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Di María : « Ça ne me poserait aucun problème de jouer pour le Barça »
Il est celui qui aurait pu enrayer la remuntada s’il avait remporté son duel contre Ter Stegen. Un 6-1 et quelques séances chez le psychologue plus tard, Ángel Di María s’apprête à retrouver le Real Madrid, un club qu’il regarde comme un ex qu’il ne regrette pas vraiment. Interview avec un type qui n’en finit plus de faire des cœurs avec les doigts.
Comment est l’ambiance dans le vestiaire du PSG, sachant qu’il n’y a que des joueurs de taille mondiale ?On tente de bien s’entendre. On sait que c’est important que le vestiaire soit uni pour réussir des choses importantes. On sait aussi qu’on s’est fixé de grands objectifs et qu’on a les capacités de les atteindre.
Qu’est-ce qui a changé avec Emery au PSG ?C’est un coach très intense, très tatillon et qui donne beaucoup d’indications aux joueurs. Il prépare les matchs pour les gagner, pour qu’on ait toujours l’initiative sur le terrain.
Il a été très critiqué après le 6-1 contre le Barça…Un tel résultat, c’est quelque chose qui n’arrive pas souvent, mais qui peut arriver. Franchement, ça a été très bizarre.
À l’aller, on avait soigné la différence de buts et à aucun moment nous n’avons pensé que ce ne serait pas suffisant… Le Barça a réussi l’exploit de le faire au Camp Nou, ce n’est pas n’importe quelle équipe, il n’y a que des cracks chez eux et ils ont démontré que tout était possible dans le football. Pour nous, ça a été très dur sur le moment, mais c’est de l’histoire ancienne, la vie continue et il faut regarder de l’avant. C’est ce qu’on a fait et aujourd’hui on est bien.
Comment a été reçu Neymar et est-ce qu’il a arrangé ses différends avec Cavani après cette histoire de penalty ?Je ne vais pas revenir sur cet épisode du penalty. Ça ne sert à rien de s’y attarder. Tout ce que je peux dire, c’est que Neymar a reçu un excellent accueil à Paris, tout simplement parce que c’est l’un des meilleurs joueurs du monde.
Avec l’effectif qui est celui du PSG, on ne vous pardonnerait pas de ne pas gagner la Ligue 1 facilement. Est-ce que vous ressentez une pression supplémentaire à cause de votre statut d’ultra favori ?On sait quel est notre potentiel, mais on est loin de penser qu’on sera champion de France juste en claquant des doigts. C’est la presse qui a laissé croire ça après notre bon début de saison, mais dans le championnat (en français, ndlr), il y a de bonnes équipes comme Monaco, Lyon ou l’Olympique de Marseille. Ce n’est pas aussi facile que certains le pensent. Il y a eu des matchs difficiles, d’autant que les équipes sont spécialement motivées à l’idée de jouer contre nous. Normal, on est l’équipe à battre.
Avec l’effectif que vous avez, vous êtes aussi considérés comme l’un des grands favoris de la Ligue des champions…On est conscient qu’on a tout pour remporter cette compétition et c’est notre intention, mais nous ne sommes pas les seuls… Il y a une élite composée de plusieurs équipes qui veulent aussi soulever ce trophée. Les choses sérieuses commencent à partir des huitièmes de finale. C’est à partir de là qu’on peut y voir plus clair.
Comment s’est terminée votre relation avec Madrid ? Il y a eu des rumeurs qui vous envoyaient du côté du Barça…Ma relation avec le Real est terminée, car mon cycle là-bas s’est achevé depuis longtemps. Franchement, ça ne me poserait aucun problème de jouer pour le Barça, au contraire. Le seul club dans lequel je ne pourrais jamais signer, c’est Newell’s Old Boys parce que je suis fan de Rosario Central.
Vous avez raconté que le Real Madrid avait envoyé une lettre pour vous empêcher de jouer la finale du Mondial 2014.J’ai reçu cette lettre du Real Madrid le jour même de la finale du Mondial. J’ai pris la peine de la lire, puis je l’ai déchirée dans la foulée. La lettre racontait que la sélection argentine devait prendre en charge ce qui pouvait m’arriver dans le cas où j’étais aligné pour la finale. (Di María avait été blessé en quart contre la Belgique et n’avait pas disputé la demi-finale contre les Pays-Bas. Durant cet été, Di María a été transféré de Madrid à Manchester, ndlr.) Là, je vais retrouver mon ancien club. Et je n’ai pas besoin de me souvenir de cette lettre pour être motivé contre eux. Jouer contre le Real Madrid, c’est déjà une motivation en soi.
