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Deschamps, déjà l’âme d’un sélectionneur ?
Capitaine indéboulonnable des Bleus, Didier Deschamps est le premier lieutenant d'Aimé Jacquet sur le terrain. Et s'il avait déjà tout ce qu'il faut en lui pour monter en grade et devenir plus tard sélectionneur ?
Didier Deschamps a déjà un palmarès long comme la queue du Marsupilami. Et ce n’est pas maintenant que l’on va l’énoncer en détail. D’abord parce que tout le monde le connaît dans les grandes lignes, et ensuite car ce serait beaucoup trop long. Mais ce qui est sûr, c’est qu’aujourd’hui, le capitaine des Bleus a l’occasion de marquer l’histoire. De manière collective, en faisant partie des 22 premiers Français à remporter le sacre Mondial, mais aussi de manière individuelle, en devenant tout simplement le joueur français le plus titré de l’histoire du football. C’est simple, sa présence semble rassurer et guider ses partenaires, afin de permettre à la France de goûter enfin au triomphe, comme en 1993 lors qu’avec Marseille, il fut le capitaine de la première équipe française à avoir remporté la Ligue des champions. On remet ça en Bleu ?
Le talisman du foot français
Didier Deschamps n’est pas seulement le capitaine de cette équipe de France 1998, il en est le symbole. Si l’on devait personnaliser cette équipe en un seul homme, ce serait lui. Et non pas Zinédine Zidane comme on pouvait le croire, plus artiste dans son coin que véritable reflet d’un collectif. Surtout qu’il ne rayonne pas autant qu’espéré depuis le début de la compétition. Le secret de la réussite actuelle de l’équipe de France est dans la perfection de son bloc-équipe, sa science de la tactique, son engagement au pressing et globalement sa générosité. Tout ce que représente Didier Deschamps, marqué par le championnat italien et l’obsession du résultat. « Si nous sommes sortis vainqueurs de la bataille du milieu contre les Italiens, c’est parce que nous avons densifié celui-ci, moyennant quoi nous avons fourni moins d’efforts, récupéré plus de ballons et privé Del Piero et Vieri de ballons » , expliquait-il en toute sérénité après le quart de finale.
D’ailleurs, c’est bien la première fois que les Bleus abordent une Coupe du monde avec cette mentalité. Un état d’esprit imposé par Didier Deschamps en chef de bande. Lors de toutes les épopées bleues (en 1958 avec la bande à Kopa ou en 1982 et 1986 sous l’impulsion de Michel Platini), la France a fini dans la catégorie des losers magnifiques, des romantiques qui ne baisent pas. L’équipe de France actuelle n’a pas le même ADN, car ses veines sont imbibées du pragmatisme de Dédé. Alors, si la France veut changer totalement d’identité, passer des perdants sympas aux vainqueurs frustrants (que sont régulièrement les grandes nations européennes comme l’Italie et l’Allemagne), il va peut-être falloir confier son avenir à Didier Deschamps. Que ce soit à court terme bien sûr, mais également à long terme. Car à bientôt 30 ans, il dispute sûrement sa dernière Coupe du monde. Mais le Basque a les épaules et apparemment le désir d’épouser le maillot bleu encore plus longtemps. Et donc pourquoi pas prolonger cette histoire d’amour sur le banc de touche.
Le bras droit de Jacquet
Didier Deschamps n’est pas un simple joueur, ni un simple capitaine. Il a des responsabilités bien plus importantes que ça au sein du groupe France, dont la dynamique autour d’Aimé Jacquet est assez particulière. Le sélectionneur des Bleus semble avoir réuni autour de lui quelques hommes de confiance. Des bras droits, des relais. Leurs noms : Marcel Desailly, Laurent Blanc et Didier Deschamps. Si le premier a plus l’âme d’un leader mental sur le terrain, le second semble endosser plus un rôle de leader tactique. Didier Deschamps, lui, combine les deux aspects, en plus de gérer quelques éléments de vie de groupe – il ne serait pas étranger à l’éviction de David Ginola et Éric Cantona « pour le bien du collectif » . Tous les ingrédients pour être un sélectionneur plus tard. Mais si Deschamps revient un jour dans le costume de coach des Bleus, il risque bel et bien de revenir comme un Jacquet 2.0, en quête d’encore plus de contrôle. « L’équipe ne vit pas bien les critiques qui visent Jacquet, pas seulement sur le plan tactique ou ses choix de terrain, sur l’homme » , confessait Deschamps il y a peu. Aujourd’hui, il est temps que Didier venge les critiques à l’égard de son mentor.
Par Kevin Charnay