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Di María a mis les paillettes

Par Théo Denmat, au Parc des Princes
Di María a mis les paillettes

S'il ne devait en rester qu'un, ce serait lui, sans doute possible. Fer de lance des attaques parisiennes en l'absence de Cavani, Mbappé et Neymar, Ángel Di María a livré une performance digne de ses plus grandes soirées parisiennes. Et encore une fois, quand cela comptait.

À quoi reconnaît-on une belle robe ? Réponse : aux occasions pour laquelle on la sort. Les femmes adorent en parler, certaines tenues sont faites pour les grands soirs, d’autres non, et c’est ainsi depuis la nuit des temps, que le tissu soit en coton, en soie ou en peau de mammouth. Ça n’est pas une question, il y a des acquis qui ne se discutent pas : dans cette tunique-là on vous regarde. On vous jalouse. Alors voilà : ce mercredi soir au Parc des Princes, au bout d’une nuit d’ivresse dans laquelle le PSG a noyé ses démons du début de saison dans le même bain que le Real Madrid (3-0), il est apparu la certitude qu’Ángel Di María était définitivement un homme que l’on regardait différemment une fois drapé d’un costume de Ligue des champions.

Auteur d’un doublé et d’une prestation XXL, l’Argentin a réussi l’exploit de se créer un semblant de relation avec Icardi, de piquer le statut d’homme du match à Karim Benzema, désormais Français le plus capé de l’histoire de la Ligue des champions, et à Idrissa Gueye, monstrueux dans l’entrejeu. Et ça, il faut le faire.

Une revanche de petit ange

En début de semaine, Christophe Galtier avait brisé un tabou. « Beaucoup de gens parlent de la musique d’avant-match. Mais quand tu prépares tes matchs, la musique, tu ne l’entends pas. » C’était mardi dernier dans les colonnes de La Voix du Nord, c’était à la veille d’un combat d’ogres perdu par Lille contre l’Ajax (3-0), et surtout, c’était une appréciation personnelle. On est prêt à le parier : c’est quand l’hymne résonne que Di María rentre dans son match. Il n’a pas fallu très longtemps pour s’apercevoir que le poulet était en jambes, ainsi placé à la gauche d’Icardi dans un 4-3-3 où Sarabia était titulaire de l’aile droite. S’il fallait compter, 14 minutes : le temps pour Bernat de s’enrouler autour de Carvajal, et pour l’Argentin de glisser du pointu un ballon au premier poteau de Thibaut Courtois, coupable d’un mauvais placement. Sprint, cœur avec les doigts ; en C1, on est habitués.

Après les mains, les pieds : virevoltant de maîtrise, naviguant sans cesse dans le dos de la ligne de trois formée par Kroos, James et Casemiro, il était le deuxième rideau des phases offensives du PSG, une fois le sale boulot effectué par Marquinhos, Verratti et Gueye. Le rideau créatif. Celui qui, auparavant, l’avait déjà impliqué dans quatre des six derniers pions de Paris en C1 (1 but, 3 passes décisives), et impeccable sur le plan statistique : 36 ballons touchés, 95% de passes réussies (dans son secteur, dantesque), 3 tirs tentés ce soir, deux buts, 100% de dribbles réussis. Une leçon.

Comme Jardel et Shevchenko

Au-delà d’une frappe à l’origine du second but décoché avant tant de vitesse que l’ombre de Lucky Luke en tremble encore (33e), il y a cette impression, tenace : Di María est définitivement un joueur différent en C1. Plus impliqué, plus létal, plus engagé physiquement. À cette échelle de virtuosité, on ne voit qu’un antécédent : Barcelone (celui du 4-0), où il avait déjà été auteur d’un doublé. Son égalisation face à Naples, l’an passé en phase de poules, autre but important, avait été à la conclusion d’une partie insipide.

Thomas Tuchel le considère comme son chouchou. Et ce soir, encore un fois, la conférence de presse d’après-match s’est muée en hommage appuyé : « On ne peut pas être surpris de son match. Aujourd’hui, c’est exceptionnel, la qualité de son pied gauche… Il est toujours décisif, toujours dangereux. Mais aujourd’hui, il a aussi été très fort défensivement. Il a fermé tout le côté gauche et défendu les montées de Carvajal en restant proche de Juan Bernat. Ils ont formé un beau couple. » Qu’il est loin, le temps où ce dernier pensait que les arrivées conjuguées de Neymar et Mbappé allaient le condamner. Chiffre qui vaut ce qu’il vaut : l’Argentin est devenu ce soir le troisième joueur à inscrire au moins deux buts dans un match contre le Real Madrid et contre Barcelone dans l’histoire de la Ligue des champions, après Mário Jardel et Andriy Shevchenko. Pas certain que cela veuille dire grand-chose de l’empreinte que le bonhomme laissera sur la compétition, mais à la gueule des prédécesseurs, on se dit que les hasards n’existent pas : les hommes programmés pour briller les grands soirs, si.

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