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Di María, parti pour rester ?
Remplaçant de luxe cette saison, Ángel Di María profite actuellement des absences offensives pour se faire plaisir. Mais au regard de sa valeur économique, sa vente ferait du bien aux finances du PSG. Et son apport sportif fait débat.
Certains se sont concentrés sur ce plat du pied trompant Ciprian Tătăruşanu dès la onzième minute. D’autres se sont arrêtés sur son double raté (barre transversale puis tête loupée) peu après la demi-heure de jeu. Certains ont souligné que son but, le seul inscrit contre Nantes, a offert les trois points au Paris Saint-Germain. D’autres ne se sont toujours pas remis de cette occasion vendangée en deuxième période sur un centre en retrait parfait de Kylian Mbappé. Certains ont noté qu’une fois de plus, il avait été décisif. D’autres ont rappelé que ses occasions foirées auraient pu coûter la victoire à son équipe si les Canaris avaient vu leur égalisation validée par le corps arbitral. Comme d’habitude, et comme Tony Chapron aussi, Ángel Di María fait débat. Ce n’est pas près de s’arrêter.
Car voilà le leader du championnat en plein mercato hivernal, quasiment obligé de vendre pour rester dans les clous du fair-play financier. Alors, forcément, les regards se dirigent vers les remplaçants. Et si ces derniers représentent une valeur financière intéressante, c’est encore mieux. Ça tombe bien : joueur le plus cher de la planète en transferts cumulés en 2015 (avant que le marché n’explose avec les prix de Paul Pogba, Neymar et Mbappé), Di María représente le coiffeur dont l’indemnité potentielle est la plus élevée avec Julian Draxler. Largement devant Lucas, Hatem Ben Arfa ou Javier Pastore. Dès lors, pourquoi hésiter ? Tout simplement parce que l’Argentin, même s’il énerve, reste un excellent joueur de football. Surtout en ce moment.
Stats vs Impression
Profitant des indisponibilités de Neymar et Edinson Cavani, Di María a débuté la nouvelle année dans la peau d’un titulaire. Aligné d’entrée pour les trois matchs de 2018 (deux fois à droite, une fois à gauche), le quatrième choix offensif d’Unai Emery – Draxler étant désormais davantage utilisé au milieu – a répondu présent. Comme lors de la première partie de saison, en réalité. Celui qui a marqué cinq fois et réalisé une passe décisive lors de ses cinq derniers matchs avec la capitale présente jusque-là une feuille de statistiques tout à fait convenable, puisqu’il a été impliqué sur treize buts en quatorze présences dans le onze toutes compétitions confondues (six pions, sept assists). Disposer d’un joker de la sorte sur le banc relève donc de l’exception, et pourrait s’avérer utile dans la difficile conquête d’une C1.
Sauf que les chiffres ne font pas tout. Depuis son arrivée à Paris, l’ancien Mancunien excède autant qu’il séduit. Tout simplement parce qu’il manque de régularité, et parce que son talent frustre régulièrement les supporters du Parc des Princes. Comme son comportement, parfois qualifié de suffisant et d’individualiste. Tout cela s’est confirmé lors de la double confrontation avec Barcelone en huitièmes de finale de Ligue des champions l’année dernière : il existe le Di María titulaire magnifique de l’aller, auteur d’un doublé et capable de multiplier les bons choix comme les beaux gestes, et l’horrible Di María remplaçant du retour, qui contribue grandement à l’élimination surprise des siens en préférant la jouer solo et en oubliant de défendre utilement. Problème : on ne sait jamais vraiment si l’on va tomber sur l’ange ou le démon.
L’Unai convaincant
Emery, lui, a fait son choix : il croit en l’apport de Di María et souhaite le conserver. « Je leur ai parlé et je leur ai dit qu’ils étaient très importants, a répété l’entraîneur espagnol face à la presse en décembre, évoquant en même temps l’avenir de Pastore. Il faut s’adapter à ce rôle dans l’équipe, mais ils ont tous les deux beaucoup joué. Tous les joueurs veulent jouer tous les matchs, notamment les matchs importants. Et peut-être qu’ils n’étaient pas contents de ne pas les jouer, mais ils ne me l’ont pas dit. Je suis content d’eux. Je veux qu’ils restent ici. Ils sont importants. Ils jouent aussi des matchs importants avec l’équipe. Ils peuvent l’être d’ici la fin de saison. » Le genre de discours assez convenu, mais qui vaut certainement moins pour l’Italien d’adoption (évoqué avec insistance du côté de l’Inter) que pour l’ex-Madrilène. Lequel aurait été convaincu par les promesses de temps de jeu de son technicien. Au moins pour les six prochains mois. Après quoi, il sera certainement temps de partir. Pour le malheur de certains, et le bonheur des autres.
Par Florian Cadu