- Coupe du monde 2014
- 8e de finale
- Argentine/Suisse (1-0)
Di María et l’Argentine font une croix sur la Suisse
Comme le Brésil et l'Allemagne avant elle, l'Argentine a souffert, mais est finalement passée grâce à un but de Di María au bout de la prolongation (117e). Comme l'Algérie et le Chili, la Suisse n'a pas démérité.
Argentine – Suisse (1–0) Á. Di María (117′) pour Argentine
Les favoris semblent décidément destinés à suer froid lors de ces huitièmes de finale de Coupe du monde. L’Argentine n’a pas dérogé à la règle. Alors qu’elle était opposée à une Suisse qui avait exhibé des lacunes défensives en phase de poules, cette Albiceleste suréquipée aux avant-postes a longtemps buté sur la belle organisation helvète, au point de devoir jouer la prolongation. Reste qu’à force de se multiplier, les scénarios à suspense deviennent également fort prévisibles. Les poids lourds souffrent, se font bousculer, craignent le pire, pour finalement s’en sortir. Le respect des hiérarchies historiques est un autre impondérable de ces huitièmes du Mondial.
Pour l’Argentine, le scénario se répète aussi depuis le début du Mondial. Des matchs plus ou moins laborieux, et Messi qui finit par emporter la décision d’un éclair de génie. À partir de l’heure de jeu, le quadruple Ballon d’or a commencé à affûter ses couteaux : une frappe bombée à l’entrée de la surface qui retombe au-dessus de la barre (67e), un centre pour l’entrant Palacio, qui venait de prendre la relève de Lavezzi, mais qui vrillait trop sa tête (75e), une percée folle sur le côté gauche à laquelle les gants de Benaglio refusaient une conclusion heureuse (79e). Mais Messi a tardé ce mardi à adresser son coup de poignard décisif, qui a finalement pris la forme d’une cuillère de caviar pour Di María (117e).
La Suisse a eu les occasions
Avant d’en découdre avec les Helvètes, Sabella semblait pourtant avoir trouvé par accident – la blessure d’Agüero – le schéma avec lequel l’Argentine pourrait tracer sa route, un 4-4-2 avec deux descendeurs olympiques sur ses flancs (Di María et Lavezzi). Un 4-4-2 particulièrement élastique, où Lavezzi a souvent pris la place de Messi quand celui-ci décrochait, et où les deux ailiers échangeaient leur position sans que cela ne surprenne vraiment une arrière-garde suisse particulièrement sereine et qui resserrait parfaitement son entonnoir quand Messi décidait de prendre la direction des opérations dans l’axe. Sabella peut bien varier les plaisirs, 3-5-2, 4-3-3 ou 4-4-2, l’Argentine cela reste dix joueurs et Messi.
À force de buter sur un verrou suisse à la mécanique bien huilée, l’Albiceleste a même fini par refroidir ses supporters survoltés, entrés en transe dès la matinée (le match se jouait à 13h, heure de São Paulo) et au milieu desquels les rares fans suisses ressemblaient à une bande de scouts égarés en plein Hellfest, même s’ils pouvaient compter sur le renfort bruyant et enthousiaste des Brésiliens présents. Le bilan de la première période était patent : l’Argentine, dominatrice stérile, avait concédé les deux occasions les plus franches : une frappe de Xhaqa, qui profitait d’un superbe centre en retrait de Shaqiri (27e), puis un lob totalement manqué de Drmić, alors que Romero, qui avait tardé à sortir face à l’avancée solitaire du troisième meilleur buteur de la Bundesliga, était planté au milieu de sa surface. Alors que Sabella continue de tâtonner, Hitzfeld, lui, a trouvé la clé lors du troisième match de poule en plaçant Shaqiri, jusqu’alors affecté au couloir droit, derrière Drmić, pointe de son 4-2-3-1. En embuscade derrière une doublette Gago-Mascherano qui ne brille pas par sa promptitude, le Messi suisse s’est régalé.
Cinq minutes de folie
Après avoir été à nouveau inquiétés par Shaqiri et Drmić (50e, 51e), les Argentins se montreront plus incisifs en deuxième période malgré un Higuaín fantomatique (à l’exception d’un jaillissement de la tête à la 62e), mais rien ne sera marqué, pour le plus grand plaisir des supporters brésiliens qui envoyaient du « olé, olé » sur chacun des mouvements collectifs des Suisses, qui ont toutefois peiné à se montrer autre chose que neutre à partir de l’heure de jeu. Lors de la prolongation, l’Argentine a continué de dominer, mais la fatigue a commencé à rendre les services encore plus imprécis (Gago pour Palacio à la 101e). Victime de crampes, Marcos Rojo devait laisser sa place à José María Basanta.
À l’aube de la deuxième partie de la prolongation, Sabella a joué son ultime carte en lançant Biglia à la place d’un Gago beaucoup trop effacé. À la 107e, Di María alertait Benaglio, qui allait chercher le ballon devant sa lucarne. Le joueur du Real allait disposer d’une occasion supplémentaire de tromper le gardien helvète. Après une percée fulgurante de Messi, Di María recevait un caviar dans la surface et plaçait parfaitement sa frappe côté opposé pour libérer l’Argentine. Les Suisses ne se rendaient pas pour autant, puisque Džemaili touchait le poteau suite à un corner à la 120e minute et un ciseau de… Benaglio. Un dernier coup franc dangereux sera sifflé à l’entrée de la surface, mais Shaqiri voyait sa frappe repoussé par le mur. L’Argentine a souffert jusqu’au bout, mais elle passe. L’essentiel est sauf pour l’Albiceleste.
Par Thomas Goubin à São Paulo