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Di Tommaso, l’homme au cœur tendre

Par Antoine Donnarieix
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Di Tommaso, l’homme au cœur tendre

Le 6 octobre 1979, la clinique d'Echirolles voyait la naissance d'un futur espoir du football français, David di Tommaso. Il n'est pourtant plus là aujourd'hui pour souffler ses 36 bougies. La raison ? Un décès brutal, il y a bientôt 10 ans.

Avant de s’endormir, on peut écouter de la musique ou lire un livre. Sinon, on peut penser à ce que l’on a fait dans la journée, ou ce que l’on fera demain. Mais parfois, et même souvent, on ne pense à rien, parce que l’on est épuisé, ou parce que l’on est en pleine digestion après un bon repas. C’est le cas de David di Tommaso, en ce 28 novembre 2005, dans la périphérie d’Utrecht, aux Pays-Bas. Ancien coéquipier du joueur au CS Sedan-Ardennes, Patrick Regnault raconte la dernière soirée de son ami de l’époque. « La veille, il était parti manger au restaurant avec son épouse dans le centre-ville d’Utrecht. En revenant chez lui, il avait eu une conversation avec Ludo Asuar par les réseaux sociaux : « Putain, je me suis cassé le ventre ce soir ! » Il lui a dit qu’il partait se coucher ensuite. Au petit matin, il s’est levé du lit, puis il est tombé. » Prise dans le feu de l’action, sa femme appelle au plus vite les voisins présents pour appeler les secours. Hélas, la faucheuse fera son travail habituel devant David pour l’emmener avec elle, à seulement 26 ans. Deux jours plus tard, l’autopsie pratiquée par les médecins est claire : Di Tommaso a succombé à un arrêt cardio-circulatoire. Dans son communiqué, le FC Utrecht lui rend un premier hommage : « Nos premières pensées vont vers sa famille, sa femme et son fils. Il parlait presque parfaitement le néerlandais après un an et demi parmi nous, et c’était un exemple de professionnalisme pour tous nos jeunes. Nous perdons plus qu’un joueur de football. » Parce qu’avant tout, « DiTo » était un homme heureux dans la vie.

La fierté d’Échirolles

Si l’ancien international Espoirs s’est fait connaître sous les couleurs de l’AS Monaco ou Sedan dans l’Hexagone, son histoire avec le football débute au sein du club de son père, le FC Échirolles. Au sein du deuxième club de la région iséroise derrière le GF38, le paternel Pascal, ouvrier pendant la semaine, passe une partie du week-end sur les rectangles verts. « Je l’ai connu depuis tout petit, parce que je suis très ami avec son papa, explique Pierre Dupupet, actuel entraîneur de l’équipe senior d’Échirolles, en division d’Honneur. Quand je jouais avec son père dans l’équipe première, il était toujours avec son petit frère Yohan, mais il ne regardait pas le match. Il préférait jouer à côté, et il revenait toujours à la maison plein de boue. » Si maman doit user la lessive pour nettoyer les vêtements de David et Yohan, cela a tendance à beaucoup se répéter. « C’est une famille élevée au ballon, résume Dupupet. Depuis tout petit, il voyait son père jouer, et sa mère, Pascale, accompagnait toujours son fils près des terrains. Échirolles, c’est un club très familial, où la fidélité compte beaucoup. La famille Di Tommaso, elle vient de ce milieu-là. »

Installés dans le quartier populaire de Teisseire, dans Grenoble, Pascal et Pascale voient les progrès démentiels de leur fils sur le terrain. « Avant de faire ses essais à droite à gauche, tu sentais déjà qu’il était rempli d’humilité, tu voyais qu’il était mature, analyse Dupupet. Il courait beaucoup sur le terrain, c’était un jeune déjà très athlétique, avec une VMA exceptionnelle. On pouvait le mettre en défenseur gauche, comme en défense centrale ou au milieu de terrain, il faisait toujours le boulot. C’était un grand travailleur, un garçon hyper sérieux. » Avec trop de talent dans les pattes, le jeune se crée une réputation régionale et jalouse le GF38, prêt à récupérer le gamin de 13 ans. « Il était très attaché à Échirolles, il avait sa famille, ses amis. Aller à Grenoble, ça ne l’attirait pas. Mais avec la coupe nationale des 14 ans, tout est allé plus vite pour lui. » Dans le tournoi, Di Tommaso attire les yeux de l’AS Monaco, où il partira parfaire sa formation, à 15 ans.

« Le sourire aux lèvres, prêt à rigoler, sortir des conneries »

Aux côtés de Gaël Givet ou Julien Rodríguez, « DiTo » apprend avec les meilleurs de sa génération. La concurrence est rude à La Turbie, mais il parvient tout de même à jouer 14 matchs entre 1998 et 2000 pour l’ASM sous la houlette de Claude Puel, devenant par la même occasion champion de France avec le club du Rocher. Peu utilisé à son goût, il trouvera à Sedan le club idéal pour s’épanouir pleinement. Copain de chambrée de Di Tommaso, Regnault garde des souvenirs impérissables. « Avec David, j’avais très vite sympathisé, avoue l’ancien portier des Sangliers. J’ai connu ses parents quand on se déplaçait vers la région grenobloise, c’était une famille très soudée. Ils me chérissaient comme leur fils. À chaque fin de match, ils préparaient deux sandwichs : un pour David, et un pour moi. Ils connaissaient mes goûts difficiles : c’était soit jambon blanc, soit rosette. Ce genre de gestes, ça te marque dans ta carrière sportive. » Élevé au savoir-vivre, Di Tommaso devient un membre influent au sein du club, même pour les côtés extrasportifs. « C’était un mec généreux, un beau gosse… Il avait le cœur sur la main, et humainement, c’était un plaisir de le côtoyer. Il avait toujours le sourire aux lèvres, prêt à rigoler, à sortir des conneries… Oui, c’était ça David. »

À l’aube de la saison 2004-2005 cependant, les deux amis doivent se quitter, Di Tommaso décide de signer au FC Utrecht. Une saison et demie plus tard, l’homme, désigné joueur de l’année par les supporters du club, regroupera environ 14 000 supporters locaux pour une réunion spécialement dédiée en son hommage. Comme le veut la tradition hollandaise, des feux de Bengale sont allumés pour répandre dans le Stadion Galgenwaard une immense fumée rouge. Depuis cette date, les joueurs d’Utrecht ne portent plus le numéro 4, quand ceux de Sedan ne peuvent plus arborer le 29. « Des joueurs que nous avons sortis chez les pros, David se différenciait : c’était un grand monsieur, en plus d’être un joueur de football, conclut Pierre Dupupet. C’était notre porte-drapeau sur le plan humain. Et puis, c’était quelqu’un de simple : de temps en temps, il venait s’entraîner avec Échirolles quand il avait un moment. » Dans les cœurs échirollois, « DiTo » sera toujours numéro 1.

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