- Euro 2016
- Quarts
- Allemagne-Italie (1-1, 6 tab 5)
Des Italiens pénaltisés
18 penaltys tirés, 11 dedans, 7 dehors, dont quelques horreurs de Zaza, Müller et Pellé. L’affiche de ce quart de finale d’Euro, surtout les penaltys, a parfois offert un spectacle déroutant.
Il a eu une vingtaine de ballons à gérer, et pas que des caviars. Il a couru, beaucoup, il s’est démarqué, il s’est longtemps battu avec la doublette Hummels-Boateng, il a fait de bonnes remises, il a joué dans le bon rythme, il a gardé la balle quand il le fallait, bref il a globalement fait un bon match. Mais au moment de tirer son penalty, Graziano décide de tout foutre en l’air, de tout jeter à la poubelle, de tout brûler. La pression, certainement. Il sort de sa concentration, chambre Neuer, lui dit qu’il va tirer à gauche, qu’il va mettre une Panenka.
De son côté, le cyborg le regarde sans broncher. Il saute sur sa ligne, gesticule, ne tombe pas dans le manège italien. C’est écrit, Pellé s’est sabordé tout seul. Et ça ne manque pas, il balance une saucisse, en dehors des cages forcément. Il se prend la tête entre les mains. Oui, c’est bien ça, tu as fait n’importe quoi. C’est bête, parce que l’Italie avait l’occasion de prendre deux buts d’avance, puisqu’Özil venait de louper, et de mettre ainsi l’Allemagne sous pression. Derrière, Bonucci et Darmian manqueront aussi leur face-à-face avec Neuer. L’Italie est éliminée, alors que le visage affiché jusque-là était beau à voir. C’est tout simplement dommage.
Pellé il annonce une panenka a Neuer et il finit par faire une passe au ramasseur de balle. Gros mort. pic.twitter.com/BKXGqK9jhS
— Freezze (@Freezze) 2 juillet 2016
Alors certes, c’est toujours la loterie. Et c’est difficile, injuste de tout remettre en cause pour un penalty raté. Simplement, la manière dont ces tirs au but ont été ratés dérange. Rater un penalty, c’est normal. Mais rater un penalty en faisant le cake, c’est vraiment moche. Il y a donc Pellé, mais il y aussi cette course d’élan de Zaza, entré à la 120e uniquement pour mettre au fond son penalty, et qui se laisse lui aussi distraire ou abattre par la pression. Surtout que côté allemand, ce n’était pas beaucoup mieux. Il y avait de la place pour les hommes de Conte. Joachim Löw parle de hasard, mais aussi d’un défi mental : « Aux penaltys, vous ne pouvez rien faire. C’est pour les joueurs quelque chose de psychologique. » Et Müller, Özil et Schweinsteiger ont également perdu ce défi. Sauf qu’eux l’ont perdu sans faire de bruit.
En conférence de presse, c’est un détail qui semble également chagriner Antonio Conte : « Être battus par l’Allemagne aux tirs au but, ce n’est pas une honte. Je suis fier de ce que ces gars ont fait. Mon seul regret, ce sont ces tirs au but. » Aurait-il fallu ne pas faire tirer une seconde fois Bonucci ? Est-ce vraiment une bonne idée de faire entrer un joueur en fin de match uniquement dans ce but ? Et pourquoi ne pas faire entrer De Rossi, un homme qui a tiré et marqué un tir au but en finale de Coupe du monde du haut de ses 22 ans ?
Faut-il préciser aux joueurs que l’on doit impérativement rester concentré avant un moment aussi crucial ? Fallait-il faire tirer les joueurs de Premier League, connaissant leur amour pour cet exercice et que Darmian, Schweinsteiger, Özil et Pellé ont fini par les rater ? Autant de questions qui risquent de trotter toute la nuit dans la tête d’Antonio Conte, mais surtout dans celle de Zaza et Pellé.
Par Ugo Bocchi