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- France-Islande (4-0)
Des Bleus qui savent cuire à l’étouffée
Première de son groupe après deux succès en trois jours, l'équipe de France a parfaitement sauté dans sa campagne de qualifications à l'Euro 2020. Mieux, elle sort de sa rentrée avec une nouveauté : désormais, elle sait tuer par étouffement.
Il y a eu le show Antoine Griezmann, encore une fois présent en cuisine, au service et à la dégustation lundi soir, lors de la brillante victoire des Bleus face à l’Islande (4-0), mais il y a surtout eu cette goutte, que les joueurs français ont essuyé sur le front de leur sélectionneur. En déboulant en conférence de presse d’après-match, Didier Deschamps a soufflé un gros coup : « Ces blocs bas… » Puis, le premier entraîneur du pays n’a pas caché son soulagement. « Face à une équipe aussi prudente, regroupée, dont l’objectif principal est de ne pas offrir d’espaces, ce n’est jamais simple, a-t-il expliqué. Mais, cette fois, il faut être fier de ce que l’on a fait. On a six points et, ce soir, on a vu de la fluidité, de la cohérence, des affinités techniques, c’est positif. On a eu le ballon comme prévu, mais on l’a plutôt bien utilisé, on a fait de bons enchaînements… Les joueurs ont mis la manière. » Oui, et c’est la bonne nouvelle de mars : l’équipe de France va bien et ne se cache pas. Elle vit, elle gagne, elle marque, elle ose et, surtout, elle étouffe des adversaires qui pouvaient la frustrer par le passé. Cela avait été le cas de la Biélorussie, du Luxembourg ou de l’Australie, cela n’a pas été le cas de l’Islande, rapidement dénudée au stade de France malgré une première période qui aura surtout vu les Bleus gérer un avantage précoce.
La double conscience
La suite ? Une explosion offensive et une confirmation : cette équipe de France roule avec une double conscience. La première : comme le disait Hugo Lloris en apéritif de la réception de l’Islande, l’issue d’une telle rencontre dépend avant tout d’elle, ce qui signifie qu’elle se sait beaucoup plus forte que l’adversaire et qu’elle sait, surtout, qu’elle doit l’assumer. Lorsqu’elle avance comme lundi soir, rien ne peut lui arriver. La seconde : les Bleus ont compris qu’ils ne leur suffisaient plus d’attendre l’ouverture, mais qu’il fallait la provoquer, ce qu’ils ont parfaitement réussi face à des Islandais rapidement trop justes. Ce qu’a admis le sélectionneur islandais, Erik Hamrén : « Quand tu commences une rencontre comme on l’a commencé, en manquant d’agressivité et en perdant trop rapidement le ballon, ça devient tout de suite très difficile… » Après trente minutes de jeu, la France affichait alors plus de 80% de possession de balle, avait vu Samuel Umtiti ouvrir le score de la tête sur un centre de Mbappé, et Giroud avait poussé Hannes Halldórsson à se transformer en homme élastique. Derrière eux, Griezmann brillait entre les lignes et dans tous les registres, Paul Pogba assurait le bon déroulé des transitions grâce à sa science des ouvertures et de la gestion des espaces, N’Golo Kanté aimantait les ballons, la paire Umtiti-Varane assurait à la relance et les latéraux du soir (Pavard et Kurzawa) gérait parfaitement leur affaire. « Difficile de trouver du négatif » , selon Deschamps, qui décide jusqu’ici de maintenir un groupe stable à 99%, et compliqué de lui donner tort.
« Personne n’est là pour amuser la galerie »
Ce n’est d’ailleurs pas le thème des deux rencontres avalées en trois jours, qui auront vu les Bleus marquer huit fois et n’encaisser qu’un petit but. « On a appliqué à la lettre les attentes du coach et, sur les deux rencontres, on a pu s’appuyer sur une base défensive solide, qui respecte l’équilibre, et un potentiel offensif complet, résume Hugo Lloris. Devant, on a la capacité de créer du danger de partout, que ce soit au sol ou dans les airs, dans l’espace ou sur des actions plus posées, c’est une force rare. Et, le plus important, c’est que personne n’est là pour amuser la galerie. Tout est fait pour servir le collectif. » Et ce collectif commence à dégouliner de certitudes, d’une certaine maîtrise et tout ça alors que des circuits de passes réflexes commencent à apparaître. Un signe positif. « On commence à vraiment connaître ce système, ça aide, glisse Antoine Griezmann. Et, comme on est en confiance, on s’autorise à tenter des passes plus difficiles. L’objectif est de trouver le bon décalage, au bon moment… Et on y arrive. » Voilà les Bleus avec six points en deux matchs, une place de premier du groupe H dans les poches et un déplacement en Turquie le 8 juin prochain dans le viseur, le tout avec Olivier Giroud qui vient de dépasser David Trezeguet au classement des meilleurs buteurs de l’histoire de l’équipe de France. Giroud qui a un message pour l’avenir : « La place de Platini, ce n’est pas que j’y pense, c’est qu’en toute humilité, c’est un objectif. » Pas de goutte à l’horizon, donc.
Par Maxime Brigand et Mathieu Rollinger