- C1
- 8es
- Porto-AS Roma
Di Francesco, dernier port d’escale
Battu sèchement par la Lazio lors du derby romain (0-3), Eusebio Di Francesco, le coach de la Roma, est plus que jamais sur la sellette. Il se peut même que son avenir se joue lors de ce huitième de finale retour de Ligue des champions face au FC Porto.
Le visage est fermé. Les traits tirés. Les sourcils froncés. Pendant que les joueurs de la Lazio célèbrent leur victoire lors du derby sous la Curva Nord, Eusebio Di Francesco, lui, s’échappe. Il sait que sa Roma est passée à côté de son derby. C’est d’ailleurs la première fois qu’il connaît la défaite lors d’une stracittadina en tant qu’entraîneur de la Roma, après deux victoires et un nul. La manière dont son équipe a perdu, sans se battre, sans se sortir les tripes, cumulée au fait qu’elle n’ait pas su profiter de la défaite de l’Inter la veille à Cagliari, font que Difra est dans l’œil du cyclone. Il se pourrait même que le mister joue sa survie sur le banc ce mercredi soir, face au FC Porto. Une sorte de prologue au derby, puisque le club portugais est actuellement entraîné par Sergio Conceição, ancien joueur de la Lazio et laziale revendiqué.
Paulo Sousa en attente
Jusqu’ici, Di Francesco avait toujours (plus ou moins) eu le soutien des supporters et du vestiaire, aidé aussi par ses très bons rapports avec Francesco Totti. Et ce, malgré quelques revers retentissants (le 7-1 encaissé à Florence en Coupe) et le fait que la Roma va enchaîner une onzième (!) saison sans trophée. Mais cette défaite lors du derby, qui intervient pourtant après une série de quatre victoires (pas toujours flamboyantes, certes), a laissé des traces. Le coach n’est semble-t-il plus maître de son vestiaire, fait des choix douteux sur le plan tactique, et ne parvient plus à insuffler la mentalité nécessaire à ses joueurs. Cette même mentalité qui lui avait permis, la saison dernière, de réaliser quelques exploits déjà entrés dans l’histoire du club. Le 3-0 face au Barça en tête.
Alors, ce match contre Porto a tout l’air d’un « dentro o fuori » . Quitte ou double, en gros. Si la Roma sort vivante de l’Estádio do Dragão ce mercredi soir, avec une qualification en poche pour les quarts de finale (2-1 à l’aller), Eusebio Di Francesco sera maintenu jusqu’à la fin de la saison, avec pour objectif d’aller chercher la quatrième place qualificative pour la prochaine C1. En revanche, en cas d’élimination, il semblerait que les tifosi romanisti se réveillent jeudi matin avec un nouvel entraîneur. D’après Il Romanista, le quotidien sportif dédié à la Louve, ce sera « à 90% Paulo Sousa, les 10% restants étant divisés entre Roberto Donadoni et, à la surprise générale, Claudio Ranieri » . Le journal romain assure également que le licenciement de Di Francesco serait « rapidement suivi par celui de Monchi » , vivement critiqué par les supporters et dont les actions au sein du club n’ont guère donné grande satisfaction.
Le rêve Sarri
Un Paulo Sousa jusqu’à la fin de la saison, puis un gros nom cet été ? C’est possible. Mais ce n’est pas le seul scénario envisageable. Monchi, lui, a toujours maintenu sa confiance à Difra. Presque de manière aveugle. C’est lui qui a insisté pour le prolonger. « Le plan B de Monchi, c’est Di Francesco » , ironise Il Romanista. Du coup, comme le directeur sportif espagnol n’a jamais voulu trahir son coach en lançant un dialogue avec un potentiel successeur, c’est Franco Baldini, l’ancien directeur général, qui s’est lancé sur le dossier. Et là aussi, c’est un casse-tête. Le véritable objectif, c’est Maurizio Sarri. Problème, le fumeur ne pourra pas se libérer de Chelsea avant le mois de juin. Du coup, il faut un intérimaire, et il devrait s’agir de Paulo Sousa. Problème bis, si l’entraîneur portugais (également convoité par Bordeaux) réussit à décrocher la quatrième place – objectif qui lui sera fixé –, il sera quasi automatiquement confirmé pour la saison prochaine. Et dans ce cas-là, bye bye Sarri. D’un autre côté, engager Paulo Sousa dans l’espoir qu’il ne termine pas quatrième pour pouvoir récupérer Sarri dans trois mois n’a aucun sens. Autant finir la saison avec Di Francesco.
Quoi qu’il en soit, une bonne partie de ces suppositions se transformeront en certitudes ce mercredi soir, au terme du match face au FC Porto. Or, la Roma devra montrer un tout autre visage que celui affiché samedi soir si elle veut poursuivre son aventure européenne. Et permettre à son coach d’être encore sur le banc giallorosso lundi soir, pour la réception d’Empoli. Tiens, Empoli… Le club où Eusebio Di Francesco a été formé et a commencé sa carrière, il y a trente ans de cela.
Par Éric Maggiori