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Deschamps, le retour des grains de sable

Par Maxime Brigand, au Stade de France
8 minutes
Deschamps, le retour des grains de sable

Oui, l'équipe de France a gagné en Suède. Oui, elle s'est imposée face à la Croatie. Et oui, les Bleus comptent six points après deux journées de Ligue des nations, alors que Didier Deschamps a pu faire tourner un effectif dont les membres avaient une forme variable. Mais la vérité frappe : cette troupe reste indifférente aux questions de style et n'a pas maîtrisé grand-chose lors de ses 180 dernières minutes passées sur une pelouse.

Le problème, pour Didier Deschamps, c’est les grains de sable. Au cœur du dernier printemps et d’un entretien donné à L’Équipe, le sélectionneur des Bleus s’est ainsi emporté : « C’est quoi l’audace ? Est-ce que cela donne toujours raison ? La seule chose qui vient valider l’audace, c’est le résultat. L’audace, on peut l’avoir à tout moment. Je pense en avoir eu. Par exemple, contre la Suède (en juin 2017, N.D.L.R.), on a été les plus dangereux dans le dernier quart d’heure. Peu importe les joueurs alignés, on a obligé les Suédois à défendre. Nous étions plus près de marquer le deuxième but qu’eux, et cela bascule sur l’erreur d’Hugo. Ok, le résultat me donne tort. Mais dans l’analyse, je ne peux m’arrêter qu’au résultat. On avait fait ce qu’on devait faire. En faisant différemment, est-ce que le résultat aurait été différent ? Personne ne sait. » Aux yeux de Deschamps, indifférent aux questions de style, le reste compte rarement : le haut niveau n’est qu’une affaire de résultats, et la valeur esthétique du foot n’a qu’une place secondaire. À ça, un jour, Juanma Lillo a répondu ceci : « Le résultat est uniquement un élément statistique. On fait des débats sur le jeu, pas sur les résultats. Les résultats ne sont pas débattables. Ils sont. Mais est-ce que vous allez dans un stade de football à la dernière minute d’un match seulement pour regarder le tableau d’affichage et ensuite partir ? Non : vous regardez les quatre-vingt-dix minutes, et les quatre-vingt-dix minutes, c’est le processus. » Mardi soir, dans ce cadre et malgré la victoire face à la Croatie (4-2), Didier Deschamps a de nouveau été convoqué à la barre, car sur plusieurs séquences, notamment lors des trente premières minutes, ses Bleus ont été secoués dans tous les sens, alors que le sélectionneur avait décidé de parier une troisième fois consécutive sur son 3-4-1-2.

On va avoir du temps, on insistera, et l’état d’esprit est là, il faut le garder, quel que soit le système. Celui-ci est loin d’être parfait, mais on doit passer par des périodes difficiles.

« C’était le moment »

Bien heureux, comme souvent, Deschamps a ensuite vu ses hommes sortir du lit, fusiller une première fois la Croatie à l’aide d’un subtil mouvement à sept joueurs, douze passes et trente-deux secondes, conclu par Antoine Griezmann, puis à une seconde reprise trois minutes plus tard grâce à un bon centre de Wissam Ben Yedder repris par Anthony Martial et dévié dans son propre but par Livaković. Ainsi, alors que le déroulé de la rencontre poussait le suiveur à se faire exploser le crâne contre un mur face au manque de précisions techniques des centraux excentrés, à une gestion de la profondeur bancale, à une animation défaillante sur les côtés (peut-être Ferland Mendy mis à part), à un pressing souvent mal coordonné (pour des raisons différentes que lors du match en Suède), à une incapacité à être créatif dans l’axe, le premier entraîneur de France a récupéré deux buts tombés du ciel – et des deux côtés – avant de rentrer au chaud. Ses soldats ont ainsi fauché les rêves croates. Dans son coin, Zlatko Dalić a alors enragé : « Honnêtement, nous n’avons pas mérité une telle défaite, surtout après la première période, où nous avons été très bons. On avait le contrôle, le résultat pour nous, mais on a tout perdu en deux malheureuses minutes. Un adversaire comme la France vous punit. » Dalić en avait déjà fait l’amère expérience à Moscou, il y a deux ans : ces Bleus savent retourner la moindre barque et être terriblement réalistes.

