ACTU MERCATO
Deulofeu, un talent pur pour Montella
Gerard Deulofeu débarque en Lombardie pour renforcer l'AC Milan. À vingt-deux ans, celui qui avait été forcé à partir du Barça pour laisser place à Neymar a besoin d'un nouveau challenge après deux ans de hauts et bas à Séville et à Everton. Il rejoint ainsi l'AC Milan, une équipe en plein renouveau, mais qui manque parfois de talent et de génie.
La légende raconte que, lors d’un match de l’équipe B du Barça de la saison 2009-2010, au moment de rentrer aux vestiaires pour la mi-temps, Gerard Deulofeu, qui avait fait le show pendant les 45 premières minutes, a dit à ses adversaires, en rigolant : « Les autographes, on les fera plus tard, les gars. » À cette époque, le talent originaire de la province de Gérone était déjà très connu en Espagne, où ses crochets, ses buts et son caractère rebelle de champion prédestiné affolaient les gazettes.
Convoqué en équipe première par Pep Guardiola l’année suivante, Deulofeu allait connaître son premier jour de gloire le 17 août 2012, lors d’une rencontre entre le Barça B et Almería, en D2 espagnole. Ce jour-là, l’attaquant de dix-huit ans plante un triplé, même s’il ne peut empêcher la défaite de son équipe. Pour Ilie Sánchez, capitaine de ce Barça B et ami de Deulofeu, c’est « à ce moment-là qu’on a su que la saison qui venait de débuter allait être celle de la consécration pour lui » . Bien vu : Gerard termine le championnat avec dix-huit pions et amène l’équipe entraînée par Eusébio à la neuvième place du classement. Pas mal pour une deuxième équipe composée quasi essentiellement de jeunes dont la moyenne d’âge est de vingt-deux ans.
Pétillant dans et dehors le terrain
Deulofeu – traduction littérale catalane de « Dieu l’a fait » – démontre depuis très jeune être un véritable ami du dribble. « Il me rappelle le premier Cristiano Ronaldo pour sa puissance et sa vitesse dans l’exécution du dribble » , assure son ex-coéquipier et copain de chambre à la Masia Carlos Julio Martínez, qui évolue désormais à Marbella. Martínez se rappelle toujours des années passées ensemble, alors que les deux étaient encore des ados : « Gerard était très talentueux sur le terrain et très bordélique dans sa chambre(rires). Parfois, il pétait un plomb et commençait à faire des abdos ! Quand il faisait n’importe quoi, j’essayais de l’engueuler, mais il avait toujours le chic pour s’en sortir avec une blague. C’était impossible de lui en vouloir. »
L’apprentissage se déroule bien avec Eusébio dans l’équipe B du Barça, mais faire son trou dans une attaque alors composée de Messi, Neymar, Alexis Sánchez et Pedro est impossible. Deulo n’a alors pas d’autres choix que de faire ses valises, direction Everton. Une saison là-bas, trois buts marqués en Premier League, et retour en Espagne, ce coup-ci à Séville. Sous les ordres d’Unai Emery, il réalise une vraie saison pleine, avec trois buts et dix passes décisives. L’actuel entraîneur du PSG reconnaît ses « incroyables qualités » , mais stigmatise aussi son « manque de sacrifice pour le collectif » . Carlos Julio Martínez surenchérit : « Son seul défaut, c’est parfois de ne pas assez utiliser sa tête. » Au sens figuré, évidemment.
La grande occasion avec Montella
Après Séville, Deulofeu rentre à Everton, où le club anglais lève l’option d’achat pour le récupérer définitivement. Cette saison 2016-17 est donc, déjà, sa troisième en Angleterre. Et celle-ci n’est pas franchement exaltante : onze matchs joués dont un seul entier, pas de buts ni de passes décisives et aucune relation avec son coach Ronald Koeman, qui est le premier à avoir ouvert la porte à un départ. Le Milan de Montella, entraîneur toujours excité à l’idée d’accueillir des joueurs de talent, semble alors la meilleure option pour relancer une carrière qui a tendance à stagner. « Je viens de parler avec lui, il est très content d’aller jouer à l’AC Milan, pour lui c’est comme aller au Barça ou au Real Madrid » , assure son ami Sánchez, sans exagération aucune.
Puis d’enchaîner : « Je ne connais pas Montella, mais je peux assurer que, dans une bonne ambiance et avec un entraîneur qui le motive, Deulo pourra démontrer toute l’étendue de son potentiel. Je pense que le Milan est vraiment le bon choix. » Capable de jouer à la fois côté droit ou côté gauche de l’attaque, Deulofeu sera une alternative importante dans l’animation offensive de Montella. Au Milan, l’ex-Barcelonais retrouvera d’ailleurs Suso, son ancien coéquipier chez les U21 espagnols, et peut-être aussi le sourire qu’il a abandonné dans le froid de Liverpool. Oui, San Siro est bien la meilleure vitrine pour qu’un diamant brut comme lui brille enfin comme il se doit.
Par Antonio Moschella