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Di María, l’après-Pérez
Feuilleton de l'été, Ángel Di María pourrait faire ses débuts aujourd'hui sous ses nouvelles couleurs, celles de Manchester United, face à Burnley. L'occasion pour l'Argentin de consommer une lente rupture avec la Maison Blanche, due à une relation exécrable avec son propriétaire, Florentino Pérez.
Quand Gareth Bale signe enfin au Real Madrid le premier septembre dernier, on promet le banc à Ángel Di María. Du haut de ses 91 millions d’euros de transfert, le Gallois devait venir envoyer des cœurs avec les doigts sur l’aile droite madrilène à la place du maigrelet argentin. Fideo est convoité, mais le lendemain, c’est Mesüt Özil, sentant les carottes en train de cuire, qui file à l’anglaise. Pendant l’été, la Maison Blanche avait aussi lâché 30 briques pour Isco, la jeune promesse de Málaga. Il y a embouteillage au milieu, la pression de la direction vise Angelito, mais le spaghetti de Rosario, en partie rassuré par les mots doux d’Ancelotti, décide de rester et de se battre pour garder sa place. Comme il l’a toujours fait, des catégories inférieures de Rosario Central à la capitale espagnole, en passant par Benfica. Dix mois plus tard, Di María est élu « man of the match » de la finale de la Ligue des champions. Il est le principal acteur de la Décima dont les supporters rêvaient tant. Ses prestations et ses statistiques sont exceptionnelles : meilleur passeur du club en Liga (17) et en C1 (6), et 43 titularisations dans la saison, ce qui le place dans le top 5 des hommes les plus utilisés par Carlo. Comme un doigt d’honneur envoyé à un président qui ne l’a jamais aimé. Et jamais voulu.
« Je ne suis pas du goût footballistique de certaines personnes »
Au moment d’entamer une nouvelle étape avec le maillot de Manchester United, Di María, sur lequel le PSG a lorgné pendant des semaines, a tenu à mettre les choses au point. S’il quitte le Real Madrid, c’est pour une seule personne : Florentino Pérez, qu’il ne peut pas piffrer depuis leur première rencontre, en 2010. Dans une lettre d’adieu aux supporters merengues, après quatre ans de bons et loyaux services, le joueur écrit : « Après avoir gagné la Décima, je suis parti au Mondial avec l’espoir de recevoir un geste de la direction, un geste qui n’est jamais arrivé. On a toujours voulu m’attribuer le désir de vouloir quitter le club, mais les choses ne se sont pas passées comme ça. Malheureusement, je ne suis pas du goût footballistique de certaines personnes. Tout ce que j’ai demandé, c’est que l’on soit juste. Il y a plusieurs choses que je prends en compte, et pas seulement mon salaire. » Pas de revalorisation salariale, pas de compliments, pas de soutien dans les moments durs. Une seule indication : la porte de sortie. Mais pourquoi ? Depuis son confortable salon du croisement des rues Chiclana et Hernandez, à une vingtaine de cuadras de la maison d’enfance d’Ángel Di María, Miguel, le papa, donne la réponse. « Pérez ne voulait pas d’Ángel. Son nom ne faisait pas assez rêver. C’est Mourinho qui a tout fait pour l’avoir. Quand on arrive à Madrid pour signer le contrat sur lequel on s’était mis d’accord verbalement, les chiffres n’étaient pas ceux promis, loin de là. Angelito a dit : « OK, je signe, mais si je gagne, vous m’augmentez. » Il leur a offert la C1, mais la promesse n’a pas été tenue. »
« Juste du marketing »
Remontée, Diana, la maman, enchaîne : « Le Real Madrid te veut juste pour vendre des maillots. Ce n’est plus du tout du sport, juste du marketing. Le joueur et la personne importent peu au président. Dès que tu as un problème, au lieu de te soutenir, on te lâche. » Les références sont nombreuses. Les deux principales : la naissance prématurée de Mia, la fille d’Ángel, entre la vie et la mort pendant de longues semaines – « Il n’a jamais raté un entraînement pour autant, il allait de la maternité au stade sans dormir » – et la mort du beau-père du nouveau Mancunien : « Le président a refusé de lui donner l’autorisation de venir à l’enterrement à Rosario, c’est Ancelotti qui l’a laissé s’absenter deux jours » , raconte-t-elle. Deux petits kilomètres plus loin, au 2200 de La Perdriel, où les grosses baraques laissent place à des tas de briques mal assemblées au milieu desquels Di María a mis ses premiers coups de rein, Nico, un de la bande de toujours, confirme : « Le Real, lui, il l’aimait. Je me souviens quand il a porté pour la première fois ce maillot, c’était merveilleux. Avec Angelito, on parle peu de foot. Il vient ici pour penser à autre chose. Mais une des rares personnes qu’il n’aimait vraiment pas dans le milieu, c’est Pérez. Sans lui, il aurait pu rester des années. Je ne suis pas objectif, mais il me semble qu’Ángel est aujourd’hui un des meilleurs ailiers du monde, en plus d’être un super coéquipier. Mais le président à d’autres critères de jugement, notamment politiques. » À Manchester, l’Argentin ne se défera pas des nombreuses obligations marketing international. Mais il pourrait se plaire dans une ambiance qu’on dit plus « familiale » .
Par Léo Ruiz, en Argentine