Ce matin, cela ne doit pas effacer le film d’horreurs qui a été projeté sur la pelouse d’un Stade de France à huis clos lors de la première demi-heure. Horreurs, car il n’y en a pas eu qu’une : l’équipe de France a approximativement tout raté jusqu’au but inscrit par Griezmann. Pêle-mêle : un bloc replié sur lui-même et coupé en deux, incapable d’être agressif et de se projeter, faible techniquement (Upamecano et Hernandez ont bouclé le premier acte avec 75% de passes réussies seulement, Sissoko à 60%, Lloris à 36%), frileux, lisible, triste. En face, la Croatie s’est baladée, puis a ouvert le score après une sortie tout sauf nécessaire de Lloris dans les pieds de Rebić et à la suite d’un corner terriblement défendu. Les Bleus étaient alors dominés techniquement et tactiquement. Ils n’ont pas non plus dominé la suite de la rencontre, mais ils ont réussi à retourner l’affaire grâce à des éclairs individuels. Ce qui nous amène au relatif échec du système posé par Deschamps, qui a pris la forme d’un 5-2-3 faiblard, sans élément déstabilisant au milieu. On se répète : la réussite d’une animation demande du temps, de la prise de repères, et cela est encore plus difficile à mettre en place au cœur d’une sélection. Après le match, Didier Deschamps n’a pas dit autre chose : « Ça ne se fait pas en claquant des doigts. On va avoir du temps, on insistera, et l’état d’esprit est là, il faut le garder, quel que soit le système. Celui-ci est loin d’être parfait, mais on doit passer par des périodes difficiles. Avoir des automatismes demande de la répétition. Après ces deux matchs, le système n’est pas condamné. Je ne me dis pas non plus : « Ce sera ça. » Là, c’était le moment pour le faire et pour avoir des difficultés. C’est mieux de les avoir maintenant qu’à l’Euro. » Circulez.

Au bout, il reste l’efficacité

Et les joueurs, dans tout ça ? Après la Suède, Hugo Lloris soufflait que l’équipe ne pouvait s’adapter « du jour au lendemain » et pointait « le peu de temps pour préparer » cette nouvelle animation. Mardi soir, le capitaine a aussi appuyé dans ce sens : « La première demi-heure n’a pas été bonne, ça, c’est clair. On a été chercher la victoire dans la douleur. On a connu pas mal de difficultés. Dans ce système, si on est passif, l’adversaire peut trouver des décalages, jouer dans les intervalles… On a un peu réussi à rectifier le tir en seconde période, mais on a vu avec le deuxième but que si l’on n’impose aucune pression au porteur, en une passe, on peut se faire percer. C’est aussi le signe d’un manque de repères. » Plus positif, Olivier Giroud a noté que ce système à trois centraux, deux pistons, deux milieux axiaux, un électron libre et deux attaquants pour l’accompagner a réussi, en Suède ou face à la Croatie, à « fatiguer l’adversaire » : « Ce système doit nous permettre d’être plus forts sur les côtés, d’apporter un surnombre sur les centres. Aussi, il fait courir l’adversaire, l’use. La Suède et la Croatie ont baissé de rythme en seconde période. Bien sûr, on doit être plus dangereux sur certaines phases. C’est perfectible, on est lucides. Là, je vais dire qu’on a assuré l’essentiel : on a été efficaces. » En d’autres mots, l’équipe de France est restée l’équipe de France.

On a été chercher la victoire dans la douleur. On a connu pas mal de difficultés. Dans ce système, si on est passif, l’adversaire peut trouver des décalages, jouer dans les intervalles… On a un peu réussi à rectifier le tir en seconde période, mais on a vu avec le deuxième but que si l’on n’impose aucune pression au porteur, en une passe, on peut se faire percer.

La question Upamecano, la promesse Camavinga

Le problème n’est pas forcément lié à l’organisation, mais plutôt aux profils installés en son cœur. Il y a d’abord le cas de Dayot Upamecano, dont l’apport avec ballon n’a pas été suffisant et qui a été parfois défaillant dans sa gestion de la profondeur. Le défenseur de Leipzig n’a pas été capable sur les deux matchs de sortir la version de lui vue lors du Final 8, et cela s’explique aussi par le fait que Didier Deschamps l’a installé dans un autre rôle. Dans une défense à trois, où Varane semble indéboulonnable dans l’axe, le profil d’un Jules Koundé devrait être essayé lors du prochain rassemblement et est peut-être plus proche de la vision du foot d’un Deschamps. Il y a ensuite celui des pistons qui n’ont pas été très créatifs, notamment Digne et Dubois en Suède, et qui ont amené une question sur la table : Deschamps a-t-il succombé à un effet de mode en tentant une telle animation sachant qu’il ne possédait pas, dans une telle configuration – soit sans Pogba, et avec Nzonzi, Rabiot ou Kanté au milieu – de joueurs déstabilisants derrière son trio offensif ? On verra le mois prochain.

Seule certitude : il possède en Martial un joueur à revoir vite et en Camavinga un talent à couver. Il est difficile ici de ne pas s’enflammer pour un tel potentiel, capable de se dégager de la pression, de résoudre des problèmes, de s’ouvrir le terrain, de jouer vers l’avant, de donner de la vie à l’ensemble. « Il amène de la fraîcheur, il voit avant tout le monde, il a une prestance, si jeune… » a soufflé Lloris après la rencontre. On ne demande qu’à le revoir, au contraire de ce désert d’intentions vu par moments lors de deux matchs où l’équipe de France n’aura globalement pas maîtrisé grand-chose, si ce n’est son feu intérieur. Hugo Lloris a quand même concédé qu’il aurait aimé voir ses potes « contrôler un peu plus le match », mais cette équipe en est-elle capable, au fond, ou doit-elle pour de bon assumer son football basé sur la quête du quoi plutôt que du comment ? Le Portugal, le mois d’octobre, c’est déjà demain : ce sera aussi l’heure de récolter d’autres indices.

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