Avant de jouer en Ligue 1, vous avez connu la Liga et la Premier League. Quel est votre avis sur l’ambiance dans les stades français ?On m’avait dit que le public était assez froid, mais ce n’est pas le cas. Ici, les gens supportent beaucoup leur équipe. Ils aiment le beau football. Les Français, comme tous les autre latins, sont des passionnés. Il suffit de voir la folie qui a gagné les supporters du PSG lorsque Neymar est arrivé au club.
Vous jouez avec Messi et Neymar, et vous avez aussi partagé le même vestiaire que Cristiano Ronaldo. Qui est le meilleur des trois et avec lequel vous sentez-vous le plus à l’aise sur le terrain ?Ce sont trois grands joueurs et c’est un privilège de les avoir côtoyés. Peu de joueurs ont la chance d’avoir pu jouer avec les trois meilleurs footballeurs du monde. Quand je serai plus vieux, je pourrai le raconter avec plein de nostalgie. (Rires.)
Qu’est-ce que cela signifie pour vous de jouer avec Messi en sélection ?Leo est un joueur qui vous surprend jour après jour. Il fait des choses incroyables sur un terrain. Quand tu l’as à tes côtés, tu sais que tes chances de gagner sont plus grandes.
Vous dîtes toujours que vous aimeriez finir votre carrière à Rosario Central. Même Messi a expliqué qu’il se verrait bien raccrocher les crampons à Newell’s. Comment expliquez-vous que les natifs de Rosario gardent des liens aussi étroits avec leur club de cœur ?Je veux jouer pour Central, parce que j’aime ce club, il m’a éduqué, m’a enseigné le football et c’est là que tout a commencé pour moi. Leo peut faire ce qu’il veut, mais à Rosario, le football se vit avec passion et j’ai envie de la ressentir de nouveau.
Giovani Lo Celso a lui aussi été formé à Rosario Central. Quel regard vous portez sur lui ?Gio est un grand joueur.
Il est très clairvoyant pour voir quelle est la meilleure option possible sur le terrain. Pour moi, c’est l’un des jeunes les plus prometteurs du football mondial.
Comment vous expliquez que la Ligue 1 ne soit pas aussi compétitive que la Liga, le Calcio ou la Premier League ?Je ne suis pas sûr qu’elle soit inférieure aux autres championnats. Pour moi, la Ligue 1 est un bon championnat, avec de très bons joueurs.
Comment expliquez-vous que vous ne vous soyez pas adapté à Manchester ?Je sais que je n’ai pas été très bon là-bas. Les causes de cet échec ne sont pas encore claires, mais ce qui est sûr, c’est que j’aurais pu faire bien mieux.
Est-ce que le sélectionneur argentin, Jorge Sampaoli, vous demande la même chose qu’Unai Emery lorsque vous portez le maillot de l’Albiceleste ? C’est assez similaire. Sampaoli aime avoir l’initiative du jeu. Il veut qu’on soit agressif à la récupération parce qu’il n’aime pas que le rival ait la balle. On est très haut sur le terrain, pour presser beaucoup, c’est un peu la même chose au PSG.
Vous avez eu recours à un psychologue cette année. Est-ce que ça vous a aidé ? Ça fait bientôt quatre mois que j’ai commencé à bosser avec un psychologue. Il m’aide à surmonter les blessures, à les anticiper. Il m’aide à relativiser la pression, à être plus détendu. Je suis en train de beaucoup travailler dessus pour ne plus avoir ce genre de blessures.
L’aide d’un psychologue n’est plus un tabou dans le football ? Ça ne l’est plus autant.
Moi, j’ai pris la décision d’aller en voir un après en avoir parlé avec les médecins de la sélection argentine et du PSG. Ce sont eux qui m’ont recommandé de le faire. Aujourd’hui, en France, beaucoup de clubs comptent au moins un psychologue dans le staff, c’est le cas au PSG. Je sais aussi qu’il y a des joueurs de la sélection argentine qui vont en voir de leur côté, car il n’y en a pas dans le staff de l’Albiceleste.
Mascherano a dit que la génération actuelle était « une génération de perdants » . Vous le ressentez comme ça vous aussi ?Je crois que Javier faisait référence aux trois finales perdues (deux dernières Copa América et Mondial 2014, ndlr). Malgré ces échecs, on ne baisse pas les bras, on ne s’avoue pas vaincus. On a tous envie de faire quelque chose d’important avec la sélection et nous savons que ce Mondial en Russie est l’occasion de prendre une revanche sur celui de 2014. Et j’en suis certain : on va faire un grand Mondial.
Propos recueillis par Gustavo Yarroch et Sergio Levinsky, à Krasnodar