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Di María, la 12e roue du carrosse
Vital au Real Madrid de Mourinho, Ángel Di María ne jouit pas du même statut sous Carlo Ancelotti. Douzième homme, le gobelin argentin souffre d’une concurrence qu’il juge déloyale avec Gareth Bale. D’où des envies de départ qui ne devraient pourtant pas aboutir.
Un été et un changement d’entraîneur auront suffi à reprendre à Ángel Di María son statut d’inamovible du XI merengue. Indiscutable et vital dans le système de José Mourinho, l’Argentin est aujourd’hui rentré dans le rang. En cause, l’épanouissement de Gareth Bale sur l’aile droite du Real Madrid. Avec 19 matchs joués depuis le début de saison, sa situation n’a pourtant rien d’alarmant. Au sein de l’effectif pléthorique à la disposition de Carlo Ancelotti, Di María fait même mieux, puisqu’il est le meilleur passeur de la Ligue des champions. À quelques mois du Mondial brésilien, ce temps de jeu ne suffit cependant plus à l’international de l’Albiceleste. Pour son poulain, Jorge Mendes a fait parler son réseau. Toujours à l’affût, l’AS Monaco a flairé le bon coup. Déjà d’accord avec le joueur, le club de la Principauté serait disposé à mettre 35 millions d’euros sur la table. Un chèque qui a de quoi faire réfléchir Florentino Pérez. Mais qui se heurte au refus catégorique de Carlo Ancelotti.
Ancelotti : « Di María est unique »
La relation entre le Real Madrid et Ángel Di María aura donc connu un retournement complet en six mois. Pour rappel, en marge de l’arrivée de Gareth Bale, la Casa Blanca doit dégraisser. Di María, première victime sportive de ce transfert record, est donc prié de se trouver un nouveau point de chute. L’intéressé veut rester et travaille d’arrache-pied pour le prouver. Sous le charme, Carlo Ancelotti donne donc l’aval à Florentino Pérez de vendre Mesut Özil. Ángel Di María, bien que rétrogradé d’un rang dans la hiérarchie offensive, a tenu son premier pari : rester au Real Madrid. Pour un joueur aux quelque 44 passes décisives en trois saisons merengues, rien d’anormal. Les pépins physiques de Gareth Bale aidant, Di María retrouve même sa place dans le XI. À la sortie d’une prestation XXL de l’Argentin face à Getafe (victoire 4-1), Carlo Ancelotti en fait l’éloge : « Di María a une qualité unique qui est son fantastique dynamisme. Il travaille beaucoup pour l’équipe, aide les attaquants et défend. Ces capacités, personne ne les a plus que lui. Pour cela, il est très, mais vraiment très important. »
Auteur d’un début de saison canon, Di María ne s’assure pourtant pas une place d’indéboulonnable. En cause, le pauvre rendement collectif des Madrilènes. Malgré de nombreuses expérimentations, Carlo Ancelotti ne trouve pas la recette miracle. À trop s’en remettre à Cristiano Ronaldo, le jeu du Real Madrid perd en qualité. Le retour de blessure de Xabi Alonso va changer la donne. Plus posé, plus serein, le Real Madrid s’appuie sur son daron du milieu de terrain. Cette soudaine fluidité collective permet l’affirmation de Gareth Bale sur le côté droit. Avec un trident offensif estampillé BBC (Bale-Benzema-Cristiano), le Real régale en championnat comme en C1. Précaire, cet équilibre renvoie Ángel Di María sous la guérite. Toujours utilisé, il devient la 12e roue d’un carrosse en fin de rodage. Ce statut, enviable pour beaucoup, le fait aussi bien évoluer en soutien de l’attaquant, sur l’aile droite que sur l’aile gauche. Lui ne rechigne jamais. Et ce jusqu’à cette entrée en Copa del Rey. Titulaire au sein d’une équipe bis, l’Argentin agace par son attitude nonchalante sur le terrain avant d’irriter son monde une fois de retour sur le banc.
Manque de considération du Real ?
Entamé, le divorce a connu quelques rebondissements en coulisses ces derniers jours. Dans l’entourage du joueur, on parle d’un certain manque de considération du Real Madrid à son égard. Autrement dit, Di María ne se sent pas mis sur un pied d’égalité avec Gareth Bale, son concurrent principal. À défaut de donner raison à Carlo Ancelotti, il est difficile de lui donner tort face à l’état de forme du Gallois. Quoi qu’il en soit, le joueur, malheureux, souhaite plier les gaules. En sous-main, Jorge Mendes, son agent, prospecte. En pole, étonnant, l’AS Monaco, prêt à sortir un chèque de 35 millions d’euros. Face au refus catégorique de la direction madrilène, l’information sort illico sur la place publique. Une stratégie de la dernière chance à double tranchant. Bien décidé à ne pas le laisser partir, Carlo Ancelotti affirme que son joueur est « heureux et va rester au Real Madrid » . Avant d’en rajouter une couche hier en conférence de presse : « Si Di María a un problème, nous pouvons parler. Son problème se résoudra cet été, pas aujourd’hui. » Face à la volonté merengue, et un contrat courant jusqu’en juin 2018, difficile de lutter pour Monaco. Et ce, malgré les millions.
Par Robin Delorme, à Madrid