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Des Merlus pris dans les filets
Les hooligans lyonnais ont animé Lyon - Tottenham. Les forces de l'ordre sont chargées de Lyon-Lorient le 25 février dernier. Du côté des supporters des Merlus, on se demande ce qu'on a bien fait pour mériter un tel traitement.
Lyon, dimanche 25 février 2013. Alors que l’OL mène 2 buts à 1 face à Lorient, une certaine animation dans le secteur visiteur attire l’attention du public de Gerland. Une trentaine de CRS et de membres de la SIR, la Section d’Intervention Rapide mise en place par la Division Nationale de Lutte conte le Hooliganisme, accompagnés de quelques stadiers investissent les travées réservées aux fans lorientais. Les forces de l’ordre semblent chercher une personne dans le petit groupe de supporters visiteurs. Après quelques secondes de flottement, ils finissent par interpeller quatre membres des Merlus Ultras. Trois d’entre eux sont immédiatement placés en garde à vue. Un pour « introduction, détention et usage d’engin pyrotechnique » , les deux autres pour « violence aggravée » .
Pourtant, tout avait bien commencé pour les ultras bretons. Venus à une vingtaine, ils évoquent une « ambiance bon enfant » au début du match, notamment suite à l’ouverture du score de leur équipe. « Certains s’étaient même mis torse nu, malgré la neige » , précise Sly, un des responsables du groupe. Tout change, au bout d’une heure de jeu, avec l’allumage d’un pot de chlorate, sorte de fumigène sans flamme, interdit dans les stades, comme tous les engins pyrotechniques. « Dans un premier temps, un stadier descend pour éteindre l’engin, explique Sly. Deux minutes après, c’est un deuxième qui s’avance pour faire descendre notre « capo » (le leader qui lance les chants, ndlr) du muret et l’emmener à l’écart. Comme on n’est pas nés de la dernière pluie, on s’est interposés, sans pour autant que ça parte en vrille. »
Une intervention policière vigoureuse
Pendant que les supporters lorientais tentent d’expliquer aux stadiers que le personne qu’ils tentent d’appréhender n’est pas la bonne, puisqu’elle était « debout sur le muret, les deux mains prises par un calicot » au moment de l’utilisation du chlorate, les forces de l’ordre débarquent dans le parcage. Le responsable des Merlus Ultras présente leur version des faits : « Les policiers sont rentrés en tribune de façon virulente, pour distribuer des coups de matraque télescopique à la pelle, créant encore plus la confusion, rendant le dialogue impossible alors qu’à aucun moment, un coup n’a été donné de notre côté, que ce soit sur un stadier ou un flic. Certains supporters ont été pointés avec un flashball à bout portant et à hauteur de visage alors que personne parmi nous n’a opposé de résistance physique. L’affaire Casti n’a pas dû leur servir de leçon. Ils ont ensuite procédé à différentes interpellations. »
Une vidéo filmée par des supporters lyonnais du virage sud et plusieurs témoignages recueillis auprès de ces mêmes supporters semblent accréditer la version des ultras lorientais, au moins partiellement. S’il est difficile de distinguer des coups de matraque, la vidéo montre des membres de la SIR, des CRS et des stadiers malmener les quelques fans des Merlus. Interrogée sur les motivations de ces interpellations et sur leur déroulement, la préfecture du Rhône n’a malheureusement pas souhaité répondre à nos questions.
Du côté des ultras bretons, on est choqué par cette intervention : « Pourquoi autant de policiers pour une vingtaine de personnes ? Pourquoi les stadiers ou membres des forces de l’ordre ont refusé tout dialogue alors que nous ne demandions que ça ? » . Si leurs camarades ont été relâchés le lendemain après-midi, les poursuites ne sont pas forcément abandonnées. D’autant que le FC Lorient devrait déposer une plainte contre les trois interpellés. « On pouvait penser que notre club défendrait ses supporters : on s’est bien plantés.Les trois supporteurs sont innocents dans cette affaire, c’est pour cela que la plainte nominative du FC Lorient nous paraît complètement illogique » soupire Sly…
Les ultras lyonnais au soutien
Seule bonne nouvelle pour les Merlus, les responsables du virage sud lyonnais sont entrés en contact avec eux peu après la rencontre pour leur proposer de l’aide, bien qu’aucune amitié préalable n’existe entre les deux groupes. Une attitude « normale » aux yeux de Roux, un des meneurs du groupe ultra Lyon 1950 : « Depuis la manif’ à Montpellier, on essaie d’être solidaires entre ultras. Là, on trouvait légitime de témoigner et de manifester notre soutien aux supporters lorientais. C’était une intervention complètement disproportionnée. A aucun moment, on n’a vu de la violence de la part des supporters de Lorient, ils essayaient plutôt d’éviter les coups. Si les trois supporters qui étaient en garde à vue sont sortis sans convocation au tribunal, ils ne sont pas à l’abri de recevoir une interdiction administrative de stade de la part du préfet dans les prochaines semaines. C’est pour cela qu’on leur a proposé les services de notre avocat, qui nous défend contre toutes les interdictions administratives abusives délivrées par la préfecture, dans le cadre de notre association(Association Lyonnaise de Défense des Supporteurs du Virage Sud, ndlr) » .
Des suites de Lyon-Tottenham ?
Comme le reconnaît Roux, les supporters lorientais « n’ont pas eu de chance. Ils sont arrivés trois jours après les incidents avec Tottenham, la police était sur les dents » . Ces incidents violents, qui se sont déroulés dans un quartier touristique la veille du match d’Europa League, ont en effet suscité un grand émoi dans la capitale des Gaules à tel point que l’OL a présenté ses excuses au club et aux fans des Spurs. Un hooligan lyonnais a d’ailleurs assumé ces incidents dans Le Progrès tout en niant leur dimension antisémite.
Peut-être que la situation localement tendue a influé sur le mode d’intervention des forces de l’ordre auprès des fans lorientais. Quoi qu’il en soit, il est regrettable que l’usage d’un engin pyrotechnique, certes interdit dans les stades mais n’ayant eu en l’occurrence aucune conséquence, soit traité d’une manière similaire à des violences entre supporters ou envers les forces de l’ordre.
Antoine Aubry, avec Anthony Cerveaux et Quentin Blandin