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Desailly ou Évra, qui est le vrai patron de l’Insta-game ?
Boss des internets en 2016, Marcel Desailly a vu récemment sa suprématie bousculée par un jeune loup aux dents longues : Patrice Évra. HAHAHA ou I love this game ? Marcel ou Patrice ? Vidéos à l’appui, notre jury a élu le nouveau Ballon d’or d’Instagram.
Dans le coin rouge, Marcel Desailly, champion du monde 98, révélation de Twitter et d’Instagram cette année. Dans le coin bleu : Patrice Évra, arrière gauche de la Juventus et de l’équipe de France, figure montante de l’Instagame. Outre leur longévité invraisemblable en équipe de France, les deux défenseurs ont en commun d’avoir choisi 2016 pour se lancer dans la grande aventure des réseaux sociaux, avec succès pour l’un comme pour l’autre. Un peu d’intime, pas mal de charisme et beaucoup de n’importe quoi : Marcel et Patrice appliquent la même recette pour séduire, et ça marche. Presque cent mille abonnés pour le premier, plus d’un million pour le second. Mais puisqu’il ne faut pas s’arrêter au simple nombre de followers, n’en déplaise à Jean-Michel Aulas, voici une très sérieuse analyse des forces en présence pour déterminer, selon cinq critères objectifs, le Ballon d’or numérique de l’année 2016.
Spiritualité : Marcel 0-1 Patrice
Né à Dakar, Évra a commencé sa carrière professionnelle en Italie, avant de revenir en France, puis de découvrir l’Angleterre. Et comme chaque fan est important pour lui, Patrice réalise ses vidéos en trois langues différentes (français, anglais, italien) quand ce n’est pas cinq (ajoutez l’espagnol et le portugais). Grâce à Park Ji-sung, il s’est même mis au coréen. Suivre Patrice Évra sur Instagram est donc une véritable garantie de devenir le polyglotte que vous avez toujours rêvé d’être, et l’assurance pour votre employeur de pouvoir vous confier les relations internationales de sa boîte en toute quiétude. Tout bénef.
Surtout, qu’il soit dans un bain à remous, sous la pluie, à l’entraînement ou dans sa Patmobile, Patrice Évra multiplie les hymnes à l’amour de la vie. Car Patrice aime tout de la vie, même les lundis : « Tu ne peux pas ne pas aimer le lundi sur mon Insta » , clame-t-il d’ailleurs dans l’une de ses vidéos, avant de s’ambiancer sur du Marvin Gaye. « Eat your life » , « Enjoy your life » et « Be happy » sont ses formules préférées. Un concentré de phrases de jeunes ados qui pourra éventuellement vous aider à philosopher sous votre prochaine photo de profil Facebook. Dans sa grande mansuétude, Patrice Évra est allé jusqu’à tenter, dans une vidéo postée la semaine dernière, de mettre fin à la mode des selfies « tight chicken arse » (traduisez « cul de poule serré » ), afin de faire de la Terre un monde meilleur. Un nouveau classique.
Marque de fabrique : Marcel 1-1 Patrice
Dès ses premiers pas dans l’Instagame, Marcel Desailly s’est (re)fait un nom. En parlant très fort, mais surtout en riant très fort. L’immense « HA, HA, HA » qui jaillit de sa bouche à chaque prise de parole est incontestablement plus puissant que le « I love this game » de tonton Pat. En deux temps trois mouvements, le rire diabolique du Rock a fait évoluer son statut de champion du monde 98 à nouvelle star des réseaux sociaux.
Cette signature vocale, que Christian Jeanpierre qualifierait volontiers de diablement efficace, est tellement dingue que même quand le fond du message est inexistant, on aime écouter Marcel parler. « Certains n’ont peut-être plus l’habitude de ces choses aussi spontanées, mais je suis comme ça dans l’intimité » , jurait-il cet été dans Libération. Arsène valide.
Enjaillement : Marcel 1-2 Patrice
Dans la catégorie « Danse / Chant » , l’arrière gauche actuel des Bleus est très loin au-dessus du commun des footballeurs, Desailly inclus. Une soirée dans un resto cubain, Halloween, la signature d’Higuaín à la Juventus… Chez Patrice, tout est prétexte à lâcher trois ou quatre déhanchés en rythme.
Le défenseur de la Juve appuie aussi sa domination en la matière sur des featuring avec des grands noms de l’Instagame. Exemple avec Paul Pogba, après la victoire face à la Suède (2-1), vendredi dernier.
Patrice est tellement loin dans l’enjaillement qu’il a même déjà tiré une latte sur un joint imaginaire en se prenant pour Bob Marley. Le résultat est évidemment grandiose.
Au bon endroit au bon moment : Marcel 2-2 Patrice
Pour se faire remarquer sur les réseaux sociaux, il faut être au bon endroit au bon moment, façon Thomas Müller, pour capter l’instant décisif. Ça, Marcel Desailly l’a bien assimilé. Là où Patrice se contente le plus souvent de décors assez banals (sa voiture, sa maison), Marcel parcourt les stades du monde entier pour chasser les buts en direct. Son plus gros coup ? ASM-Leverkusen en Ligue des champions, le 27 septembre 2016. Sobrement intitulée « Miracle en direct » , cette vidéo de 21 secondes a fait le tour du monde.
Mais Marcel Desailly ne se limite pas à la prestigieuse C1. Il est partout où des filets tremblent, même quand c’est en Chine, à 8 000 km de chez lui, et que c’est le FC Guangzhou qui marque. Détail important : à chaque fois, Marcel est toujours plus chaud que le plus chaud des ultras de l’équipe qui vient de marquer.
Charisme : Marcel 3-2 Patrice
Il ne peut en être autrement : le point décisif du charisme va à Marcel. Bien plus éloquent qu’Évra, incapable de douter mais capable d’auto-dérision, Desailly a la gueule de l’emploi parfaite pour incarner le boss de réseaux sociaux. Celui qui est réputé depuis toujours pour son ego surdimensionné a trouvé, avec Twitter et Instagram, le terrain de jeu idéal pour se raconter et se mettre en scène. Capable de transformer la plus insipide des phrases en punchline virale, Marcel est un fournisseur inépuisable de bons mots, qui tombent parfois à l’eau. À son tableau de chasse figurent notamment les célèbres : « Je vais faire un peu de sport là » , « Je suis un mordu de Suárez » , « Joueurs de Manchester City, fuyez, Ibra le décisif dinosaure arrive » avant le quart de finale de C1 l’an dernier, ou encore le « Where is Marcel ? » prononcé par un faux barbu plus qu’angoissant qui n’est autre que… Marcel lui-même. Des merveilles à retrouver dans ce best-of indispensable.
Par Albert Marie