équipe d’être championne de France chez les jeunes, puis je l’avais emmené en stage en montagne avec les professionnels. Il avait été très bon, et au retour, on avait fait un match amical contre le Dinamo Zagreb : il y avait 8 membres de l’équipe nationale de Croatie en face, et il avait été le meilleur des 22, alors que je l’avais mis ailier gauche, il avait été formidable. À partir de là, j’étais certain que ça allait passer. Il jouait un peu, mais il se blessait, déjà, régulièrement. Ça l’a quand même un peu freiné. Je trouvais très malencontreux que l’AJA se sépare de lui en 2006.
C’était un tel talent… C’était une erreur de ne pas le garder le plus longtemps possible. J’ai le souvenir d’un joueur à blessures, même si sa blessure fondamentale est l’agression qu’il a subie en Angleterre en 2006. C’est l’un des joueurs les plus classes que j’ai entraînés, avec Jean-Marc Ferreri, Cantona, Pascal Vahirua, Cocard, etc. L’annonce de sa retraite ne m’a pas surpris. Je dois même dire que je pensais qu’il avait déjà arrêté. Il était blessé, il n’a pas réussi à revenir malgré ses gros efforts à Marseille, où ils ont fait le maximum… Sa carrière, c’est le même cas que Djibril Cissé : sans ses deux fractures, Cissé est au même niveau que Mbappé ! Diaby n’avait pas la vitesse de ces deux-là, mais il avait plus de classe dans le jeu, il était plus complet. Sa carrière, mis à part sa bonne partie à Arsenal, suscite chez moi de la tristesse. C’est un homme pour lequel on a de l’affection. »
Propos recueillis par Jérémie Baron