- Euro 2012 – Présentation – République Tchèque
Des Tchèques en bois ?
Séduisant outsider des compétitions internationales durant une décennie, la République Tchèque est rentrée dans le rang depuis le milieu des années 2000. Qualifiée sans briller avec un petit bilan offensif, elle débarque dans cet Euro sans autre certitude que celle de posséder l’un des meilleurs gardiens du moment. Pas certain que ça suffise…
Le parcours
Qu’on se le dise, les Tchèques sont des Européens convaincus. Rarement au rendez-vous de la Coupe du monde, ils se débrouillent en revanche toujours pour être de la petite sauterie continentale tous les quatre ans. Et tant pis si, pour passer, il faut jouer moche. Car oui, oubliez la séduisante République Tchèque version 2004, qui avait flambé au Portugal avant de se faire cruellement plier en demies par la Grèce. Les Tchèques d’aujourd’hui sont un peu les Grecs d’hier. L’équipe chiante à bouger, qui va d’abord chercher à bien défendre. Deuxième d’un abordable groupe I derrière l’intouchable Espagne et devant l’Écosse, la Lituanie et le Liechtenstein, la République Tchèque affiche le pire bilan offensif de toutes les nations qualifiées, avec seulement 12 buts marqués pour 8 encaissés en huit rencontres. Dont deux face au Liechtenstein.
Chanceux comme il faut, Petr Čech et les siens sont ensuite tombés sur le Monténégro en barrages, ce qui leur a permis de passer sans trop trop se fouler (2-0, 1-0). Chance au tirage encore, ils ont hérité du « groupe de la vie » à l’Euro, avec la Pologne, la Grèce et la Russie pour adversaires. Des équipes avec un profil défensif assez similaire, autant dire que ça ne devrait pas être tellement champagne. En cas de qualif’ ensuite, ça s’annonce compliqué pour les Tchèques qui, sur les cinq dernières années, affichent un bilan largement négatif dans des confrontations directes face aux autres nations en lice lors de cet Euro : 6 défaites (Pologne deux fois, Espagne deux fois, Portugal, Croatie), 4 nuls (Danemark deux fois, Angleterre, Irlande) pour seulement 2 victoires (Pologne et Ukraine).
Le jeu
Le sélectionneur Michal Bílek, qui a remplacé Ivan Hašek en 2009, s’appuie depuis pas mal de temps déjà sur un système en 4-2-3-1. Ce n’était pas forcément l’idée de base, mais il a bien fallu s’adapter à une génération de joueurs qualitativement moins bonne et quantitativement moins nombreuse que la précédente, celle des Nedved, Šmicer, Poborskỷ, Koller, Jankulovsky… Dans les cages, Petr Čech est le gros point fort de l’équipe, on va en reparler. Derrière, Tomáš Sivok est incontournable dans l’axe, associé à Roman Hubník ou Marek Suchỷ, voire Michal Kadlec décalé. Sur les côtés, Theodor Gabre Selassie à droite a les faveurs de Bílek, qui hésite plus à gauche entre Kadlec et David Limberskỷ.
À la récupération, ils sont trois pour deux places : Jaroslav Plašil, Tomáš Hübschman et Petr Jiráček. En meneur, Tomáš Rosickỷ est bien sûr le favori, mais il arrive dans la compétition diminué – tiens donc… – par une blessure au mollet. Daniel Kolář ou le petit dernier Vladimír Darida sont présents au cas où. Milan Petržela et Jan Rezek sont en concurrence sur l’aile droite, tandis que Václav Pilař semble avoir convaincu à gauche, on va en reparler aussi. Enfin devant, l’historique Milan Baroš part logiquement titulaire, mais il a la pression des deux jeunes Tomáš, Necid et Pekhart, voire de David Lafata, meilleur buteur du championnat tchèque.
La star
Petr Čech, évidemment. Grand artisan du titre européen conquis récemment par Chelsea en terre munichoise, l’homme au casque sort d’une de ses plus belles saisons en club. Si Roberto Di Matteo a pu mettre en place un système tactique très défensif pour conquérir la première C1 de l’histoire du club, c’est qu’il savait pouvoir compter sur un gardien de grande classe. « Monsieur Parfait » , tout proche des 100 capes, est l’un des survivants du dernier coup d’éclat de la sélection tchèque en 2004, demi-finaliste de l’Euro portugais, avec Jaroslav Plašil, Tomáš Hübschman, Tomáš Rosickỷ et Milan Baroš.
L’espoir
L’ailier gauche Václav Pilař est une valeur montante du football tchèque. Le joueur de poche de 23 ans n’a que deux saisons en Gambrinus Liga dans les jambes, mais ça lui a suffi pour devenir titulaire en équipe nationale. Cette saison particulièrement, il s’est illustré avec le Viktoria Plzeň, champion 2011, qui s’est hissé en phase de poules de C1 et n’y a pas été ridicule. Le Barça n’a certes pas été inquiété par ces novices tchèques, mais Pep Guardiola a reconnu avoir apprécié les performances pleines de culot de Pilař. Très bon en un contre un à provoquer balle au pied son adversaire direct, il possède également une grosse frappe, comme en atteste son but très important marqué avec la sélection lors du barrage aller face au Monténégro. Il s’est d’ores et déjà engagé à évoluer la saison prochaine avec Wolfsburg, club de son coéquipier en sélection et ancien de Plzeň Petr Jiráček.
Par Régis Delanoë